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Le sport de 1900 à 1909 : Histoire

Publié le 26/12/2018

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histoire

Les trente dernières années du xixe siècle voient la naissance de la plupart des disciplines sportives modernes, mais ce n’est qu’au début du xxe siècle qu'apparaissent les premières compétitions internationales et, avec elles, les premiers règlements. Ainsi le sport prend son véritable essor et devient un phénomène d'importance dans nos sociétés.

 

Du CERCLE À L’ASSOCIATION

 

Jusqu’alors, seuls quelques aristocrates rassemblés dans des cercles s’adonnent au sport, c’est-à-dire à un passe-temps où se manifestent des valeurs nobles telles le fair-play ou le culte du beau geste. Puis peu à peu, sous l’influence des universités anglo-saxonnes, se créent de nombreux clubs ouverts non plus seulement aux élites mais avant tout aux classes moyennes, et dont la philosophie s'inspire d'un certain darwinisme social. Pour beaucoup d'observateurs en effet, la supériorité de l'empire britannique et le dynamisme de la nation américaine ont pour origine des méthodes d'éducation accordant une place privilégiée aux épreuves sportives. Développement de la volonté. acquisition d'un moral de vainqueur et sélection des meilleurs éléments semblent être à la base d'un système qui lie devenir social de l'individu et exercices physiques. Aussi le passage du cercle au club marque-t-il celui du plaisir, dans son expression gratuite et singulière, à la compétition.

 

Pourtant, la fonctionnalisation de l'activité sportive n’aurait pu être possible sans le rôle prépondérant joué par l'armée, l'Église et l’État. Et la raison principale de l’essor formidable du sport au xxe siècle réside sans doute dans cette conjonction de visées idéologiques, qui ont amené les grandes institutions «sociabilisantes» à relayer les partisans du sport à l’anglaise dans leur tentative pour populariser une pratique restreinte. Aux sources de cette évolution, qui ne cessera jusqu’à nos jours de s’amplifier, se mêlent à la fois patriotisme, souci de moralité et volonté d’encadrer la jeunesse. Moins connu, mais primordial, l’intérêt que les militaires portent au sport remonte au lendemain de la victoire allemande de 1870. Lcdu-cation à la prussienne fondée sur les exercices physiques et la discipline apparaît comme l'une des causes de ce succès. Le sport devient alors, sous une forme rudimentaire, limitée à des disciplines directement utilisables, telles la course ou l'endurance, le moyen privilégié de préparer tant physiquement que moralement les jeunes conscrits à une éventuelle nouvelle guerre. Sous l’égide de l’armée, les sociétés de gymnastique et de tir se multiplient.

 

Pourtant, dès les années 1890, le sport sort des casernes et trouve dans les organisations religieuses de puissants relais pour étendre son champ social. L'idée selon laquelle la pratique sportive possède des vertus éducatives — le sens de l’effort et de la collectivité, le respect des autres et des règles —, idée qui est à l’origine du scoutisme, connaît une grande faveur en cette fin de siècle auprès des Églises catholique et protestante, désireuses de mener à bien la reconquête spirituelle d’une société de plus en plus laïcisée. Dans cette optique, les Américains Naismith et Morgan, membres de la YMCA (Young Men Christian Association), inventent respectivement le basket-ball et le volley-ball, jeux que l’on peut pratiquer dans de petits locaux comme ceux dont disposent les deux pasteurs. En France, la fédération des patronages, la FGSPF, qui regroupe en 1908 50 000 adhérents, permet à l’Église de retrouver au sein de la société française une place plus dynamique.

 

Mais plus encore que l’Église, l’État est lui aussi amené à participer à cette évolution. Il favorise, par la construction d’installations, la pratique sportive dans les écoles et crée une législation adaptée. La loi sur les associations de 1901 a pour conséquence, en France, une augmentation très nette du nombre de licenciés. Le cas français révèle d'ailleurs un autre aspect de cette participation étatique. En s’efforçant de contrecarrer les efforts déployés par les prêtres, l’administration fait du sport un lieu d’affrontement politique entre républicains et religieux. Ainsi s'explique le développement du rugby, favorisé par l’instituteur et le militaire, dans le Midi radical et anticlérical, au détriment des sports de curés tels que le basket-ball ou le football. De même, jusqu’en 1913, la France possède deux équipes internationales de football, l'une laïque, l'autre catholique. Se créent

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« LE SPORT S'ORGANISE.

L'appren tissage du sport devient méthodique, ainsi pour la nararion.

© Mary Evans • Explorer Arc/rives l'État.

Et la raison principale de l'essor formidable du sport au xx' siècle réside sans doute dans cette conjonction de visées idéolo­ giques, qui ont amené les grandes institutions «sociabilisanteS>> à relayer les partisans du sport à l'anglaise dans leur tentative pour populariser une pratique restreinte.

Aux sources de cette évolution, qui ne cessera jusqu'à nos jours de s'amplifier, se mêlent à la fois patriotisme, souci de moralité ct volonté d'encadrer la je u ne sse.

Moins connu, mais primordial, l'intérêt que les militaires portent au sport remonte au lendemain de la victoire allemande de 1870.

V édu­ cation à la prussienne fondée sur les exercices physiques et la disci­ pline apparaît comme l'une des causes de ce succès.

Le sport devient alors, sous une forme rudimentaire, limitée à des disciplines directe­ ment utilisables, telles la course ou l'endurance, le moyen privilégié de préparer tant physiquement que moralement les jeunes conscrits à une éventuelle nouvelle guerre.

Sous l'égide de l'armée, les sociétés de gymnastique ct de tir se multiplient.

Pourtant, dès les années 1890, le sport sort des casernes et trouve dans les organisations religieuses de puissants relais pour étendre son champ social.

Lïdée selon laquelle la pratique sportive possède des vertus éducatives -le sens de l'effort et de la collectivité, le respect des autres et des règles -, idée qui est à l'origine du scoutisme, connaît une grande faveur en cette fin de siècle auprè s des Églises catholique et protestante, désireuses de mener à bien la re­ conquête spirituelle d'u ne société de plus en plus laïcisée.

Dans cette optique, les Américains Naismith et Morgan, membres de la YMCA (Young Men Christian Association), inventent respectivement le bas­ ket-baU et le volley-bali, jeux que l'on peut pratiquer dans de petits locaux comme ceux dont disposent les deux pasteurs.

En France, la fédération des patronages, la FGSPF, qui regroupe en 1908 50 000 adhérents, permet à l'Ég li s e de retrouver au sein de la société française une place plus dynamiqu,e.

, Mais plus encore que l'Eglise, l'Etat est lui aussi amené à participer à cette évolution.

Il favorise, par la construction d'installa­ tions, la pratique sportive dans les écoles et crée une législation adap­ tée.

La loi sur les associations de 1901 a pour conséquence, en France, une augmentation très nette du nombre de licenciés.

Le cas français révèle d'ailleurs un autre aspect de cette participation étatique.

En s'efforçant de contrecarrer les efforts déployés par les prêtres, l'ad ­ ministration fait du sport un lieu d'affrontement politique entre répu­ blicains et religieux.

Ainsi s'explique le développement du rugby, favorisé par l'instituteur et le militaire, dans le Midi radical et anti­ clérical, au détriment des sports de curés tels que le basket-bali ou le football.

De même, jusqu'en 1913, la France possède deux équipes internationales de football, l'une laïque, l'autre catholique.

Se créent aussi des associations sportives ouvrières telles l'Union sportive du parti socialiste qui vise à «développer la force musculaire et purifier les poumons de la jeunesse prolétarienne» et surtout l' Arbeitcrtur­ nenbund all eman de qui rassemble 190 000 membres.

Encouragé, mis au service de différentes causes, le sport connaît jusqu'à la guerre de 1914 une croissance très importante de ses effectifs.

Certes, les dirigeants sportifs appartiennent en majorité aux classes moyennes, mais déjà s'amorce une ouverture vers les masses qui découvrent là un plaisir nouveau et valorisé.

En réponse à cet engouement, une double évolution se des­ sine.

Il s'agit de mener à bien la codification des pratiques puis d'en étendre le champ.

R ÉGLEMENTATION ET INTERNATIONALISATJON I.:émergence du modèle compétitif et sa généralisation à tous les sports engendrent un vaste effort d'uniformisation des règles pour que chaque concurrent puisse sc mesurer en toute égalité et exprimer au mieux ses qualités.

Les principes de base de tous les grands sports sont ainsi définis: nombre de joueu rs, durée d'une par­ tie, dimensions du terrain, rien n'échappe à cette volonté codificatrice qui touche même les anciennes disciplines telles la natation.

Cet esprit de réglementation s'applique également au ni­ veau international.

Dans le même temps, se constituent fédérations nationales et internationales.

Ainsi de 1900 à 1912, le football, la natation, le yachting, le hockey sur glace et l'athlétisme se dotent d'organismes fédératifs.

Mais bien plus souvent, la fièvre des compéti­ tions est te lle qu'eUe prend de vitesse les tentatives de mise sur pied de fédérations.

Pittoresques parfois -comme la première rencontre in­ ternationale de jiu-jitsu, qui voit le petit Japonais Re-Nie terrasser, sans même ôter son chapeau, le géant Dubois -,les épreuves spor­ tives, grâce à l'amélioration des règles et à ce souci d'enc-adrement, n'en acquièrent pas moins crédibilité et renommée.

Très vite, on passe d'une forme de duel où n'importe qui peut défier le champion à l'établissement d'une série de sélection, au moyen de tournois, de courses, etc., qui permet aux meilleurs d'émerger.

Seule la boxe conserve encore ce sens du défi ainsi que le prouve le «match du siècle» (déjà!) entre l'hercule Jeffries et l'élégant Corbett.

Mais plus révélatrice est l'apparition d'une nouvelle notion dans la pensée spor­ tive, celle de record où le chronomètre ct le mètre deviennent les juges impartiaux de la valeur des concurrents.

Les premières rencontres internationales ont lieu à cette époque dans la plupart des sports.

Beaucoup des grandes compéti­ tions actuelles apparaissent: la coupe Davis, le Tour de France, le tournoi des Cinq Nations, les Championnats du monde de natation, d'haltérophilie, de patinage ...

ct bien sOr les jeux Olympiques.

Fruit des efforts d'un comité réunissant à la f9is des adeptes de l'éducation sportive à l'anglaise et des hommes d'Eglise qui lient pratique physique et spiritualité, les premiers jeux Olympiques de l'ère moderne s'ouvrent à Athènes en 1896.

Malgré le succès initial dû à la curiosité, les Jeux suivants souffrent d'un certain désintérêt.

Les buts visés par l'olympisme, qui selon Pierre de Coubertin tend à «assembler en un faisceau radieux tous les principes conco�rant au perfectionnement de l'homme», ne sont compris ni par les Etats qui voient là une utopie sans lendemain ni par le public qui se passionne uniquement pour les grandes épreuves spectaculaires comme le mara­ thon.

Il faut attendre les Jeux de Londres, en 1908, pour voir le triomphe définitif de l'olympisme qui s'explique en grande partie par l'ambiguïté des réponses aux problèmes auxquels le comité olympique et la société du début du siècle sont confrontés.

Si la question des femmes se résout facilement avec leur admission aux Jeux de 1900, celle du racisme reste en suspens.

En effet, en marge des Jeux de Saint Louis, en 1904, se déroulent des Anthropological Days réservés aux sportifs noirs, philippins et indiens.

Surtout, l'olympisme doit faire face à un autre écueil: un nationalisme croissant.

Conçue pour rap­ procher les hommes dans une saine émulation, la compétition se transforme assez vite en une affirmation des vertus nationales.

Dans le meilleur des cas, s'élabore une typologie des styles.

Ainsi le jeu des Américains se caractérise-t-il par une efficacité dépourvue de finesse, à la différence de celui des Français jugé vif et rusé mais peu athlé­ tique.

Cependant, le plus souvent, lié désormais au prestige national, le sport devient une sorte d'exutoire des pa ss ion s patriotiques: le seul match qui attire la foule aux Jeux de Paris se trouve être la rencontre de rugby entre la France et l'Allemagne.. »

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