La respiration, SVT
Publié le 09/01/2019
Extrait du document
Quand on pense à la respiration, on l'associe à sa manifestation la plus sensible, le gonflement des poumons et l'alimentation du corps en air frais. Pourtant, la respiration est avant tout un phénomène microscopique et elle concerne toutes les cellules du corps. En effet, elle y joue un rôle fondamental dans la production énergétique, qui permet par exemple à la cellule musculaire de se contracter, au globule blanc d'absorber un microbe, à un spermatozoïde de se déplacer vers un ovule et, plus généralement, à chaque cellule d'assurer toutes ses fonctions normales d'entretien.
UN PROCESSUS DE PRODUCTION ÉNERGÉTIQUE
Toutes les cellules tirent leur énergie des nutriments (protides, lipides mais surtout les sucres) qu'elles puisent dans leur milieu extérieur et qu'elles dégradent par des chaînes de réactions chimiques. Ainsi, elles produisent un carburant plus utilisable, l'adénosine triphosphate ou ATP. L'avantage de l'ATP est qu’elle peut circuler dans toute la cellule et constitue une réserve d'énergie en attendant de se faire recruter au bon endroit et au bon moment, lors d'un processus métabolique donné. L'ATP participe alors à la réaction chimique en perdant un de ses trois phosphates. Cette scission a pour effet de libérer une quantité importante d'énergie, rendant possible la réaction en question. Mais pour dégrader les nutriments et produire de l’énergie,
La production d'énergie
Par photosynthèse Par respiration
Soleil
minéraux
tous les êtres vivants ne sont pas égaux. En effet, le monde vivant se divise entre les procaryotes, essentiellement des bactéries, et les eucaryotes, plus complexes, dont les cellules possèdent beaucoup d'organites supplémentaires et un noyau qui renferme leur ADN. De plus, les eucaryotes sont le siège de multiples processus chimiques inconnus des procaryotes, comme la respiration. La respiration est une réaction d'oxydation qui décompose progressivement un nutriment en molécules plus simples, comme l'eau ou le dioxyde de carbone (COJ. Cette chaîne de réactions est comparable à un feu où l'oxygène oxyde les molécules du bois pour produire de la chaleur. Mais cette réaction, incontrôlée dans le cas d'un feu, serait inutilisable par la cellule, qui n'a pas besoin de chaleur, énergie à l'état brut, mais d'une énergie utilisable à la carte, de l'ATP. C’est pourquoi, quand la cellule dégrade une molécule de glucose, le plus simple des sucres, elle le fait en plusieurs étapes, dont les dégagements énergétiques successifs lui permettent de synthétiser une par une 3 molécules d'ATP. Pour respirer, toutes les cellules eucaryotes, végétales ou animales, recourent à leurs mitochondries Ce sont des
organites cellulaires dos, aux enzymes spécialisées dans l'accélération des réactions d'oxydation. De façon assez surprenante, les mitochondries sont en fait les vestiges d'une relation de symbiose entre deux procaryotes : le plus gros, dépourvu de capacités de respiration, en a absorbé un plus petit capable de réactions chimiques, qui, par le jeu de l'évolution, ont
ORIGINES DE LA RESPIRATION
La respiration n'a pas toujours existé. Lorsque la vie apparaît il y a 3,8 milliards d'années, il s'agit uniquement de procaryotes : ceux-ci ne développent pas la respiration car l'atmosphère ne contient pas encore d'oxygène, trop rare et réactif pour s'y accumuler. Les procaryotes puisent alors leur énergie selon divers moyens, dont un toujours très répandu, la fermentation. La fermentation est une dégradation incomplète des nutriments (le glucose est transformé en éthanol dans le vin par exemple). Elle est donc moins efficace pour produire de l'ATP, mais a l'avantage de se passer d'oxygène. Il y a 2,7 milliards d'années, ces bactéries primitives ont évolué et un de leurs
embranchements, constitué par les cyanobactéries, a acquis des
Le cas des vertébrés
Un phénomène différent de celui que les mollusques ont subi a permis aux vertébrés de franchir la même étape. Les hasards de la génétique ont fait que l'estomac des vertébrés, alors des poissons primitifs, avait tendance à se creuser d'une poche supplémentaire, au début sans fonction. Ainsi s’est progressivement constitué un organe à part entière, en parallèle de l'estomac, et n'ayant pas de fonction véritable. Comme cette nouveauté a accompagné d'autres bouleversements, tels que le développement des nageoires de certaines espèces en pseudo-membres, l'arbre de l'évolution a brusquement fourché. D'un côté sont apparus les poissons modernes, chez qui la poche supplémentaire est devenue la vessie natatoire, un organe qui régule la flottabilité du poisson en se remplissant plus ou moins d'eau. Et de l'autre côté, sont apparus les premiers amphibiens, qui pouvaient se déplacer sur terre grâce à leurs pattes et dont la poche
«
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mer circule aisément sur leurs faces
externes et se trouve toujours
très près de chacune des cellules
corporelles.
!:oxygène dissous dans
l'eau possède alors un accès direct
à tout leur organisme.
Ce type
d'approvisionnement en oxygène,
plutôt fruste, est adapté à des animaux
simples, mais devient très limitant
sur des êtres plus complexes.
Ces
derniers doivent donc développer de
nouvelles solutions et notamment
spécialiser certaines de leurs cellules
dans l'échange gazeux.
LES INSECTES
Les insectes ont développé des organes
qui rappellent un peu le système
des plantes.
Leur abdomen est percé
de multiples splrncles, de petits
orifices latéraux destinés au passage
des gaz.
A partir des spiracles, s'étend
un réseau de tubes de plus en plus fins,
les trachées, qui se ramifient dans
tout le corps de l'animal.
Les trachées
peuvent être si fines que dans les tissus
les plus actifs, comme ceux liés au vol,
aucune mitochondrie ne se trouve
à plus de quelques microns d'un
capillaire aérien : c'est une vraie
performance quand on pense
qu'une cellule moyenne a une taille
d'environ 10 microns!
US vtiiTÉBRtS
Ce sont les vertébrés qui ont développé
la solution la plus complexe : ils
sont dotés d'un organe à part entière,
spécialisé dans la captation de
l'oxygène du milieu ambiant et couplé
à un système de circulation sanguine
pour acheminer cet oxygène dans
les cellules.
Il y a donc deux diffusions
successives, l'une du milieu vers les
globules rouges du sang, l'autre des
globules rouges vers les cellules des
organes irrigués.
Si le sang ne contenait
pas de globules rouges, il serait
très peu efficace pour le transport
gazeux, car les gaz ne diffusent que
très faiblement dans les liquides.
Mais
les globules rouges contiennent
de l'hémoglobine, un assemblage
protéique renfermant quatre atomes
de fer, avec lesquels l'oxygène a
une grande affinité.
Une molécule
d'hémoglobine peut donc fixer jusqu'à
quatre molécules d'oxygène et les
entraîner ainsi dans la circulation
sanguine.
Dès que l'oxygène se fait
rare aux alentours du vaisseau sanguin,
les molécules d'oxygène capturées
dans les globules s'en échappent en
se désolidarisant de l'hémoglobine.
Afin de recharger les globules rouges
en oxygène, les organes d'échanges
gazeux doivent être des structures qui
maximisent la surface de contact entre
l'extérieur et le réseau sanguin.
Les branchies,
dans le cas des poissons,
ou les poumons, dans celui des
mammifères et des oiseaux, sont
le résultat d'une pression évolutive
qui tendait à rendre la plus efficace
possible la diffusion entre le milieu
ambiant et la circulation sanguine.
Ainsi, les brnnchies des poissons sont
une succession de feuillets très minces,
eux-mêmes divisés en fines lamelles,
qui forment une sorte de filtre.
Dans
chacune de ces petites lamelles passe
un capillaire sanguin, ce qui donne aux
branchies leur couleur rougeoyante.
Cette division extrême fait que les
branchies présentent, par rapport au
volume occupé, une surface d'échange
considérable pour le courant d'eau
qui entre par la bouche du poisson et
ressort par ses ouïes.
De plus, les
capillaires sanguins sont orientés de
manière à ce que le sang se déplace en
sens contraire du courant d'eau.
Cette
dernière astuce adaptative optimise le
transfert d'oxygène au point que l'eau
rejetée n'en contient quasiment plus.
Les mammifères, eux, ont développé un
système pulmonnire assimilable à
des sacs qui se gonflent pour aspirer de
l'air frais et se dégonflent pour rejeter
l'air usagé.
La trachée artère, qui part
du fond de la gorge, se subdivise en
de très nombreux embranchements qui
eux-mêmes se terminent par de petits
saccules en forme de grappe de raisin,
les alvéoles pulmonaires.
Leur paroi
est parcourue de capillaires sanguins
qui, se trouvant ainsi au plus près de
l'air frais, peuvent rejeter leur dioxyde
de carbone et réabsorber de l'oxygène.
Mais ce mode d'approvisionnement en
oxygène est assez inefficace.
Malgré
la très grande surface alvéolaire, le fait
d'inspirer et d'expirer réduit le temps
pendant lequel de l'air suffisamment
oxygéné est en contact avec les
alvéoles.
En plus, l'air que l'on rejette
contient encore un grand pourcentage
d'oxygène.
En effet, comme il n'y a pas
de phénomène de circulation du milieu
oxygéné, comme pour les poissons,
la concentration maximale d'oxygène
dans les capillaires ne peut pas être
supérieure à celle de l'air resté dans
les poumons.
Enfin, lorsque l'on
respire, l'amplitude du mouvement
du diaphragme, le muscle qui gonfle
et affaisse la cage thoracique, reste
relativement faible.
Seule une faible
partie du volume d'air inspiré est
éliminée pour être remplacée par
de l'air frais.
Notre physiologie étant
habituée à cette alimentation sous
optimale, elle peut donc être facilement
amplifiée par une simple modification
de l'amplitude de la respiration en
cas d'effort par exemple.
Enfin, les oiseaux, bien que dotés de poumons,
ont un système beaucoup
plus performant que celui des
mammifères.
Les leurs ne forment
pas un sac mais une sorte de filtre
spongieux qui se trouve en
communication avec plusieurs sacs à
air cloisonnés.
Ainsi, ce système
complexe permet à l'oiseau, sur deux
inspirations/expirations et en
remplissant et vidant successivement
ses différents sacs à air, de faire courir
un flux continu d'air dans tout son
système respiratoire.
En faisant une
boucle complète par tous les sacs à air,
l'air inspiré passe en milieu de cycle
par les poumons qui en captent alors
tout l'oxygène.
En effeL comme les
poumons des oiseaux ont une arrivée
d'air différente de la sortie,
contrairement aux mammifères, l'air
entrant peut perdre progressivement
tout son oxygène au passage.
!:efficacité de ce procédé est issue de
la pression sélective : elle est vitale à
l'oiseau étant donné sa consommation
énergétique liée au vol et la raréfaction
de l'air en altitude Ousqu'à deux fois
moins d'oxygène).
LA RESPIRATION DANS
l'ÉVOLUTION DES ESPÈCES
LA SORTIE DES EAUX
Lors de l'évolution des espèces, la
vie qui est née dans les eaux s'est
progressivement complexifiée.
Des
premiers procaryotes sont issus les
eucaryotes, d'abord unicellulaires puis
pluricellulaires.
Les animaux se sont
différenciés des plantes et les premiers
poissons sont apparus.
A chaque fois,
ces animaux perfectionnaient leurs
caractéristiques et de ce fait la
respiration représentait un enjeu
de taille pour être apte à coloniser de
nouveaux milieux oû les ressources en
oxygène pouvaient changer de forme
ou être moins accessibles.
!:étape
marquante de ce point de vue, est la
sortie des eaux et l'installation sur terre,
puisque des systèmes capables de
capter l'oxygène dans l'eau, il fallait
passer à des systèmes capables de
l'extraire de l'air.
LE CAS DES MOUUSQUES
La majorité des mollusques,
aujourd'hui encore, sont aquatiques
et respirent par l'intermédiaire de
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branchies.
Contrairement
aux poissons,
ces branchies
sont la plupart
du temps
externes : elles
s'étendent en
de grondes
rnmfflctdions
filiformes et flottent dans un grand
volume d'eau.
Mais certains
gastéropodes, la famille des limaces
et de très nombreux escargots marins
et terrestres, ont développé un autre
système pour pouvoir vivre à l'air libre.
En effeL pour coloniser la terre, les
escargots ne pouvaient plus utiliser le
système originel de branchies car elles
ont besoin de baigner dans un liquide
pour se déployer convenablement et
remplir leur fonction.
Ainsi, lors de
l'évolution, les branchies des escargots
et limaces se sont progressivement
atrophiées et ont laissé place à un conduit
qui se termine en une poche
intérieure : c'est elle qui leur sert de
pseudo-poumon.
LE CAS DES VERTtiRtS
Un phénomène différent de celui que
les mollusques ont subi a permis aux
vertébrés de franchir la même étape.
Les hasards de la génétique ont fait que
l'estomac des vertébrés, alors des
poissons primitifs, avait tendance à se
creuser d'une poche supplémentaire,
au début sans fonction.
Ainsi s'est
progressivement constitué un organe à
part entière, en parallèle de l'estomac,
et n'ayant pas de fonction véritable.
Comme cette nouveauté a accompagné
d'autres bouleversements, tels que le
développement des nageoires de
certaines espèces en pseudo-membres,
l'arbre de l'évolution a brusquement
fourché.
D'un côté sont apparus les
poissons modernes, chez qui la poche
supplémentaire est devenue la vessie
natatoire, un organe qui régule la
flottabilité du poisson en se remplissant
plus ou moins d'eau.
Et de l'autre côté,
sont apparus les premiers amphibiens,
qui pouvaient se déplacer sur terre
grâce à leurs pattes et dont la poche
supplémentaire, en se plissant et en
se couvrant de capillaires sanguins, a
formé les premiers poumons.
A partir
de là, certaines formes animales se sont
très bien conservées et les grenouilles,
les salamandres et les tritons sont
là pour témoigner que les adaptations
permettant de basculer du milieu
aquatique au milieu terrestre sont
efficaces dans nombre d'écosystèmes.
D'ailleurs, leur développement,
de l'œuf à l'adulte, retrace le film de
l'histoire.
En effet, les amphibiens
naissent dans l'eau, s'y développent
sous leur forme embryonnaire,
pendant laquelle ils respirent avec des
branchies puis, quand leurs poumons
se sont développés, quittent l'eau pour
les berges.
Le cas de la néoténie, c'est
à-dire la conservation des caractères
larvaires à l'état adulte, constitue une
exception à ce scénario : l'oxoloU (une
espèce de salamandre) conserve ses
branchies externes à l'état adulte.
LE CAS PARTICULIER DES BAUINES
!:exemple des baleines illustre le
phénomène inverse des débuts de
l'évolution :ce sont des mammifères,
originellement adaptés à la vie
terrestre qui se sont progressivement
transformés pour s'adapter à la vie
marine.
Cependant, elles ont conservé
leurs poumons et doivent donc
respirer à l'nir libre, c'est pourquoi
elles remontent
périodiquement
à la surface
avant de
replonger
en profondeur.
Mais ces aller
retours sont
handicapants,
en termes
d'efficacité dans la recherche de
nourriture ou de vulnérabilité vis-à-vis de
prédateurs.
C'est notamment
lors de leur remontée en surface que
les baleiniers les harponnent et que
d'autres prédateurs peuvent les
attaquer.
Les baleines ont donc adapté
le système respiratoi re des mammifères
pour augmenter leur capacité d'apnée
et la vitesse de reprise d'air.
Quand
elles soufflent le contenu de leurs
poumons, elles le font avec une telle
pression qu'il ne leur faut qu'une à
deux secondes pour évacuer une
moyenne de deux m ille litres d'air !
C'est en se condensant dans l'air froid
sous l'effet de la chute de pression, que
leur expiration chargée de vapeur d'eau
prend la forme d'un haut panache qui
retombe en jet d'eau.
Pour augmenter
leur aptitude à l'apnée, les baleines
n'ont pas vu leurs poumons augmenter
de volume en prop01tion du reste de
leurs corps.
Bien au contraire ! Si l'on
ramenait leur taille à l'échelle, elles
auraient une capacité pulmonaire en
fait bien inférieure à celle de l'homme
par exemple.
En effet, comparés aux
trente trois mètres du grand rorqual
bleu, le plus gros mammifère vivanL
ses poumons sont très petits.
Chacun
d'eux rentrerait dans une boîte cubique
d'un peu plus d'un mètre de côté
seulement ! Cette petite taille s'explique
par les pressions terribles que leur
organisme doit supporter lors de leurs
plongées en grande profondeur.
Le
rorqual descend jusqu'à- 350 mètres
et des cnchnlots ont battu des records
à plus de 900 mètres ! Or tous les
100 mètres sous l'eau, l'organisme
doit supporter une pression égale à dix
fois la pression atmosphérique et, en
premier lieu, la cage thoracique ne
doit pas s'effondrer sur elle-même.
En
emportant un faible volume d'air, les
baleines se mettent donc à l'abri
du danger d'étouffement.
Mais alors
comment peuvent-elles tenir quarante
minutes.
ou même jusqu'à plus d'une
heure pour les cacha lots, sans respirer?
C'est qu'en fait, les réserves d'air ne
sont pas contenues uniquement dans
les poumons.
Chez l'homme, les
poumons ne contiennent que 34%
des réserves d'oxygène, 41 %étant
fixées par l'hémoglobine des globules
rouges, 13 %stockées dans les muscles
et les 12% restants dans les autres
tissus.
Chez les gros cétacés, la réserve
pulmonaire n'est que de 9 %, mais,
par contre, elle est de 41 % dans les
muscles, en plus des 41 %du sang et
des 9 % dans les autres tissus.
Les
muscles peuvent stocker de l'oxygène
car ils contiennent de la myoglobine.
La myoglobine est un analogue de
l'hémoglobine : elle peut aussi fixer
l'oxygène et donne ainsi sa couleur
rouge vif au jus de viande.
Les muscles
des cétacés contiennent un très gros
pourcentage de myoglobine, afin de
retenir l'oxygène là oû il est le plus
nécessaire, et possèdent une
physiologie qui les rend très tolérants
à la raréfaction en oxygène.
Ces différentes caractéristiques
physiologiques font des cétacés les
champions de plongée toute catégorie..
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