LES SPECTACLES: Le jeu du miroir
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
F.
Le DlascornNiva
Carnaval de Stavelot (Belgique) un groupe de «blancs moussis ».
même titre que l'enfant qui enfourche un bout de bois signifie que ce bout de bois est un cheval -et il n'aime guère jouer devant des adultes, sachant
bien que pour ceux-ci son bout de bois n'est pas un
cheval -artistes et public sont liés par la significa
tion.
Tandis que l'acteur se charge de
«signifiés», le groupe autour de lui désigne le signifiant.
Il y a
prises en charge.
A
ce jeu de la signification, deux formes de
spectacle bien distinctes socialement ne marquent
pas tant une différence qu'un degré : le spectacle
dans lequel public et acteurs semblent confondus
(carnavals, mascarades, etc.) et celui dans lequel ils
sont
distanciés (théâtre ...
).
De fait, un lien unit ces
deux formes : dans les deux cas, quoi qu'il advien
ne, tous les participants jouent un rôle et que le public du .second cas en soit réduit au seul rôle de spectateur ne détruit pas pour autant l'importance
de ce rôle unique : sans public, le spectacle n'est
pas.
La tëte, un vaste psychodrame
Aussi loin que nous remontions dans le temps,
c'est groupés que nous retrouvons nos ancêtres.
Les arts du spectacle sont nés de ces longues sta
tions autour d'un feu, d'un totem, d'un chef.
La
danse des chasseurs indiens d'Amérique du Nord
(nous la retrouvons dans certains rites africains)
donne
une idée de ce que furent les premiers spec
tacles que les hommes se donnèrent à eux-mêmes.
Il s'agit pour le chasseur, par exemple, de narrer sa
chasse en la mimant, en la dansant, en la chantant,
etc.
Mais, dès que l'homme raconte, il invente.
Imagination et raison se rencontrent et s'épaulent
mutuellement dès lors qu'il s'agit de signifier.
Naît
l'art du spectacle :
le spectacle offert n'est plus seu
lement information avec processus d'identification
directe, mais
il devient aussi imagination, création
et sublimation avec la dualité qui en découle : dis
tanciation par rapport à la réalité (détente, démy
thification) et identification sublimée.
De ces réunions d'hommes vont donc naître
plusieurs formes de spectacle, liées cependant par
ce fait qu'il s'y agira toujours initialement de con
célébrer dans ce sens de marquer un événement, de le fêter.
Célébrer les forces de la nature avec les
quelles on est sans cesse en conflits ; marquer l'évé
nement des combats, des cataclysmes, de la vie et
de la mort, la chasse, l'union, etc.
Tout en la repré
sentant, la
fête est aussi et surtout un oubli par
dépassement de la réalité.
Ce que l'on redoute et
n'ose généralement ni nommer ni regarder sans se
voiler la face sera ce jour-là appelé, invoqué et pro
voqué pour être assimilé au groupe en fête.
Dirigée ou non, la
fête étant démythification de
la réalité subie, sera l'occasion de toutes les auda
ces et
le lieu de bien des libérations.
Danses, cris,
chants, exercices gymnastiques, narrations aux
quels
se mêlent comiquement ou tragiquement les
entités usuellement tant redoutées mais que l'on
représentera à cette occasion par des masques, des
attitudes et des pantomimes ...
La fête -qu'elle soit
ou non à caractère religieux -est un vaste psycho
drame dans lequel chacun joue un rôle approprié à
sa situation et d'où nous sont venues toutes les for
mes du spectacle.
De la tëte au spectacle
Parmi les fêtes il convient de citer pour mémoire
les Dionysies grecques, les tournois, les triomphes,
les cavalcades, les mascarades, les foires, les ker
messes ...
Autant de thèmes ou mobiles de fête qu'il
y a de fêtes, mais un seul propos initial : marquer
ensemble un événement, l'assimiler sociologique
ment.
Organiser une fête sportive, religieuse, mili
taire ou royale c'est, par humanisation, assimiler et
imposer l'idée
du sport, de la religion, de la puis-.
»
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