Peut-on accuser la philosophie d’être inutile ?
Publié le 28/04/2024
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Peut-on accuser la philosophie d’être inu le ?
Ce e ques on sous-entend un jugement néga f selon lequel la philosophie ne servirait à rien parce qu’elle
n’aurait aucun caractère pra que.
On devine dans ce e mise en accusa on, dans ce procès, un jugement de
valeur.
Accuser, c’est me re en cause, rendre coupable quelqu’un car on considère qu’il a mal agi.
On voit
ici que le démarreur de ques on « peut-on » relève du droit, de la légi mité (et non de la possibilité ou de
la capacité) de ce e mise en accusa on.
L’incrimina on porte ici sur l’inu lité supposée de la philosophie
considérant qu’elle ferait perdre du temps et qu’elle n’a donc aucune espèce d’e cacité.
Dans ce cas, si la
philosophie est inu le, à quoi cela sert-il de porter une accusa on sur une discipline qui ne servirait à rien ?
N’est-ce pas le signe d’une perte de temps, pire, d’une démarche qui pourrait à son tour être mise en cause
selon le même critère ? De même, s’il est inu le de philosopher, pourquoi formuler une ques on
philosophique impliquant une recherche de ce type ? Voilà qui est singulièrement paradoxal.
On accuse ici la légi mité de la philosophie c’est-à-dire en fait sa valeur au regard de ce qui est censé
primer : la dimension u litaire.
On sait l’a achement de notre monde aux critères de rendement, de
produc vité, critères d’un système économico-poli que fondé sur la croissance et l’u litarisme.
Ce qui a de
la valeur résiderait, semble-t-il, dans son usage technico-pra que.
Si on dé nit la philosophie comme amour
de la sagesse ou recherche de la vérité selon son étymologie, il devient surprenant de vouloir discréditer
une telle entreprise.
Ce double objec f, tendre vers la vérité et devenir plus sage n’ont-ils aucun sens ni
même aucune u lité pour l’existence ? D’ailleurs, dans un procès, s’il y a mise en accusa on, n’est-ce pas
parce qu’on cherche à établir la vérité ? Or, la philosophie se dé nit par la recherche de la vérité et même
« la science de la vérité » selon Aristote.
Pourrait-on réellement vivre sans un certain « usage » de la vérité
ni sans l’idée d’une certaine sagesse à réaliser dans sa vie pour être heureux ou moins malheureux ? Mais
dans ce cas, l’accusa on ini ale ne peut-elle pas se retourner contre ceux qui a rment peut-être sans
ré échir qu’un monde sans autre valeur que l’u lité est précisément un monde sans valeurs, c’est-à-dire un
monde sans morale ni projet éthique ?
Plan possible : Doxa : sur quoi repose l’opinion selon laquelle la philosophie ne servirait à rien.
La
philosophie comme abstrac on.
Cri que de la doxa : La philosophie comme moyen de penser mieux pour vivre mieux
« L’homme n’est qu’un roseau, le plus faible de la nature mais c’est un roseau pensant » Blaise Pascal,
Pensées
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Qu’est-ce donc qu’un roseau? C’est une plante ne, vide, sécable, soumise à tous les vents.
Elle s’oppose en
tous points à l’arbre qui comme le chêne occupe un large espace, est rempli de sa propre ma ère, qui ne se
rompt pas, qui résiste aux vents les plus violents.
Le roseau est une image de la faiblesse, le chêne de la
puissance.
(Note : l’imagina on – par associa on d’idées - va tout droit à La Fontaine : Le chêne et le
roseau, il faut la brider ici (c'est-à-dire la contrôler) car elle nous renvoie exactement au contraire de ce que
Pascal veut nous faire comprendre).
Par ce e image du roseau c’est donc la « misère » de l’homme que
Pascal signi e.
Bien plus, insiste t-il, loin d’être n’importe quel roseau, il est « le plus faible de la nature » pire qu’un roseau, par conséquent.
Voilà qui peut étonner ! L’homme n’est pas celui qui, comme le chêne
croît et étale ses branches, se déploie dans l’espace et cherche à le dominer.
Ce e image de la puissance
dont la technique pourrait être la gura on triomphante n’est-elle pas qu’une illusion ? Car ce e
domina on n’est qu’apparente.
Pire, elle est vaine et ridicule au regard de la des née humaine, nie et
vouée à la mort, ce que n’importe quel hasard, accident ou virus précipite sans prévenir.
« Un rien su t à le
tuer » écrit Pascal, ce rien que nous ne voulons pas voir et qui nous terrorise.
C’est que le roseau est vide,
creux à l’instar de l’homme toujours agité et soumis aux diver ssements sociaux, à ce que Montaigne
appelait avant Pascal « la diversion », la fuite constante de sa condi on dans les ac vités mondaines.
Rempli
de mille pensées et imagina ons, toujours plein de projets et toujours a airé, l’homme court derrière le
l’homme court derrière le vide, prenant ses représenta ons pour la réalité, se gargarisant d’illusions
d’e cacité et de toute puissance, oublieux de soi et de sa réelle condi on.
« Mais c’est un roseau pensant » écrit l’auteur des Pensées.
C’est à l’exercice de la pensée, à la conscience
de sa nitude (de sa dispropor on dans l’univers) que l’homme doit sa grandeur, à condi on qu’il pense
réellement, sérieusement.
Qu’on songe ici à l’enseignement de Descartes et à la nécessité du doute.
« Pensée fait la grandeur de l’homme » écrit Pascal, non pas parce qu’il dominerait illusoirement la nature,
ce qui est la c on imaginaire de la modernité (pouvoir de la technologie), mais parce que la conscience de
sa situa on tragique donne à son existence une raison, un sens, un prix, par conséquent une valeur.
Alors
que l’univers ignore sa puissance de destruc on et sa signi ca on, « l’homme sait qu’il meurt » ; c’est là sa
dignité, sa noblesse.
Est noble ce qui surpasse moralement la condi on matérielle de la nature, aveugle et
sans but, incapable de se donner à soi-même un sens.
C’est de là que naît d’un côté la valeur morale de
l’homme conscient ( ce qu’on retrouvera plus tard chez Kant et le concept de personne) mais aussi la
dimension éthique du vivre (la ques on de la liberté).
L’homme est donc dans une situa on paradoxale,
écartelé entre sa misère physique dans un univers qui n’a que faire de sa vie et de sa mort et sa grandeur
puisque la puissance de la pensée et l’approfondissement de la conscience sont indé nis.
C’est pourquoi il
est essen el de « travailler à bien penser »nous dit Pascal.
Voilà l’exigence de l’homme de bien, du sage
soucieux de vérité et de liberté.
Le langage humain
L’ou l majeur dont se sert l’humain pour organiser sa conduite est le langage ar culé.
Celui-ci se dé nit
comme un système symbolique correspondant à un ensemble de signes dis ncts associés à des idées
dis nctes de sorte que le comportement de l’homme implique la média on de la pensée et des
représenta ons basées sur des signes et pas seulement des signaux.
Le signal est une informa on perçue par les sens produisant un comportement automa que et mécanique
chez la plupart des espèces animales.
Les signaux....
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