L'alpinisme
Publié le 26/12/2018
Extrait du document
ILS EN FONT DES MONTAGNES
L'histoire de l'alpinisme est vieille d'un peu plus de deux siècles.
Elle débute réellement avec l'ascension du Mont Blanc, dans les Alpes, le 8 août 1786.
Jacques Balmat et Michel-Gabriel Paccard furent les premiers hommes à fouler le sommet du toit de
l'Europe, exploit pour lequel Horace-Bénédicte de Saussure,
homme de sciences genevois fortuné et amoureux du Mont Blanc, avait décidé d'offrir une
coquette récompense...
Ainsi, c'est du nom « Alpes » que vient le terme alpinisme, désignant à l'origine l'ascension des sommets de la chaîne Alpine puis, par extension, de toutes les montagnes.
L'aspect sportif de l'alpinisme se développe avec la recherche de la difficulté, plutôt que du sommet. Les possibilités de « premières » se multiplient : les monts déjà conquis sont atteints par des voies différentes, plus difficiles. L'engouement pour cette discipline n'a pas cessé de croître, a fait un nombre d'émules en constante augmentation, et a donné naissance à plusieurs variantes : la varappe est devenue une discipline à part entière, avec ses compétitions et ses champions, elle se pratique sans matériel sur des roches ou des murs d'escalade ; l'escalade en falaise, à deux grimpeurs munis de cordes, mousquetons et baudriers ; et les cascades de glace, avec piolets et crampons, pour alpinistes chevronnés connaissant bien les conditions de température, de pente, d'état de la glace...
Actuellement, l'alpinisme n'est toujours pas considéré comme un sport de compétition mais l'Union Internationale des Associations d'Alpinisme, est reconnue depuis 1995 par le Comité International Olympique. Fondée en 1932, elle regroupe plusieurs millions de membres, issus de 76 pays dans le monde.
LES TECHNIQUES
L'alpinisme, c'est l'art de pratiquer la haute montagne, gravir des sommets, parcourir des glaciers. Il existe plusieurs formes d'alpinisme : la randonnée glaciaire, l’escalade rocheuse, l'escalade glaciaire, l'escalade mixte. Les techniques sont différentes selon le terrain.
Les niveaux de difficulté sont également variables. On a pris l'habitude de les graduer en six degrés : du plus facile (degré I) à « la limite des possibilités humaines » (degré VI).
Le ROCHER
L'escalade des rochers est plus ou moins difficile selon le nombre, la disposition et la taille des prises. Les fissures sont utilisées pour y coincer les pieds, les bras ou les mains. On parle d'escalade de haute montagne lorsque les voies se situent à une altitude supérieure à 2 500 m.
La recherche de prises
C'est la technique essentielle de progression : les fentes des rochers, les moindres aspérités peuvent être utiles au grimpeur. La solidité de ces prises est
liée à la nature du terrain et peut varier selon les conditions climatiques.
La cordée
Elle désigne un ensemble d'alpinistes, reliés par une même corde, pour effectuer une ascension. Les cordées comptent généralement deux ou trois alpinistes. La cordée à deux, plus rapide et plus sûre, est dite réversible : chaque grimpeur en prend
alternativement la tête. Dans la cordée à trois, le meilleur marche en tête (c'est le « premier de cordée »), le plus faible au milieu. Pour la descente, le meilleur reste en dernier pour assurer ses deux compagnons.
L'OPPOSition
Utilisée aussi en spéléologie pour escalader une cheminée ou une fissure, cette technique consiste à progresser en exerçant sur les parois des forces de direction opposée.
C'est la technique employée dans les cheminées : le dos et les mains s'opposent aux pieds, et la progression s'opère par la remontée du dos, en appui sur les mains.
Le baudrier
Le harnais, constitué de sangles (ceinture, bretelles, cuissardes), le plus souvent en nylon, est indispensable pour s'encorder. Il permet aussi de rester suspendu, sans produire d'efforts, aux points d'ancrage, ou dans le cas d'une chute dans une crevasse. Enfin, il répartit les chocs, suite à l'arrêt brutal d'une chute, sur différentes
parties du corps. Il possède des boucles où accrocher pitons, coinceurs et mousquetons. Il existe en modèle cuissard, ou complet, enveloppant le torse et les cuisses.
Le mousqueton
C'est un anneau de métal maintenu fermé par un ressort.
«
l'appui.
Ils possèdent un œilleton.
Selon
la dureté de la roche, on utilise des
pitons en métal tendre (calcaire) ou
en alliage dur (granit).
Les pitons
à expansion se développent quand on
les visse et sont très résistants.
Le colnceur
Métallique, le coinceur se place dans
une fissure et se verrouille dans un
passage étroit sous l'effet d'une traction
vers le bas.
Il ne détériore pas le rocher,
contrairement au piton.
Plusieurs variétés
existent : le coinceur mécanique, à
cames, qui s'écartent sous la traction et
se coincent dans la faille, ou le coinceur
"friends », léger, souple et résistant,
pour les fissures de 10 à 19 4 mm.
La broche à glace
En forme de tube, elle s'enfonce dans
la glace sans la faire éclater, la plupart
se vissent Elle est utilisée pour
l'assurage, on lui fixe un mousqueton.
Il est indispensable de connaître
la qualité de la glace.
Les crampons
Le plus courant
est le crampon
articulé, qui
se fixe sur
tous types de
chaussures,
notamment
les chaussures
de marche.
___ _.
Les crampons
semi-rigides sont utilisés pour l'escalade
technique, les crampons rigides pour
l'escalade raide (goulotte, cascades).
Les " antibottes », plaques de
caoutchouc spéciales, empêchent
la neige ramollie de se coller aux
crampons et de neutraliser leur piquant.
Les étriers
Ce sont des petites échelles de corde,
utilisées en escalade artificielle, que
l'on accroche par un mousqueton sur
un point d'assurage.
Puis on passe le
pied dedans pour se hisser vers un
point plus éloigné.
L'tQUIPEMENT
Les chaussures et chaussons
Les chaussures en cuir sont plus confortables,
mais moins pratiques
d'utilisation que les nouveaux modèles,
à coque plastique, qui sont plus
étanches, plus chauds, et s'entretiennent
facilement Les chaussons conjuguent souplesse
et adhérence grace à leur semelle de
caoutchouc.
Les plus légers et plus fins
sont les ballerines ; les plus utilisés
sont les chaussons taille basse ;
les chaussons taille haute protègent
mieux les chevilles.
Les vêtements
On privilégie la superposition de trois
couches de vêtements : une carline,
synthétique, qui permet d'évacuer
la transpiration ; une polaire chaude ;
enfin, une veste coupe-vent et
imperméable, type gare-tex.
Sans
oublier des sous-vêtements chauds
(collant ...
), et un bon bonnet, car il
est indispensable de protéger sa tête.
Les gants
Les gants protégent du froid, mais aussi
des chocs contre la glace ou la roche.
Les modèles légers, en cuir, sont utilisés
pour les escalades simples.
Mais en cas
de grand froid, on se tournera vers des
solutions en laine (neige), ou vers les
moufles, qui protègent le mieux du
froid, mais ne permettent pas les prises
précises.
Les lunettes de glacier
Ce sont les seules qui disposent d'un
filtre suffisant pour protéger les yeux
de la luminosité de l'altitude, voire de
sa réflexion sur les glaciers.
Par mauvais temps, on leur préférera
le masque, qui accentue les reliefs
dans un environnement où le blanc
domine (neige, brouillard).
Le casque
Il n'est pas systématiquement utilisé,
malgré la protection qu'il offre
en cas de chute de pierres.
Il existe
aujourd'hui des modèles extrêmement
légers.
Les vivres de coune
Boire est absolument vital en alpinisme,
que ce soit de l'eau ou une boisson
chaude dans une bouteille isotherme,
pour éviter la déshydratation qui
favorise les gelures, et chasser la
1----------------1 fatigue.
C'est aussi le rôle des barres
LE CANYONINCi
Le mot est dérivé de l'espagnol cation.
Ce sport en vogue consiste à descendre
des falaises, à l'aide d'une corde, en
utilisant les escarpements naturels
de la roche comme points d'appui.
Ce sont souvent les parois entourant les
gorges des rivières, ce qui implique de
la nage et des plongeons.
La descente
des IOITents dont l'eau a creusé
la roche offre une grande variété de
terrains : des étroits (passages resserrés
entre deux versants), des biefs (cours
d'eau compris entre deux rapides
successifs), des vasques (cuvettes à
fond plat et à bords raides en surplomb) .
La pratique du canyoning fait appel
à des techniques empruntées
à l'alpinisme, l'escalade, la randonnée,
la spéléologie et l'eau vive.
de
céréales, des fruits secs, et tous
aliments non périssables à fort potentiel
énergétique.
La trousse de premiers secoun
Indispensable, elle contient de quoi
apporter des soins externes (bandes de
contention, compresses, couverture de
survie, désinfectant .
..
), des médicaments
(aspirine, crème protectrice, antivomitif,
antispasmodique, antivomitif, crème
protectrice et stick pour les lèvres ...
),
et du matériel d'alerte (sifflets, fusées).
DES ORIENTATIONS DIVERGENTES
.--------.
Les
uns
après les
autres,
les monts de
I' Hillcr/Gya
sont vaincus.
Dès lors,
A l'alpinisme
prend un
nouveau
tour.
Les
expéditions
•K.J r...: ..._ ....
OOI __
deviennent légères, le recours à l'oxygène est
contesté.
La notion de performance
entre en jeu.
Certains cherchent à escalader
les sommets les plus élevés
en empruntant des voies plus difficiles
que l'accès normal, et s'attaquent à
des configurations particulières :
pilier sud-ouest des Drus (Walter
Bonatti, 1955) ; face nord du Cervin
(Dieter Marcha ri, 1959) ; face nord
de l'Eiger en hiver (1961).
l'alpinisme
se réoriente ensuite vers la recherche
d'enchaînements d'escalades, de
records de vitesse, et se combine
avec d'autres sports ...
L'ASCENSION DIRECTE
Elle consiste à rallier un sommet en
considérant la voie praticable la plus
courte et souvent très difficile.
L'ASCENSION HIVERNALf
Ascension d'hiver en haute montagne.
Elle demande l'utilisation d'outils
supplémentaires tels que les raquettes,
les crampons et le piolet pour aborder
les sommets enneigés.
La première
hivernale d'un 8 ooo rn, le Dhaulagiri
(Himalaya), a été réalisée en 1982, par
le Japonais Akio Koizumi.
l'ascension
sans aucune
assistance
présente
un degré
de difficulté
extrême.
En 1996,
Jean Christophe
Lafaille a
réussi la
double ascension en solitaire, du
Gasherbrum Il (Karakoram, 8 035 rn) et
du Gasherbrum 1 (Karakoram, 8 068 rn)
en moins de quatre jours.
L'ALPINISME DE « COURSE Il
La course se fait généralement à partir
d'un refuge (il en existe plus de cent
vingt dans les Alpes françaises).
Le départ a lieu souvent en pleine nui�
quand le gel cimente encore les pierres
et garde à la neige sa cohésion.
La cordée idéale se compose de deux
ou trois personnes.
Dans une course
difficile, une cordée de deux alpinistes
est plus maniable et plus rapide.
En montagne, la rapidité est souvent
fadeur de succès et de sécurité.
L'ENCHAINEMENT DE SOMMETS
La difficulté réside dans le fait de gravir
des sommets plus hauts les uns que
les autres, les uns après les autres,
en ne s'octroyant aucun répit entre
les ascensions.
L'tCOLE « HIMALAYENNE Il
Des camps d'altitude sont installés
et des cordes fixes sont posées pour
permettre aux alpinistes de se déplacer
à l'aide d'autobloquants.
Ce type
d'expédition nécessite plusieurs tonnes
de matériel et n'est réalisable qu'avec
des centaines de porteurs et des crédits
importants.
L'tCOLE « ALPINE Il
La fin des années 1970 a vu une
évolution importante et probablement
irréversible.
Des expéditions légères,
économes en moyens, en argent
et en hommes se développent :
ascension sans oxygène, sans porteur
d'altitude, sans corde fixe.
lA
COMBINAISON AVEC D'AUTRES SPOm
A titre d'exemple, en 1986, Jean-Marc
Boivin enchaîne en dix-sept heures, à
l'aide d'une aile delta, l'Aiguille verte,
L'ESCALADE REPRtSENTAnON
À partir du milieu des années 1980,
l'escalade connaît une vogue nouvelle,
attirant sponsors et médias.
Des compétitions d'escalade sont
organisées, comme de véritables
spectacles, sur des murs construits en
salle.
Le succès de cette nouvelle forme
d'escalade est lié aux performances
de champions comme Patrick Edlinger
ou Isabelle Patissier, qui ont fait
sensation en escaladant sans aucune
forme d'assurage.
DE NOUVELLES APPROCHES
L'ESCALADE ARnACIELLf
Dans la mesure où tous les sommets
sont gravis, toutes les faces et arêtes
parcourues en hivernale ou en solitaire,
une nouvelle conception de la course
en montagne apparalt.
En réaction au
surpitonnage et à l'utilisation excessive
des moyens de l'escalade artificielle,
les meilleurs grimpeurs actuels tentent
de gravir en escalade libre certains
passages, qui ne se faisaient jusqu'alors
qu'en escalade artificielle.
Dans le souci
de pratiquer une escalade qui ne
dénature pas le rocher, les pitons
tendent à être remplacés par des
coinceurs qui se placent dans les
fissures.
La condamnation des pitons
à expansion devient unanime.
On
réprouve l'emploi, pour les courses
alpines, de la technique himalayenne
et la pose de cordes fixes : l'ascension
doit se faire d'une traite.
L'ESCALADE À.
MAINS NUES
l'escalade libre, en solitaire,
avec un
équipement
extrêmement
léger, et
à mains
(et parfois
pieds) nu(e)s
a gagné du
terrain .
Il s'agit de
rechercher
les prises
naturelles pour grimper très rapidement
des reliefs, dont l'altitude ne constitue
pas l'intérêt principal.
Cette forme
d'alpinisme léger s'est d'abord
pratiquée dans les moyennes
montagnes ou même sur des reliefs
(falaises) plus modestes.
En France,
la Provence (en particulier les gorges
du Verdon) demeure une terre
d'élection.
Mais depuis le début des
années 1980, l'escalade libre a gagné
les grands itinéraires de la haute
montagne, notamment en été.
QUELQUES
GRANDS NOMS
BoNAm WALJEI (ITAUE.
Nt EN 1930)
Il réalise, en 1955, l'ascension en
solitaire du pilier sud-ouest des Drus
et, en 1965, la première hivernale
directe de la face nord du Cervin.
Il gravit treize des Quatorze 8 000
du globe.
En 1995, il trouve la mort lors
de l'ascension du Kangchenjunga.
Initialement grimpeuse chevronnée
en rocher pur, elle s'est depuis orientée
vers les grandes premières hivernales,
dans les conditions les plus difficiles.
Elle gravit notamment la face nord de
l'Eiger en 1992 et celle du Cervin en 1994.
Chef de l'expédition française dans
l'Himalaya du Népal en 1950, il gravit
en compagnie de Louis Lachenal.
I'Annapurna (8 078 rn), premier
sommet de 8 000 rn vaincu.
Les deux
hommes subissent de graves engelures
aux mains et aux pieds.
De 1963 à 1966,
il fut haut-commissaire puis secrétaire
d' État à la Jeunesse et aux Sports.
SIR HILLARY EDMUND
(NOUVELLE-ltLANDE.
1919·1003)
Il e� en 1953, le premier vainqueur
de l'Everest en compagnie de Tenzing
Norgay, l'un des premiers sherpas à
avoir acquis un haut niveau technique.
MESSNER REINHOUD (ITAUE.
Nt EN
1944)
En atteignant en 1986 le sommet du
Makalu, il devient le premier à avoir
gravi les Quatorze 8 000 rn de la
planète.
Sa préparation méticuleuse,
ses réussites en style alpin, souvent
sans oxygène, son refus d'utiliser les
pitons à expansion ont introduit une
nouvelle éthique dans l'himalayisme
moderne.
REBUFFAT GASTON (FRANCE, 1911-1985)
Il fait partie de l'expédition sur
I'Annapuma en 1950.
Par ses écrits et ses
chroniques, il fait découvrir la "conquête
de l'inutile» à un large public..
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