LES SPORTS DE L'AIR
Publié le 24/11/2011
Extrait du document
Les transports aériens ont supprimé le vol. Prendre
un avion, aujourd'hui, ce n'est même plus voler.
L'appréhension mise à part, que beaucoup de voyageurs
ignorent, il ne reste rien, au cours d'un voyage
par avion, de ce que ressentaient, il y a une trentaine
ou une quarantaine d'années, tous ceux qui
s'embarquaient à bord d'un appareil et quittaient le
sol. Voler, actuellement, c'est être enfermé dans un
long fuseau d'aluminium dont les fenêtres ne
débouchent sur rien, sinon, parfois, sur quelques
nuages, sur des sommets, sur l'eau, ou, à l'atterrissage,
sur des centres urbains encore enserrés dans
de rares forêts ou dans des champs cultivés. L'habitude
aidant, les oppressions ont disparu, les
impressions se sont émoussées, les étonnements et
la joie ont laissé la place à une sorte de lassitude.
«
Le temps seul est en cause ; l'important, c'est la
vitesse.
Et s'il est en effet extraordinaire aux plus
âgés qu'on puisse aller en moins de quatre heures
de
Paris aux Etats-Unis, les plus jeunes songent à peine à s'en émerveiller.
Et pourtant, cet air si durement conquis,
si longtemps recherché, si dangereux pour l'homme,
garde encore tout son prestige, tout son mystère et,
si on peut dire, toute sa mystique.
Si on n'est plus
au temps des Montgolfier, des Nadar, des Ader ou
des Bellonte -pour qui chaque départ était une
aventure qui mettait en cause leur destin et dans
laquelle ils engageaient, outre leur vie, leur foi dans
des machines qui prolongeaient leur corps, leur
permettaient de vaincre la pesanteur et de réaliser,
comme on dit, le plus ancien rêve de l'homme -
il est incontestable que l'émotion, le plaisir, l'enthou
siasme que peuvent procurer encore un départ dans
un petit avion d'où on a vue sur tout l'espace envi
ronnant, ou une ascension en ballon, un saut
en parachute, semblent appartenir aux archétypes
mentaux qui conditionnent la race depuis la nuit
des temps.
L'oiseau a fait l'envie de l'homme depuis qu'il y
a des oiseaux.
Des rêveurs se sont jetés dans
le vide
pour les égaler, comme si, avec une machine sim
pliste
on avait pu égaler cette machine prodigieuse
qu'est l'oiseau.
Tous mouraient, depuis Icare ; cer
tains se tuent encore.
Mais rien n'arrête ce besoin.
Montgolfier s'interroge sur les vertus ascensionnel
les de l'air chaud et, en 1783, s'élève au-dessus
d'Annonay, en Ardèche.
En moins de dix ans, d'au
tres audacieux allaient mettre au point son étrange
appareil, le modifier,
le moderniser, le transformer
complètement.
D'aut~es, plus audacieux encore se
(Charmet)
Restif de la Bretonne, dans décrit la Découverte australe par un homme volant, ou le Dédale français, publié en 1781, un appareil permettant le vol humain , comparable à ceux que quelques intrépides inconscients utilisaient de temps à autre pour se jeter dans le vide..
»
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