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La canopée

Publié le 15/09/2013

Extrait du document

L'étude des échantillons prélevés dans la canopée permet de découvrir de nombreuses espèces nouvelles d'invertébrés. Alors que moins de deux millions d'espèces vivantes sont actuellement connues, un entomologiste américain qui étudiait la forêt tropicale du Panama, Terry Erwin, a émis en 1982 l'hypothèse qu'il pouvait yen avoir 20 à 30 millions. Pour faire ce calcul, il avait vaporisé d'insecticide un arbre de la forêt tropicale, recueilli et identifié tous les insectes coléoptères ainsi tués. La grande majorité des espèces étaient nouvelles. Par de savants calculs, en extrapolant à toutes les espéces d'arbres de toutes les forêts tropicales du monde et à tous les groupes d'invertébrés, il était arrivé à cette estimation.

 

Aujourd'hui, grâce au radeau des cimes, l'estimation est revue à la baisse. Les biologistes pensent qu'il existe 8 ou 10 millions d'espèces vivantes, la majorité dans les forêts humides tropicales. Cette minoration est due au fait que le taux des espèces d'insectes liées à une seule espèce d'arbre est plus faible que l'avait estimé Erwin. Mais c'est encore considérable : au mieux, nous n'en connaissons aujourd'hui qu'un quart ou un cinquième.

« Certaines plantes comme l'aroidée géante Anthurium salvinae retiennent des débris végétaux au cœur de leur rosette de feuilles.

De petites racines viennent puiser de la nourriture dans ce terreau .

Les épiphytes les plus extraordinaires, comme les épiphylums ou les pépéromios , créent de véritables «jardins de fourmis » .

Elles abritent ces dernières dans des parties creuses de leurs tiges ou de leurs racines.

Les fourmis y accumulent de la matière organique qu'elles ensemencent de spores de champignon .

Ces « cultures ., les nourrissent et fournissent également un appoint important à la plante .

Bien que ne prélevant pas de nourriture directement aux dépens de leur plante support, les épiphytes entrent en concurrence avec elle pour la lumière et l'eau.

Elles peuvent donc entraîner à la longue l'affaiblissement de leur support .

Dans certain cas, le feuillage de toutes les plantes épiphytes abritées par un arbre peut excéder largement le volume de son propre feuillage.

La vie des épiphytes n'est pas de tout repo s.

L'arbre peut perdre régulièrement son écorce extérieure pour s e débarrasser d 'elles .

Une grosse branche surchargée peut casser .

Ou l'arbre, trop affaib li ou mort, tombe à l'occasion d 'une tempête .

Les épiphytes qui se retrouvent ainsi sur le sol ombragé de la forêt sont incapables d'y survivre .

Mais l'avantage de pouvoir se développer à la lumière sans émettre de longues tiges est plus important que ces inconvénients .

Un quart de toutes les plantes des forêts humides tropicales sont des épiphytes .

Les lianes ont choisi une autre stratégie pour accéder à la lumière de la canopée .

Elles représentent environ 8 % de toutes les plantes de la forêt humide carnivores , aux urnes-pièges atteignant 30 cm de long.

Les lianes se fixent aux arbres ­ supports de diverses manières.

Intermédiaires avec les épiphytes , certaines émettent des racines d'ancrage, qui peuvent également assimiler de la nourriture.

La plupart utilisent des vrilles , tiges ou feuilles modifiées qui s'enroulent autour d'un support.

L'IMMENSE PEUPLE DES INVERTÉBRÉS Les arthropodes , invertébrés à squelette externe et à appendices articulés , représentent la majorité des espèces vivantes actuellement connues .

Parmi eux les insectes, avec près d'un million d'espèces, sont de loin le groupe le plus important du monde vivant.

La canopée n'échappe pas au phénomène , et même l'amplifie .

Par exemple les tardigrades , minuscules arthropodes primitifs v ivant dans les mousse s, sont très nombreux dans les forêts humides tropicales leur offrant de nombreux habitats potentiels.

Tous les groupes d 'arthropodes et autres invertébrés se retrouvent dans la canopée .

Beaucoup sont des végétariens .

Des mangeurs de feuilles , bien sûr, mais aussi de fruits , de graines, de tiges, des butineurs de fleurs.

D 'autres sont des recycleurs très efficaces , consommant feuilles mortes ou bois , mais aussi cadavres d'animaux.

Ce bétail est exploité par d'innombrables parasites et prédateurs , qui s'empilent dans des pyramides très complexes : une guêpe peut parasiter une mouche qui parasite une autre guêpe qui parasite un coléoptère qui dévore une chenille qui broute les feuilles d 'un arbre ...

L'étude des échantillons prélevés dans la canopée permet de découvrir de nombreuses espèces nouvelles d'invertébrés .

Alors que moins de deux million s d'espèces vivantes sont actue llement connues, un entomologiste américain qui étudiait la forêt tropicale du Panama , Terry Erwin , a émis en 1982 l'hypothè s e qu'il pouvait y en avoir 20 à 30 millions .

Pour faire ce calcul, il avait vaporisé d 'insecticide un arbre de la forêt tropicale, recueilli et identifié tous les insectes coléoptères ainsi tués.

La grande majorité des espèces étaient nouvelles.

Par de savants calculs , en extrapolant à toutes les espèces d'arbres de toute s les forêts tropicale s du monde et à tous les groupes d'invertébrés, il était arrivé à cette estimation.

Aujourd 'hui, grâce au radeau des cimes , l'estimation est revue à la baisse.

Les biologistes pensent qu'il existe 8 ou 10 millions d 'espèces vivantes , la majorité dans les forêts humides tropicales .

Cette minoration est due au fait que le taux des espèces d'insectes liées à une seule espèce d'arbre est plus faible que l'avait estimé Erwin .

Mais c'est encore considérable : au mieux , nous n 'en connaissons aujourd'hui qu'un quart ou un cinquième .

VOLER, SAUTER, GRIMPER La faculté qu'ont les oiseaux de voler leur permet d 'accéder à toutes les parties du feuillage de la canopée .

Mais par la finesse de nombreuses tiges et branchettes , par les mécanismes de défense de certaines plantes pour protéger leurs fruits et leurs graines , ils ont dû acquérir diverses spécialisations pour pouvoir exploiter efficacement ce milieu particulier.

Par exemple , le bec très gros bec, creu x et ultraléger, pour écarter le feuillage dense et cueillir les fruits au bout des branchettes les plus fines .

Le vautour palmiste d 'Afrique a abandonné les charognes dont se nourrissent ses congénère s pour se contenter des fruits de palmier .

Si les oiseaux frugivores sont très nombreux , l es fruits étant abondants tout au long de l'année dans les forêts tropicales humides, certains oiseaux se sont adaptés au butinage des grosses fleurs colorées.

Les colibris d 'Amérique s sont les plus connus , mais ils ont des équivalents dans le vieu x monde comme les sucriers ou les soui-mangas .

Volant aussi bien que les oiseaux , les chauve-souris sont également nombreuses dans la canopée.

Elles chassent les insectes volants qui y prolifèrent.

Certaine s espèces se sont adaptées à la pollinisat ion des fleurs , d'autres à la consommat ion des fruits .

Ces animaux nocturnes sont attirés par les odeurs.

C'est pourquoi les banane s, consommées par les chauve-souris qui dispersent ainsi les graines de la plante , s entent si fort quand elles sont mûres .

Beaucoup d 'animau x terrestres ont appri s à grimper pour atteindre la canopée .

L'humidité est si importante à la cime des arbres que de nombreuses grenouilles peuvent y vivre et pondre dans une poche d'eau au creux d'un tronc ou à la base d' un bouquet d e feuilles .

Certaines sont minuscules , d'autres très color ées, avertissant de leur toxicité.

Certaines peuplades autochtones utilisent ces grenoui lles pour empoisonner leurs flèches.

Divers lézards sont partis à l'a s saut des cime s.

Pour faciliter leurs déplacements d 'arbre en arbre , la plupart ont acquis la faculté de planer en développant des expansions de peau .

Le plus connu est le dragon volant d'Asie du Sud-est.

Cett e technique du vol plané, très efficace , a été également adoptée par d 'autres anim aux aussi divers que des serpents , des grenouilles , des écureuil s et les curieux galéopithèques , des mammifères d 'Asie du Sud-Est.

D'autres habitants de la canopée restent plus traditionnels dans leurs modes de déplacement.

Les pythons et les boas , parmi les plus redoutables prédateurs de ce milieu , ont conservé la reptation.

La plupart des singes arbor icoles utilisent leurs mains, bien que certaines espèces d'Amérique, comme les atèles , aient une queue préhensile.

Les gibbons asiatiques aux bras démesu­rément longs utilisent la brachiation, c'est à dire le balancement du corps pendant au bout des bras .

Les as du genre restent les paresseux, si solidement pendus aux branches par leurs puissantes griffes qu'ils meurent et se décomposent dans cette position.

DISPARITION PROGRAMMÉE DANS LE SIÈCLE À VENIR Tous les spécialistes qui étudient la canopée des forêts tropicales humides tirent la sonnette d'alarme .

C'est l'un des milieux naturels les plus riches de notre planète, mais également l'un des plus menacés à brève échéance .

Lorsqu 'on parle de forêt , il faut distinguer la forêt primaire, c'est-à-dire indemne de toute exploitation ou perturbation par l 'homme , de la forêt seconda ire plantée, exploitée régulièrement , ou qui repousse après une destruction humaine .

Ce sont les canop ées des forêts primaires qui sont de loin les plus riches .

Mais ce sont aussi ces mêmes forêts primaire s qui font l'objet d 'une exploitation effrénée dans toutes les régions tropicales du monde , surtout pour leur bois , mais aussi sous la pression des agriculteurs à la recherche de nouvelles terres à cause de la croissance de la population.

Si rien n'est fait rapidement , nous serons probablement la dernière génération à avoir connu de vraies forêts primaires sur de vastes étendues.

En Asie , la catastrophe est pratiquement consomm ée.

En Afrique et en Amérique , la situation est moins grave, mais la pression s'accentue chaque année .

En 2004 , le rythme de destruction des forêts naturelles était estimé à 14 millions d 'hectares par an.

Par exemple , les Philippines ont perdu la moitié de leur couvert forestier en 40 ans : la surface occupée par les forêts est passé de 50 % à 24 % de la surface totale .

Et ces chiffres englobent indifféremment forêts primaires et forêts secondaire s ! Cette destruction des forêts entra îne beaucoup d 'effets indirects .

Si les modifications du climat, les inondations , l'érosion des terres sont bien connus, d'autres tout aussi redoutables commencent à être soupçonnés .

Ainsi le virus Ebola , responsable en Afrique d'une lièvre meurtrière , provient selon les études de l'Institut Pasteur d'un singe de la canopée de la forêt africaine .

Normalement, il n 'a aucune raison d 'entrer en contact avec les hommes et de leur transmettre le virus.

Mais la destruction de son milieu , en le chassant ailleurs , a multiplié les occasions de contact et donc la propagation du virus .

UNE RICHESSE PLEINE DE PROMESSES Leur richesse en produits secondaires autres que le bois sauvera peut-être les forêts humides tropicales primaire et leur canopée.

La suractivité de la photosynthèse et du métabolisme des feuilles entraîne la production de molécules complexes , souvent produites par la plante pour se défendre des herbivore s.

Ces molécules sont quatre à cinq fois plus concentrées dans le feuillage de la canopée , qui apparaît donc comme une véritable usine chimique naturelle .

Certaines firmes chimiques ou pharmaceutiques commencent à s ' intéresser à ces nouvelles ressources pour créer des médicaments , des cosmétiques , des parfums , des goûts nouveaux .

La valeur ajoutée de ces produits dépasse largement la valeur du bois brut , et donc l 'exploitation modérée d 'une forêt primaire serait bien plus rentable que sa coupe pure et simple .

Cinq cents kilos de feuilles retirées dans la canopée creusent un trou bouché en trois semaines environ.

Il s'agit donc d'une ressource renouvelable indéfiniment si l'exploitation reste raisonnable .

Cette ressource chimique peut être exploitée à un niveau supérieur , aujourd 'hui quasiment inexploré : celui des insectes .

Ceux-ci , en broutant ce feuillage riche en molécules diverses, les concentrent et les modifient , élaborant des produits extrêmement puis sants .

La piste des « insectes médicinau x ., est l'une des plus prometteuses du siècle à venir .

La conservation de la canopée peut aussi se faire pour augmenter l 'attractivité touristique d 'une région .

Le Costa-Rica, pionnier dans le domaine de l'écotourisme et couvert de forêts parmi les plus riches du monde , propose déjà des canopy tour qui tendent à devenir une attraction vedette du pays .

Certains secteurs de la canopée des forêts protégées sont équipés de câbles accrochés aux arbres à hauteur de la voûte forestière.

Le touriste , suspendu à une poulie n 'a qu'à se laisser glisser à une hauteur impressionnante entre les troncs , les branches et les lianes .

Pour ceux que l'aventure ne tente pas, les skywalksou chemins dans le ciel sont des ponts suspendus d 'arbre en arbre permettant une randonnée pédestre au cœur même de la canopée !. »

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