La biodiversité
Publié le 11/01/2019
Extrait du document
UN FAIT DE SOCIÉTÉ
Sauvegarder la biodiversité ! Tel est le mot d’ordre tant entendu de nos jours dans les discours scientifiques ou politiques. Né du constat d'une diminution importante de la diversité biologique au cours des dernières décennies, le concept se nourrit du sentiment général que les activités humaines risquent de mettre en péril l’avenir de la planète. Enrayer l'érosion du monde vivant, tel est l’objectif que partagent les scientifiques, de nombreux États et les ONG. La conférence internationale de Rio de Janeiro (juin 1992), dite couramment Sommet de la Terre, avec pour thème l'environnement et le développement durable, a consacré le concept de biodiversité en donnant naissance, entre autres, à une convention internationale sur la diversité biologique.
QU'EST-CE QUE LA BIODIVERSITÉ ?
Définition
Apparu en 1986, le terme biodiversité recouvre plusieurs définitions, étroitement intriquées les unes dans les autres : la diversité génétique, la diversité spécifique et la diversité écosystématique.
• La diversité génétique correspond à la richesse des combinaisons
de gènes qui existent parmi les différentes espèces vivantes et entre les individus d'une même espèce.
• La diversité spécifique rend compte de la diversité des espèces proprement dites.
• La diversité écosystémique enfin, relate la variabilité des milieux (lac, prairie, forêt, etc.), et des relations des êtres vivants entre eux et avec la matière. Elle correspond à la diversité d'un niveau d'organisation supérieur du vivant. Ce sont les trois niveaux d'approche traditionnellement utilisés pour décrire la notion de biodiversité. Le gène est reconnu aujourd'hui comme l'unité fondamentale de la transmission de l'hérédité et donc de l'évolution. La diversité génétique joue ainsi un rôle crucial pour la diversité des espèces. Cependant, l'espèce étant l'unité la plus accessible sur le terrain, c'est jusqu'à présent la diversité spécifique qui a fait l'objet du plus grand nombre d'études.
Biodiversité : une manifestation CARACTERISTIQUE DE LA VIE
La vie modifie par sa présence le milieu dans lequel elle se développe, ce qui a en retour une influence sur les conditions de vie sur Terre. Apparues il y a près de 4 milliards d'années, les premières formes de vie ont contribué à l'enrichissement de l'atmosphère en oxygène pour atteindre la proportion de 21 % que nous connaissons aujourd'hui. Ceci a provoqué la formation de la couche d'ozone, protégeant la Terre des rayonnements ultraviolets et permettant à la vie de sortir des milieux aquatiques. Mais réciproquement, les êtres vivants ont dû s'adapter au cours des ères géologiques aux modifications de leurs milieux de vie. Ils ont donc lentement évolué jusqu'au monde actuel. Dans la concurrence que se livrent les espèces, certaines s'adaptent moins bien que d'autres à ces changements. Ainsi, les espèces se succèdent. Ce cycle d'apparitions et de disparitions a toujours existé.
La biodiversité apparaît donc comme la manifestation de grands équilibres biologiques et physico-chimiques, équilibres fragiles qui ont déjà été maintes fois rompus au cours des temps géologiques : changements climatiques, éruptions volcaniques, séismes, chutes de météorites, etc.
État des lieux
Dimension temporelle La biodiversité est en évolution constante. On estime que 99 % des espèces qui ont vécu sur terre
sont aujourd'hui éteintes (dont les dinosaures) et que la demi-vie moyenne d’une espèce est d’environ un million d'années. L'apparition et la disparition d'espèces est un processus continu auquel s'ajoutent des épisodes catastrophiques : les extinctions massives. On en dénombre cinq principales dans l'histoire de la Terre, celle de l'ordovicien il y a 440 millions d'années (MA), celle du dévonien (- 367 MA), du permien (- 245 MA), du trias (- 208 MA) et du crétacé (- 65 MA).
Dimension spatiale
La biodiversité peut aussi être considérée dans sa composante spatiale. Elle n'est pas distribuée de façon régulière sur Terre. La faune et la flore varient selon de nombreux critères : interactions avec les espèces en présence, climat,
«
SCIENCE
OU SCIENCE-FICTION ?
Les scientifiques sont convaincus que
les actions de prévention engagées, si
elles nous donnent bonne conscience
sont sans commune mesure avec la
destruction prévisible.
Ces actions
s'inscrivent dans le court terme : 100
ans, quand la biosphère compte en
milliards d'années ...
De plus, elles ne
concernent qu'un nombre limité
d'espèces.
Aussi les scientifiques
envisagent-ils de sauver des espèces et
l'homme lui-même grâce à l'espace
suivant le principe de l'arche de Noé,
voire même en créant la vie, ou tout au
moins en faisant revivre des espèces
disparues à partir de l'extraction de
leur ADN fossile .
Jurassic Parc deviendra-t-il réalité ? La
science-fiction d'aujourd'hui serait-elle
la science de demain ? générations,
l'homme doit transmettre
à ses enfants l'héritage qu'il a reçu.
ENJEUX SCIENTIFIQUES
Sur le plan scientifique, l'enjeu principal
consiste à modéliser les interactions
complexes qui régissent l'évolution des
écosystèmes.
L'élaboration de ces
modèles nécessite d'inventorier les
espèces existantes, et notamment de
décrire les relations telles que les
chaînes alimentaires.
SAUVER LA PLANFrE OU L'HUMANITt ?
La conservation de la biodiversité est
devenue un motif de préoccupation
mondiale.
Bien que tout Je monde ne
soit pas forcément d'accord sur Je fait
qu'une extinction massive soit en cours,
la plupart des observateurs admettent
la disparition de nombreuses espèces
(en 500 ans les activités humaines ont
conduit à l'extinction de 844 espèces
répertoriées) et considèrent essentiel
que cette diversité soit préservée.
Il faut préserver les conditions de vie
pour les générations humaines futures.
Voilà pourquoi il est important ici de
rappeler la place de J'homme dans la
biosphère.
L'espèce humaine n'est
qu'une espèce parmi les quelque deux
J--------------1 millions décrites aujourd'hui.
Elle
monde vivant à travers les temps.
La
préservation de la biodiversité relève
alors d'enjeux aussi bien culturels,
écologiques ou éthiques
qu'économiques.
ENJEUX tCOLOGIQUES
Préserver la biodiversité, c'est avant
tout maintenir Je processus d'évolution
du monde vivant.
La biodiversité
est indispensable à la stabilité des
écosystèmes dont les ressources
biologiques présentent un intérêt
écologique pour J'ensemble des
espèces.
Par leur activité naturelle, les
écosystèmes fournissent indirectement
et gratuitement des services aux
sociétés humaines : maintien de la
fertilité des sols, réduction des pertes
d'éléments minéraux par lessivage,
contrôle du cycle de J'eau, régulation
du climat.
etc.
ENIEUX tCONOMIQUES
La valeur économique de la biodiversité
est de plus en plus mise en avant.
Ainsi,
E.
Wilson écrivait en 1992 que « la
biodiversité est J'une des plus grandes
richesses de la planète, et pourtant la
moins reconnue comme telle ».
Nombreux sont ceux qui aujourd'hui
considèrent la biodiversité comme un
réservoir de ressources pour la
production de nouveaux produits utiles
à l'humanité.
En effet, les espèces
naturelles sont porteuses d'un nombre
très important de molécules qu'elles
sont capables de synthétiser grâce à
leurs gènes.
Parmi ces molécules,
certaines possèdent des propriétés
utiles sur le plan pharmacologique ou
chimique.
La mise en valeur de ces
ressources est l'un des critères donnant
sa valeur à la biodiversité.
Mais c'est
aussi la source de conflits portant sur
les règles de partage et d'appropriation
de ladite richesse, notamment entre les
pays du sud et ceux du nord.
ENJEUX FrHIQUES
Les hommes ont le devoir moral de ne
pas éliminer les autres formes de vie.
Selon le principe d'équité entre les appartient
à ce cycle d'évolution et de
diversification des formes de vie sur
Terre, passant par J'apparition et la
disparition de nombreuses espèces.
La diversité biologique que nous
connaissons aujourd'hui est Je résultat
d'une histoire longue de plusieurs
centaines de
millions
d'années.
Le
futur de la
diversité
biologique dépend des
mêmes facteurs
qui ont conduit à
la situation
actuelle, avec
aujourd'hui J'homme, espèce récente et
envahissante qui modifie à différentes
échelles de temps et d'espace son
environnement.
Or selon les experts,
beaucoup d'espèces restent encore à
découvrir et avec elles une multitude
de nouvelles informations.
Ces
potentialités inexploitées pourront peut
être nous apporter, des réponses à des
problèmes dans des domaines où
J'homme n'a pas encore trouvé de
solution (comme pour certaines
pathologies humaines par exemple).
COMMENT PRÉSERVER
LA BIODIVERSITÉ ?
Par essence, la biodiversité est
changeante, en évolution permanente,
alors comment la préserver? Il est
évident qu'il ne faut pas chercher à
conserver la nature telle qu'elle est.
Préserver la biodiversité, c'est
permettre et maintenir son dynamisme.
Manipuler la nature et les écosystèmes
présente de nombreux risques,
car les relations entre espèces
vivantes sont subtiles.
Modifier une
seule composante d'un écosystème
(introduire un prédateur, éliminer
une plante, altérer un cycle
biogéochimique, etc.) peut en quelques
années mettre en péril l'équilibre
d'ensemble.
DIFFtRENTES
APPROCHES
La mise en œuvre de la conservation
suscite de nombreux débats quant aux
modes d'action les plus appropriés.
Une seule conclusion s'impose: il n'y a
pas de solution simple et universelle.
On agit le plus souvent dans l'urgence
et rien n'est jamais entièrement
satisfaisant sur Je long terme.
Conservation in situ ou ex situ ?
La conservation in situ consiste à
maintenir les organismes vivants dans
leur milieu.
Elle concerne un grand
nombre de communautés animales et
végétales et leur permet de poursuivre
leur évolution en s'adaptant aux
changements de l'environnement.
Un
exemple de conservation in situ est la
mise en place de zones de protection
(comme la réserve dr Tambopata
dans l'Amazonie péruvienne) qui
requiert la participation des
communautés locales.
Toutefois, il n'est
pas toujours possible de la mettre en
place à cause par exemple de la
destruction d'habitats d'espèces rares
ou en voie de disparition.
Il faut alors envisager la conservation ex
situ qui consiste à préserver les espèces
en dehors de leur habitat naturel dans
des jardins botaniques et zoologiques,
une banque de graines ou de gènes,
un arboretum, une collection plantée
dans un champ spécifique, in vitro sous
la forme d'embryons, etc.
L'espèce
n'évolue plus sous la pression d'un
environnement qui lui, continue
d'évoluer.
Elle risque de ne plus
pouvoir survivre dans ce milieu si elle y
est réintroduite.
Ces deux modes de gestion sont
complémentaires pour préserver une
ressource génétique.
Conservation des espèces
ou des ècosystèmes ?
Depuis que J'homme s'intéresse à la
nature, il s'est tourné vers les espèces,
plus faciles à étudier de manière
générale que les écosystèmes.
Il les a
inventoriées.
Il a dressé des listes
d'espèces disparues, en voie
d'extinction, ou à protéger (panda,
macareux, loutre, etc.).
Mais la
protection des espèces est illusoire si
J'on ne protège pas simultanément
leurs habitats naturels.
Une politique de
conservation de la diversité biologique
doit donc avant tout privilégier la
sauvegarde des écosystèmes comme Je
recommande la convention sur la
diversité biologique.
Elle est mise en
œuvre à travers les politiques de zones
protégées ou de gestion durable.
Le but
ultime est d'assurer Je maintien de la
diversité des écosystèmes ainsi que celle
de leurs composantes.
La directive
européenne « Habitat » qui doit aboutir
au réseau « Natura 2000 » répond à ces
priorités.
Définir les priorités
Il est illusoire de vouloir mettre toute la
biosphère en réserve.
La logique mise
en avant par les pays signataires de la
convention sur la biodiversité voudrait
donc que l'on recherche des
compromis, comme le propose Je
concept de développement durable,
entre un progrès économique qualifié
de nécessaire au bien-être de
l'humanité par nature conquérante, et
une diversité biologique qui a besoin
d'espaces de liberté.
En pratique cela
demande des décisions politiques :
Quels types d'écosystèmes faut-il
préserver en priorité ? Comment
doivent-ils être répartis? Quels sont les
critères de sélection des aires ou des
espèces à protéger?
Un préalable à toute discussion sur la
répartition des richesses est nécessaire :
l'évaluation économique du prix de la
biodiversité.
Cet objectif doit aussi
permettre de déterminer les moyens
financiers à consacrer à sa protection.
La création d'espaces protégés doit
théoriquement se faire dans les zones
riches en diversité biologique (comme
celle de la réserve naturelle dt
Masai Mara au Kenya), c'est-à-dire
dans les pays en développement qui
ont le plus souvent d'autres priorités
que de consacrer leurs faibles
ressources à la conservation des
espèces et des écosystèmes.
Dans le
même temps, les pays développés
demandent Je libre accès aux
ressources naturelles exploitables par principe économique
du dividende
pour l'environnement -ce qui profite à
l'économie doit profiter également à
J'environnement.
MOBILISATION INTERNATIONALE
À Rio, lors du Sommet de la Terre, 165
États se sont engagés à protéger la
biodiversité tout en assurant un
développement durable.
Mais il y a loin
des proclamations aux réalités : tous les
États n'ont pas encore ratifié les
diverses conventions internationales
élaborées à Rio, sur Je climat, la
biodiversité, la désertification ...
D'autre part, la nature même de la
biodiversité impose une gestion locale
conduite par les populations
concernées.
La gestion centralisée
prônée par les sociétés occidentales,
sur la base de leurs représentations de
la nature ou de leurs valeurs morales,
perd toute justification universelle.
Quelle est alors la portée réelle des
mesures de protection qui pourront
être prises, sachant que le droit
international, par essence, reste en
retard sur les événements et que les
intérêts économiques en jeu sont
considérables ? L'avenir dépend donc
nécessairement de la manière dont les
sociétés et les scientifiques vont
s'organiser pour se faire entendre, à
court terme, des politiques.
ÉDUCATION À L'ENVIRONNEMENT
Ce n'est pas parce que J'on entend
parler de l'environnement au quotidien
que nous sommes bien informés sur Je
sujet.
On oublie trop souvent que
toutes nos actions ont un impact sur
notre environnement (le tri sélectif
bien que necessaire au recyclage ne
les biotechnologies.
Ce conflit Nord-Sud nous empêche pas de polluer pour
est clairement apparu lors de autant).
L'effet de serre et le trou dans
l'élaboration de la convention sur la
diversité biologique et a conduit à la
création du fond pour J'environnement
mondial (FEM).
Le FEM est chargé de
financer le transfert de ressources
financières et technologiques des pays
développés aux pays en
développement.
DtVELOPPEMENT DURABLE
Défini lors du Sommet de la Terre en
1992, il doit « concilier Je
développement économique et social
avec une utilisation rationnelle des
ressources naturelles et J'insertion
harmonieuse de l'homme dans son
environnement ».
Ce mode de
développement doit pouvoir satisfaire
les besoins et les aspirations de la
génération actuelle sans compromettre
la capacité à satisfaire ceux des
générations futures.
Le développement
durable utilise donc les ressources
biologiques à un rythme qui n'entraîne
pas leur appauvrissemen� voire leur
épuisement mais qui, au contraire,
préserve leur potentialité au cours du
temps.
Quelques grands principes
régissent ce type de développement : Je
principe de précaution, la recherche
des actions les plus appropriées, le
principe de pollueur-payeur et le la
couche d'ozone, matières à des cris
d'alarme souvent poussés dans les
médias, sont en fait des phénomènes
naturels amplifiés par J'activité
humaine.
Bref, il est difficile de s'y
retrouver.
Une action d'éducation à
l'environnement et d'information sur la
place de l'homme sur la planète paraît
indispensable à la préservation à long
terme de la biodiversité .
RAPPORT HOMME-NATURE
Le concept de biodivers ité est à la fois
le champ d'application de nouveaux
rapports qui s'établissent entre
J'homme et la nature, et Je lieu
d'émergence de nouvelles valeurs
morales qui remettent en cause le choix
des modèles économiques de
développement adoptés depuis la
Révolution industrielle.
La biodiversité
est devenue un véritable fait de société.
Une nouvelle relation amicale avec la
nature paraît se développer en
Occident.
L'activité des scientifiques
n'est plus tant d'assurer la chronique
nécrologique des espèces et d'assister
impuissants aux grandes catastrophes
écologiques, que de réhabiliter les
milieux dégradés dans leur intégrité
biologique, leurs fondions et leurs
services écologiques..
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