Les biomatériaux
Publié le 11/10/2018
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Le terme biomatériau est initialement issu du vocabulaire médical. Il désignait les matériaux biocompatibles, c'est-à-dire tolérés par l'organisme humain.
C'est le cas des prothèses de hanche ou encore des implants mammaires. Aujourd'hui, la prise de conscience des problèmes écologiques ont donné au terme biomatériau une acception plus large.
Ils recouvrent les matériaux composés majoritairement de matières premières agricoles et dont la dégradation, la combustion ou le recyclage ne génèrent pas de produits nocifs pour l'environnement. Dans les deux cas, il s'agit de matériaux conçus pour répondre à des contraintes biologiques ou environnementales.
LES MATERIAUX D'ORIGINE BIOLOGIQUE
Actuellement les matériaux les plus utilisés dans le monde sont le plastique, le béton, le verre et l'acier. Si leurs qualités sont multiples, ce sont pour la plupart de
molécules allant d'une centaine à plusieurs millions. Ceux d'origine naturelle sont regroupés en trois familles : les polysaccharides (amidon, cellulose, chitosane, pullulane), les protéines (collagènes, gélatine, caséine...) et la lignine. Quatre sortes de polymères biodégradables sont commercialisées. Les biopolymères produits par des micro-organismes génétiquement modifiés (commercialisés sous les noms de PHA, PHV et PHBV) sont développés aux États-Unis notamment afin d'améliorer le rendement et la qualité du plastique à base d'amidon de maïs. Les biopolymères naturels sont issus de plantes (céréales et pommes de terre). Les biopolymères synthétiques (PLA) sont produits à partir de matières premières renouvelables par un procédé industriel de synthèse, la polymérisation. Enfin, il y a les polymères mixtes, issus de biopolymères et de polymères d'origine pétrochimique.
Pour tous ces produits, de nombreuses applications ont vu le jour, notamment l'emballage, pour l'agriculture.
Les agromatériaux
Les agromatériaux rassemblent les biomatériaux formés de mélanges de fibre végétales naturelles et de polymères (amidon, cellulose ou d'origine synthétique), ainsi que le bois matériau comme élément de construction pour l'habit ou l'industrie. Parmi les matières premières, on retrouve : le bois, le chanvre, le lin, le jute, le liège, le jonc de chine, le sisal, la cellulose, l'herbe, valorisés sous forme d'éléments de construction, de revêtements de sol, palettes de transport, pièces de voiture, textiles ou matériaux d'isolation.
«
de
recyclage et de main d'œuvre que
l'utilisation de ce dernier entraîne font
qu'aujourd'hui, ces biomatériaux
commencent à être compétitifs.
L'EMBALLAGE MÉNAGER le secteur de
l'emballage et du
condition
nement s'est
rapidement
intéressé aux
biomatériaux qui
présentent une
grande perméabilité et
une bonne résistance.
On trouve déjà
des barquettes rigides, des pots de
yaourts, des films et filets pour les fruits
et légumes, sandwichs, sucreries, pains
et pâtisseries ...
Des films transparents
sont aussi proposés pour l'emballage
non alimentaire.
Dans la restauration,
les biomatériaux vont pouvoir être
produits pour la fabrication d'assiettes
et couverts de pique-nique et de
restauration rapide.
les biopolymères sont aussi utilisés
comme produits de calage, pour le
transport de produits fragiles ou
encombrants, notamment en
Allemagne, aux États-Unis et en France.
Ils prennent alors la forme de chips à
base d'amidon.
Un produit repris pour
être commercialisé sous forme de jeu :
les chips colorées servent d'unité de
construction.
DES FREINS AU DÉVELOPPEMENT
Pour atteindre les perspectives de
développement espérées, les
spécialistes vont devoir lever plusieurs
verrous.
Premier obstacle : le coût de
production.
Pour une même utilisation,
un matériau biodégradable est toujours
de 1 à 10 fois plus cher qu'un plastique
d'origine pétrochimique.
D'autre part,
certains biomatériaux ne sont pas
toujours convaincants : les
performances techniques sont encore
insuffisantes en comparaison avec les
produits déjà existants, pour certains
emballages ménagers par exemple.
le compte à rebours du départ de la
biodégradtlfion du matériau n'est pas
toujours maîtrisé.
Prenons un pot de
yaourt en biopolymère.
Tout fonctionne
bien quand le pot se dégrade dans la
poubelle.
Mais, s'il commence à se
décomposer avant même d'être arrivé
dans un magasin, c'est la catastrophe.
Ce problème s'est posé en Allemagne
pour un fabricant qui a alors décidé
d'arrêter l'expérience.
Selon les
procédés de fabrication, il est
aujourd'hui possible de régler grossièrement
le début de la
dégradation, de quelques jours à
quelques mois après fabrication.
là encore, la recherche doit affiner les
procédés.
Autre frein : du côté des
gouvernements, la législation n'est pas
incitative.
Une prise de position franche
visant à promouvoir ou à imposer
l'utilisation de certains biomatériaux
permettrait de lancer le marché.
DES PERSPECTIVES ENCOURAGEANnS
Depuis 2002, l'Intérêt porté aux
biomatériaux est perceptible.
les
campagnes de sensibilisation à la
protection de l'environnement portent
leurs fruits et la demande du public
pour des matériaux « écologiques»
est de plus en plus forte.
Du côté des
industriels, les nombreux brevets
déposés sont signe de l'ampleur du
mouvement.
les biomatériaux
disposent de larges marchés puisqu'ils
sont attendus dans le secteur
automobile et aérospatial pour
remplacer la fibre de verre dans les
plastiques composites.
Si la production de matériaux
biodégradables était de 450 tonnes en
1990, les spécialistes prévoient une
production de 5 millions de tonnes par
an à l'horizon 2020.
Avec une
croissance annuelle d'environ 60 %, les
biomatériaux représentent un marché
particulièrement prometteur et un
enjeu environnemental majeur.
LES AUTRES BIOPRODUITS
les biomatériaux font partie de la
famille des bioproduits.
Première filière,
les biocarburants sont en train
d'émerger dans le monde entier.
le
diester et l'éthanol sont fabriqués à
base de colza, tournesol, betterave ...
Pour le moment ils ne remplacent pas
l'essence et le gazole mais y sont
incorporés en petite quantité.
Deux
directives européennes devraient
pourtant faire changer les choses :
le pourcentage de biocarburant
incorporé devra atteindre 2 % en
2005 puis 5,75 % en 2010.
Pour la production d'énergie,les
biocombustibles comme le bois et les
combustibles d'origine fossile (charbon,
gaz naturel.
..
).
les industries
chimiques, pharmaceutiques et cosmétiques
se tournent aujourd'hui
vers les biomolécules pour fabriquer
leurs produits.
Ces molécules
synthétisées à partir de matières
premières végétales sont utilisées pour
le développement de lubrifiants,
graisses et huiles ; de tensioactifs
(molécules au pouvoir émulsionnant
adoucissant, mouillant ou détergent) et
de solvants.
Dans le milieu médical, les
biomatériaux sont définis comme des
matériaux non vivants, conçus pour
interagir avec un système biologique
(un organe, des cellules du corps
humain), comme implants permanents
(prothèse) ou lors d'un contact
temporaire (outils médicaux, fil de
suture ...
)
Du gel au métal, d'origine synthétique
ou naturelle, plusieurs sortes de
matériaux peuvent convenir.
Une condition doit être remplie : la
biocompatibilité.
C'est-à-dire avoir des
caractéristiques physico-chimiques les
plus proches possibles des propriétés
du milieu vivant dans lequel le
biomatériau va s'insérer.
le matériau
ne doit pas provoquer de réaction
cancérigène ou de rejet, et ne doit pas
être toxique.
les biomatériaux ne se
définissent donc pas par une nature
particulière mais par l'usage auquel on
les destine.
Parmi les biomatériaux les plus utilisés,
on trouve : des métaux et alliages
métalliques, des céramiques, des
plastiques, des matériaux composites,
le collagène, la cellulose ...
Ils interviennent dans la plupart des
secteurs de la chirurgie réparatrice.
avec les implants mammaires en
notamment
le sang -,
requièrent des récipients qui ne les
contamineront pas.
les biomatériaux
sont donc partout REMPLACER
LES OS ET LES DENTS
les tissus osseux et dentaires possèdent
des caractéristiques semblables.
On
retrouve donc les même biomatériaux
en chirurgie réparatrice orthopédique
et odontologique.
les premières dents artificielles
connues ont été découvertes sur des
crânes mayas.
Elles étaient en nacre.
Aujourd'hui, ce sont les céramiques
renforcées avec des fibres de verre qui
se sont imposées comme matériau
répondant au mieux aux contraintes
spécifiques des prothèses dentaires :
le contact direct et prolongé avec la
mâchoire, susceptible d'engendrer
des phénomènes de rejet.
les prothèses osseuses répondent elles
aussi à des contraintes physiques très
fortes.
Une prothèse de hanche, par
exemple, doit être capable de supporter
le poids du corps sans se déformer et
sans s'user.
À l'origine en alliage à base
d'or, de platine ou de mercure, puis en
acier inoxydable, leur composition a
évolué.
les métaux subissent une
corrosion importante au contact du
milieu vivant.
les alliages de titane ont
donc pris le pas sur les autres métaux
et sont toujours utilisés.
Classiquement, une prothèse de
hanche est aujourd'hui constituée
d'une bille en alliage de cobalt et de
chrome, supportée par un tronc en
titane fixé directement dans le fémur.
Cette bille s'articule au niveau de la
hanche dans une cavité en
polyéthylène.
Pour sceller la prothèse
dans la hanche, un « ciment» est
nécessaire.
Il est de préférence en
céramique puisque les polymères sont
déformables et s'usent rapidement.
lENnLLES ET IMPLANTS OCULAIRES
Pour que les lentilles de contact
n'irritent pas l'œil, il a été nécessaire de
fabriquer un biomatériau adapté.
Les
premiers essais remontent à 1949, avec
des modèles en polyméthacrylate de
méth yle , pour corriger la myopie.
Mal tolérées, elles sont désormais
remplacées par des lentilles
hydrophiles (elles contiennent jusqu'à
70 % d'eau).
leur perméabilité à
l'oxygène et au C02 permet une bonne
respiration de la cornée.
Leur principal
défaut est qu'elles doivent être souvent
nettoyées et stérilisées.
la recherche
travaille donc à fabriquer de nouveaux
biomatériaux, permettant un port
permanent.
Côté chirurgie, les implants oculaires se
sont largement répandus depuis une
quinzaine d'années.
la technique et les
biomatériaux développés sont bien au
point, notamment pour le traitement de
la cataracte.
UN
PEU D'HISTOIRE
C'est sur des momies égyptiennes
datant de l'Antiquité qu'ont été
retrouvées les premières traces
d'implantation de matériaux dans le
corps humain à des fins thérapeutiques.
Des pierres taillées et des pièces
métalliques servaient alors à obstruer
le crâne après trépanation.
Ensuite, il faut attendre le début du
XVIII' siècle pour que les chirurgiens
aient recours aux boyaux d'animaux
(catgut), pour suturer les plaies après
opératio n chirurgicale.
Dès la Seconde Guerre mondiale, la
fabrication et l'usage des biomatériaux
s'est démocratisée avec les clous et
plasma sanguin.
les années 50 ont
vu l'avènement des prothèses de
la hanche et des stimulateurs
cardiaques implantés.
CHIRURGIE VASCULAIRE
les biomatériaux interviennent
égaleme nt dans la chirurgie vasculaire,
et plus spécifiquement dans
l'élaboration de vaisseaux sanguins
synthétiques.
On fabrique ainsi des
prothèses tubulaires pour le traitement
des ané
vrismes et
des throm
boses.
Les
matériaux
utilisés doivent
être particu
lièrement
flexibles et
assurer un
diamètre constant
en Ioule circonstance afin que
le sang puisse continuer de circuler
normalement.
Pour ce faire, on utilise
le Dacron, un polyester bien connu
de l'industrie textile, ou encore le
polytétrafluoroéthylène expansé.
Cependant bien que ces matériaux
répondent à la contrainte de flexibilité,
il subsiste toujours des problèmes
de formation de caillots dans ces
vaisseaux, problèmes liés à la nature
des parois.
DES MATÉRIAUX BIOACTIFS
Après implantation dans l'organisme,
le matériau reste un élément étranger.
Actuellement, on recherche le moyen
pour l'inté grer progressivement aux
tissus et le faire interagir positivement
avec le milieu vivant qui l'entoure.
Il est possible, par exemple, de traiter
la surface avec une couche à base de
protéines pour maintenir la cohérence
entre tissus et prothèse.
la nouvelle génération de biomatériaux
comprendra des matériaux bioactifs
capables de recevoir et d'interpréter
des messages (biochimiques par
exemple) émis par l'organisme du
patient.
Ce serait un pas vers
l'élaboration d'organes artificiels..
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