la chronobiologie
Publié le 10/01/2019
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LE RYTHME CHEZ LES ETRES VIVANTS
Tous les êtres vivants, qu'ils soient végétaux, animaux ou unicellulaires, sont le siège de phénomènes rythmiques qui se reproduisent à intervalles très réguliers. Ces phénomènes peuvent être de nature biologique ou comportementale, survenir très fréquemment ou, au contraire, très rarement. Ils sont étudiés par une discipline des sciences de la vie relativement jeune : la chronobiologie qui s'intéresse aux rapports qu'entretiennent les manifestations du vivant avec le temps.
DÉCOUVERTE DES RYTHMES
La chronobiologie n'a acquis ses lettres de noblesse, celles qui lui ont donné son nom en tant que discipline des sciences de la vie à part entière, que très tardivement au cours du xviiie siècle. Pourtant, l'histoire n'a pas manqué d'observateurs éclairés tels que les médecins qui ont souligné l'existence de phénomènes rythmiques chez les êtres vivants. • Hippocrate, le célèbre médecin grec (-460 av. J.-C., -370 av. J.-C.), avait observé
que l'apparition des maladies était associée à celle des saisons.
Pline l'Ancien (23 ap. J.-C., 79 ap. J.-C.), de son côté,
avait remarqué la rythmicité des périodes de reproduction chez les animaux. La notion de rythme biologique est donc née durant la période antique, mais pendant longtemps elle demeurera le fait de simples observations ponctuelles sans aucune validation
expérimentale.
• En 1729, J.-J. d'Ortous de Mairan décrit les mouvements d'orientation
adulte au cours de la journée. Ce dernier suit spontanément un rythme assez régulier et Lavoisier en
déduit qu'une perturbation de ce rythme est un signe révélateur de maladie.
• En 1845, J. Davy découvre le rythme thermique journalier en étudiant sa propre température corporelle. Celui-là dure 24 heures et est sujet à des fluctuations saisonnières.
• En 1815, J.-J. Virey propose une thèse qui fera date dans l'histoire de la chronobiologie : il soutient l'existence d'une horloge interne
pour expliquer la régularité des rythmes biologiques. Pour cela, il se base sur les résultats de ses travaux en chrono-
pharmacologie démontrant que les
médicaments n'ont pas les mêmes
effets selon le moment de la journée
où ils sont administrés.
• Il faudra ensuite attendre la fin de
la Seconde Guerre mondiale pour que ces travaux visionnaires soient repris et que la chronobiologie prenne véritablement son essor.
A. Jôres, W. Menzel, K. Môllerstrôm, A. Reinberg, E. Bünning, F. Halberg et J. Aschoff comptent parmi les chercheurs qui ont développé cette nouvelle discipline et élaboré ses principaux concepts.
LES RYTHMES BIOLOGIQUES
Définition
Un rythme est un phénomène qui se reproduit avec une grande régularité dans le temps. Chez les êtres vivants, ces rythmes, que l'on appelle également biorythmes, se retrouvent dans leur physiologie (contraction du muscle cardiaque,
sécrétion d'hormones, etc.) et dans leur comportement (cycle veille/sommeil, période de reproduction, migrations, etc.).
«
minimale
au milieu de la nuit (ce
rythme se superpose au rythme court)
tandis que celle de mélatonine
(hormone sécrétée par une glande du
cerveau et qui le renseigne sur la durée
de l'éclairemenVobscurité sur une
période) est maximale en fin de nuit.
• Chez la femme, le cycle ovarien
se déroule normalement sur 28 jours
(mais cette régularité n'est pas toujours
respectée car de nombreux facteurs,
physiologiques ou exogènes, peuvent
influencer le déroulement du cycle).
• Quelques rythmes annuels sont
également observables chez l'homme.
De nombreuses sécrétions hormonales
suivent un tel cycle.
la sécrétion
d'hormone folliculo-stimulante (FSH)
est à son maximum en février tandis
que celle de l'hormone lutéïnisante
{lH) l'est en mars.
la température
corporelle est au maximum en hiver
et au plus bas au printemps.
la production d'immunoglobulines
lgG (anticorps) est à son maximum
au mois de septembre.
• la mortalité elle-même semble
suivre un cycle circannuel : les décès
à cause du cancer sont plus nombreux
en décembre alors que les suicides
sont plus fréquents vers la fin du mois
de juin.
MANIFESTATIONS CYCLIQUES
CHEZ l'ANIMAL
le cycle d'activité chez de nombreux
animaux suit un rythme circadien.
Selon les espèces, cette activité est plus
importante au cours de la journée
(animal diurne) ou au cours de la nuit
(animal nocturne).
• Chez la petite drosophile, la
mouche du vinaigre ou mouche
des fruits, la synthèse de certains
ARNs messagers (type d'acide
ribonucléique indispensable à la
fabrication des protéines à partir de
l'ADN) suit un rythme circadien.
• Plusieurs espèces de crabes vivant sur
le littoral (crobe vert par exemple)
montrent un cycle d'activité lié au
phénomène des marées.
Ce cycle a une
période de 12.4 heures et correspond
soit à la montée des eaux soit à la
baisse des eaux.
• Des rythmes annuels sont également
très souvent observés.
Dans les régions
tempérées, une phase de vie ralentie
(hibemotion ou hivernation) pendant les
périodes froides succède à une
phase de vie active pendant les
périodes chaudes.
Chez de nombreuses •
espèces d'oi
seaux, des
migrotions
sont déclen
chées deux
fois par an.
la période de
reproduction
apparaît tous
les ans à la
même époque.
• Certains rythmes, plus complexes, se
déroulent sur plusieurs années
(rythmes pluriannuels).
la variation
du nombre d'individus dans une
population animale peut suivre ce
genre de rythme, en particulier dans
le cadre d'une relation proie/prédateur.
les fluctuations concomitantes de
populations de lynx et de lièvres
illustrent ce
type de
rythme dont
la période est
d'une dizaine
d'années.
l'explication du
phénomène
est simple : les
lynx mangent
les lièvres
accroissant ainsi leur population.
les lièvres devenant plus rares, la
population de lynx régresse faute de
gibier.
De ce fait, la population de lièvre
augmente et le cycle recommence.
MANIFESTATIONS CYCLIQUES
CHEZ LES VÉCÉTAUX
Au niveau cellulaire, on observe
une alternance de contraction et de
relâchement des vacuoles (petites
structures qui contiennent les réserves
en eau de la plante) dont la période
est voisine d'une dizaine de secondes.
• Une grande variété de phénomènes
circadiens peut être observée chez les
plantes : l'ouverture et la fermeture
des fleurs (phénomène sur lequel
reposent les horloges florales),
l'ouverture et la fermeture des
croissance et le mouvement des tiges.
la position des feuilles (les feuilles de
trèfle, par exemple, se replient sur elles
mêmes pendant la nuit).
Au niveau
biochimique, l'algue verte Acetabularia mediterranea
montre un optimum
d'activité photosynthétique l'après-midi,
vers 15h00, et un minimum la nuit,
vers 3hOO.
• la floraison est certainement le
rythme annuelle plus visible chez
les végétaux.
Elle survient à des
dates différentes selon les espèces
et selon les variétés.
Dans quelques
cas, l'apparition des fleurs peut aussi
correspondre à un cycle de plusieurs
années.
le cas le plus extrême est
sans doute celui du b11mbou dont
certaines espèces ne fleurissent que
tous les 10, 20 ou 100 ans ! Parmi
les autres phénomènes annuels, il faut
citer la croissance des bourgeons
au printemps ou la chute des feuilles
en automne chez les arbres à feuilles
caduques.
l'algue brune Didyota
dichotoma montre un double rythme
en ce qui concerne la libération des
gamètes.
Un cycle long qui reproduit le
phénomène tous les ans, et un cycle
moyen au sein de la période de
reproduction, où l'on observe tous les
14,5 jours une nouvelle libération de
cellules reproductrices.
ORICINE DES RYTHMES
les phénomènes rythmiques que
l'on observe chez les êtres vivants sont
d'une grande variété tant au niveau
de leur nature que de leur période.
De plus, certains sont totalement
indépendants des facteurs
environnementaux alors que d'autres
montrent une dépendance très
étroite.
Il ne fait donc aucun doute
qu'il existe une grande variété dans
les mécanismes (oscillateurs)
responsables de ces manifestations.
Certains phénomènes tiennent leur
rythmicité de processus purement
chimiques ou physicochimiques.
Ce type d'oscillateur est à l'origine
de rythmes métaboliques (synthèse
de protéines, synthèse de glucides, etc.)
très variés.
les oscillations glycolytiques
observées dans des extraits cellulaires
en sont un exemple classique.
Chez l'algue unicellulaire Gonyaulax, un
être vivant très simple, les chercheurs
ont identifié deux oscillateurs, l'un
contrôlant la bioluminescence, l'autre
contrôlant le comportement de nage.
Les algues marines acétabulaires
(petites algues vertes unicellulaires
de la Méditerranée) ont une activité
photosynthétique qui suit un rythme
circadien.
Cette activité est sous
le contrôle d'un oscillateur génomique.
Des protéines impliquées dans la
photosynthèse et synthétisées en trop grande
quantité exercent une inhibition
sur leur propre processus de synthèse.
lorsque leur concentration diminue,
l'inhibition se lève et la synthèse
recommence.
Chez l'homme, et sans doute chez
de nombreux mammifères, il semble
exister deux oscillateurs internes
responsables des phénomènes
rythmiques circadiens comme le
somme il, la variation de température
un oscillateur fort, peu dépendant
de l'environnement.
et un oscillateur
faible, plus sensible aux signaux
extérieurs.
• l'oscillateur fort contrôlerait
les rythmes de la température,
de la sécrétion de cortisol et,
vraisemblablement, celui du sommeil
paradoxal (phase du sommeil
caractérisée par le rêve).
Ces rythmes
restent remarquablement stables en
l'absence de signaux extérieurs comme
l'alternance jour/nuit.
Du fait de sa
stabilité, cet oscillateur est responsable
de problèmes physiologiques liés aux
décalages horaires qui peuvent durer
plusieurs semaines.
l'oscillateur fort
serait situé dans la région ventro
médiane de l'hypothalamus (contrôle
une partie du système nerveux et du
système hormonal), à la base du
cerveau.
• l'oscillateur faible contrôlerait
les cycles veille/sommeil et les
sécrétions hormonales dépendantes
du sommeil (prolactine, hormone de
croissance, etc.).
Cet oscillateur étant
beaucoup plus sensible aux signaux
extérieurs, les rythmes qu'il contrôle
sont rapidement perturbés en l'absence
de ses signaux.
En contrepartie, un
dérèglement des rythmes peut
rapidement être compensé par
l'influence de l'environnement.
En cas
de déc11111ge hor11ire, lors d'un voyage
transatlantique par exemple, le cycle
veille/sommeil se synchronise très
rapidement avec la nouvelle alternance
jour/nuit.
l'oscillateur faible est situé
dans les noyaux suprachiasmatiques
du cerveau.
Des facteurs environnementaux
influencent très directement les
rythmes internes en jouant le rôle
de synchroniseurs (« zeitgeber » en
allemand ou« donneurs de temps»).
Ces facteurs présentent des variations
cycliques naturelles qui vont dicter, ou
influencer, la période de certains
rythmes biologiques.
le
synchroniseur le plus puissant pour
la plupart des espèces vivantes
animales ou végétales est l'alternance
lumière/obscurité Gour/nuit).
Cette
dernière fixe la période des rythmes
biologiques circadiens à 24 heures,
alors que celle-là pourrait être un peu
plus longue, ou un peu plus courte,
sous l'influence des seules horloges
internes.
La longueur des jours est un autre
synchroniseur qui influe sur les rythmes
ayant une longue période (rythmes
annuels par exemple).
Ce synchroniseur est responsable des
comportements reprodudeurs
chez les animaux ou de la floraison
chez les végétaux.
la température
extérieure ou l'humidité de l'air sont
également des synchroniseurs mais
d'importance moindre.
Chez l'homme, les synchroniseurs
sociaux ont une importance majeure.
les rep11s, le travail, les relations
sociales, les rituels institutionnels sont
autant d'événements qui nous situent
dans le temps.
LES DÉPRESSIONS SAISONNIÈRES
Il y a quelques
années, les
médecins
ont identifié une
nouvelle forme
de dépression
qui apparaît
chaque hiver
chez les personnes
prédisposées.
Pour
cette raison, ces dépressions sont dites
« saisonnières ».
l'ensoleillement semble être un facteur
déterminant car les épisodes dépressifs
commencent d'autant plus tôt que la
personne réside plus au nord.
De même, plus de 80% des patients
qui ont pu en faire l'expérience
rapportent un effet bénéfique des
voyages en direction de l'équateur.
C'est pourquoi des médecins ont
eu l'idée de proposer des cures de
photothémpie, d'exposition
à la lumière, pour soigner ces troubles
psychiques.
Efficace chez un grand
nombre de patients, ce traitement offre
l'avantage d'instaurer une rémission
plus rapide qu'avec des antidépresseurs
et de comporter beaucoup moins
d'effets secondaires nocifs ..
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