Alimentation Petite Histoire de l’Alimentation: quelques jalons pour la réflexion
Publié le 09/05/2023
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Alimentation
Petite Histoire de l’Alimentation: quelques jalons pour
la réflexion
1.La Préhistoire
A Lascaux il suffit de jeter de brefs regards sur les représentations pariétales pour constater que
les animaux sont omniprésents mais les somptueuses fresques ne figurent pas le tableau de
chasse des Magdaléniens ses homo-sapiens qui vivaient dans le Périgord il y a 17 mille ans.
Certes ceux-ci consommaient bcp de viandes mais il s’agissait principalement de viandes de renne
un animal quasi absent des parois de la grotte mais dont les os ont été retrouvés en abondance
dans les environs.
Dès leur apparition il y a 2,4 millions d'années, les hommes sont omnivores et mangent
principalement des végétaux et des petits rongeurs, oiseaux, reptiles et insectes, coquillages et
œufs, on complète aussi ces rations avec des chairs de charognes.
Bien plus tard l'appétence de nos ancêtres pour la viande va les conduirent à pratiquer la chasse
en groupe des grands animaux exemple le mammouth, les aurochs, le cerf, le sanglier
La naissance de l’agriculture il y a 12000 ans modifie en profondeur le régime alimentaire du
néolithique, ces hommes se mettent à consommer en grandes quantités les céréales et les
légumes secs qu’ils cultivent et à boire le lait des animaux qu’ils ont domestiqués
Aujourd’hui les pays émergents accroissent rapidement leur consommation de produits carnés
tandis que les nations industrialisées la voit au contraire se réduire
1.L’époque Médiévale, la chair symbole de puissance
Au Moyen-âge la consommation importante de viandes est une caractéristiques majeures de
l’alimentation des puissants, la chair est associée à la force physique, à la puissance
sexuelle, à la richesse et au pouvoir, notions très valorisées à l’époque médiévale.
Lors de
festins princiers les tables se couvrent de paon de cygnes de héron de cigognes en hérons.
Ce
choix gastronomique répond avant tout à des considérations sociales et symboliques, parce qu’ils
volent haut dans le ciel, ces grands oiseaux dominent toutes les autres créatures sur le
plan symbolique ils conviennent donc parfaitement aux dominants à ceux qui sont socialement
élevés, ils sont proches de Dieu, des anges et des saints qui peuplent les cieux.
Ces volatiles
sont cuisinés avec des épices à grand foison (ex: poivre, gingembre, cannelle.
Ces denrées rares
valent le prix de l’or ce qui en réserve l’usage aux plus riches et ce qui en fait un signe de
distinction sociale
En revanche les seigneurs mangent très peu de légumes car ces derniers poussent dans la
terre l’élément le moins noble de la création.
De surcroît ils font partie des aliments obligés des
paysans catégorie sociale méprisée par excellence.
Outre les légumes et les légumes secs,
l'ordinaire du paysan est principalement constitué de céréales sous forme de pain, galettes,
bouillis,...
seuls les jours de fêtes permettent de manger de la viande ils représentent une rupture
nécessaire
1.Sous l’ancien régime tu ne mangera point
Cette nature morte de Chardin ou poissons et œufs sont représentés mais dans laquelle la
viande est absente illustre l’influence de l’Église catholique sur l’alimentation des fidèles.
Le calendrier religieux fait alterner jour gras et jour maigre ces derniers excluant toute viande, de
fait pour l’Église cet aliment est dangereux car il favorise le péché de chair.
Lors des périodes
dites ordinaires le vendredi est un jour maigre.
Durant le Carême (40 jours) les privations sont
renforcées pas de viandes pas de laitage, pas de graisse animale, la viande est alors le plus
souvent remplacée par le poisson de nature froide et humide
Sous l’Ancien Régime l’alimentation des paysans et des citoyens modestes diffère peu de ce
qu’elle était au temps médiévaux et à la Renaissance càd largement dominé par les céréales et les
légumes.
On note toutefois quelques évolutions, le pain socle de l'alimentation populaire est plus
léger et contient davantage de froment et moins d’orges et il contient aussi davantage de maïs
rapporté d’Amérique .
En revanche, l'essor démographique qui s'amorce à la Renaissance se traduit par une
consommation moindre de viandes par personnes, si le peuple mange la plupart du temps à sa
faim, n'oublions pas que le règne de Louis 14 est marqué par de terribles famines.
Paradoxalement c’est aussi au 17ème siècle que naît “la grande cuisine française” qui va
rayonner sur les tables aristocratiques de l’Europe entière jusqu’en Russie
1.
Au 19ème siècle manger c’est aussi se réjouir
Ce repas de mariage se déroule à la fin du 19ème s dans la campagne verdoyante du pays de
Caux, sur la table le peintre à représenter les produits du terroir normand: volaille, tarte au pomme,
calvados, cidre,...
autour des mariés qui se font face se cotoi invités en tenue de ville et paysans
du cru portant blouses et casquettes.
Cette scène illustre une des dimensions universelles du
repas: sa fonction sociale, en effet manger ce n’est pas seulement se nourrir c’est aussi se
réjouir et se réunir.
Support d’échange et de plaisir partagé, le repas est le reflet de la culture
et des traditions locales, des croyances et des valeurs des mangeurs.
Il renforce les liens
sociaux qu’il s’agisse des relations familiales ou amicales, des rapports de voisinage ou
professionnels.
Le repas de famille ou de communauté accompagne ainsi les fêtes religieuses et
les célébrations des grands moments de la vie.
De même les alliances politiques ou la signature
de contrat plutôt juteux se concluent volontiers autour d’une table
Le 19ème siècle consacre ainsi la tradition culinaire française, la cuisine et les arts de la table
deviennent des signes essentiels d’appartenance sociale.
On distingue alors 3 types de
cuisines : la cuisine bourgeoise, la cuisine plus sommaire des domestiques et la cuisine
paysanne encore marquée au 19ème par des périodes de disette.
La cuisine bourgeoise est
synonyme de décorum, d’abondance, de diversité des mets comme on le voit dans le tableau de
Fourier.
Vanté par des chroniqueurs littéraires tels Brillat-Savarin cette cuisine se revendique
comme une branche des Beaux-Arts et elle rayonne dans le monde, de nombreuses innovations
plantent le décor du siècle suivant: la salle à manger, le service à la Russe (plats servis
successivement), les guides gastronomiques (guide michelin), les livres de cuisine, les recettes
cultes comme le fameux tournedos Rossini, la mécanisation de la production agricole, la
naissance de l’industrie agro-alimentaires.
1.Aux 20ème et 21ème siècle entre plaisir visuel et plaisir
gustatif
Au début des années 60 l’artiste Suisse d’origine Roumaine Daniel Spoerri crée ses
premiers tableaux pièges, il les réalisent en collant sur la table ce qu’il reste d’un repas lorsque
les convives l’ont achevé, l'œuvre est ensuite disposée verticalement comme un tableau.
En 1963,
Spoerri ouvre un restaurant dans une galerie parisienne et les clients peuvent alors réaliser
leur propre tableau piège dans lesquels les objets quotidiens de l’acte alimentaire accèdent au
statut d'œuvre d’art.
A l’instar d’autres artistes de la seconde moitié du 20ème siècle comme les plasticiens Andy
Warhol ou plus récemment le photographe allemand Andréas Gursky, Spoerri le père du Food
Art questionne le rapport contemporain de l’individu à la nourriture et nous invite à poser une
regard critique sur notre société d’hyper consommation et de gaspillage, née au lendemain
de la seconde guerre mondiale celle-ci résulte des 4 grandes mutations qui ont profondément
transformé notre société alimentaire :
-la modernisation de l’agriculture avec les pesticides, la mécanisation, l’apparition des engrais
chimiques, la sélection scientifique des variétés et des races
-l’essor de l’agro-alimentaire (inscription de la production agricole en usine)
-l'avènement de la grande distribution (le concept d'hypermarché est né en france en 1963)
-la mondialisation des échanges
Dernier avatar en date de la représentation de la nourriture le “food porn”, depuis quelques
années ce phénomène de société à envahit les restaurants, il consiste à prendre une photo du plat
commandé puis à la partager sur les réseaux sociaux à l’image des films pornographiques
l’aliment qui peut-être un simple hamburger ou un gâteau au chocolat bon marché est shooté
comme une star ses formes étant esthétiquement mises en valeur.
Cette envie de mise en image
est parfois accompagnée d’un sentiment de culpabilité face à l’avalanche de sucre et de gras.
Le
seul plaisir visuel semble alors prendre le pas sur le plaisir gustatif, l’acte de manger étant
relégué au second plan derrière celui de contempler ou de mettre en scène ou de (se)
mettre en scène.
Cela dit, on peut penser que la tendance ne sera que passagère, nos
compatriotes demeure attaché au bon goût des aliments et des plats, au plaisir de partager
ensemble leur nourriture et de pratiquer l’art de manger
En 2010 l’Unesco a clairement reconnu l’importance que revête pour nous français ces
dimensions sociales conviviales et hédoniques de l’alimentation en inscrivant le repas
gastronomique des français au fameux patrimoine culturel immatériel de l’humanité
Sociologie de l’alimentation
Si l’alimentation a été éduquée depuis les origines de la sociologie elle n’a été que tardivement
considérée comme un objet scientifique en tant que tel peinant à trouver sa place entre les
discours des sciences biologiques et psychologiques.
Manger cet acte qui pourrait sembler anodin
et banal constitue pourtant une pratique culturelle dont la compréhension....
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