La cote des artistes dépend principalement des médias. Experts, galeristes et hommes d'affaires sont les arbitres du talent artistique
Publié le 22/03/2019
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La cote des artistes dépend principalement des médias. Experts, galeristes et hommes d'affaires sont les arbitres du talent artistique
En cette fin de vingtième siècle, la scène artistique est contradictoire, oscillant entre tension extrême et déception, révolte et stagnation. Loin d'être omniprésent, un sentiment de résignation se propage pourtant, tel que l'exprime l'artiste allemand Anselm Kiefer : «Il est en soi impossible de faire des photos. Il en existe déjà tellement.»
Directeur de la Hamburger Kunsthalle, le Professeur Werner Hofmann n'est guère optimiste. Interrogé sur ses attentes en matière d'activité artistique au début des années 90, il déclare : «Des attentes? Je pense que la mise en exploitation et la marche à vide vont s'accélérer. (...) Les musées vont devenir méconnaissables, et seront à la botte d'hommes d'affaires brillants, ces bouffons des hommes politiques. Naturellement, on parlera d'une nouvelle identité. Mais les arts vont périr de propagation massive et de leur publicité. » Un an plus tard, Berlin accueille l'exposition « Metropolis >> dont le thème est l'art des années 90. Les critiques affirment que la plupart des artistes sont devenus sceptiques, fatigués ou cyniques, coupables aux yeux du public de visions et d'utopies.
Qui produit l'art? On n'a jamais autant produit d'œuvres d'art que dans les années 90. la question du siècle «Qu'est-ce que l'art, qu'est-ce qui n'est pas de l'art?» n'est plus à l'ordre du jour. Joseph Beuys et Andy Warhol, deux «prophètes» de l'art moderne aujourd'hui disparus,
avaient érigé tous les hommes au rang d'artistes. Pour eux, tout était art.
Critiques d'art, galeristes et directeurs de musée succombent souvent à la tentation d'exploiter ces mines d'or que sont les honoraires, les provisions et autres budgets d'exposition. Après l'avant-garde, ils proclament la transavant-garde et après l'art moderne, le post-moderne. la création de fonds artistiques, les spéculations sur les hausses de prix accélérées par des expositions spectaculaires et les résultats de ventes aux enchères transforment certains experts. Ils ferment alors les yeux sur le véritable talent artistique.
«
cc
De l'œuvre d'art à l'observateur d'œuvre d'art» est le slogan de la IX' documenta de Cassel, dirigée par le Belge Jan Hoet.
L'un des symboles de l'exposition
est la sculpture Himmelsstürmer de l'Améric ain Jonathan Borofsky.
Pourquoi les artis tes ne se réfèrent-ils
plus aux valeurs du vrai et du beau? C'est
égale ment la que stion que se pose
l'écrivain américain Tom Wolfe (L'ttoffe
des héros, 1979 ; Le Bûcher des vanités,
19 87).
Caric aturan t sa ns vergogne la
société américai ne, il raille aussi l'art
moderne et dénonce l'influence, selon lui
pernicieuse, de la culture européenne.
Art mondial à Cassel.
Directeur de la IX'
documenta de Cassel, le Belge Jan Hoet
souh aite au dépar t limiter à 125 le
nombr e d'ar tistes.
Il en rencontre beau
coup, mais nombreux sont ceux qui n'ont
presque rien à vendre.
Jugeant que la
quali té de leur trava il est nett ement
supérieur e à ce que l'on trouve sur le
marché, Hoet permet à deux cents artistes
de présenter leurs œuvres à Cassel en
19 92, et souligne que sa sélection n'est
pas celle des galer istes.
Certes, la galerie
privée a joué un rôle important puis
qu'elle a permis de découvrir de nom
breux artistes de talent.
Mais pour Jan
Hoet, rien ne vaut l'écoute et le contact
di rect avec les artistes.
Le rôle de la photogr aphie.
La
documenta de 1992 et les deux biennales
de Venise de 1993 et 1995, accueillent un
matériel envahissant qui occulte tableaux
et scul ptur es trad itionnels.
Des écrans
empi lés métamorphosent les salles d'exposition
en salles de cinéma.
Dès la
fin des années 1960, l'Américain Bruce
Nauman crée des environneme nts qui
envoient des image s sur écran vidéo.
Autre pionnier de l'art video, le Coréen
Nam June Paik.
Après avoir pris
conscience que tout le monde regarde la
télévision sans penser agir sur el le, il
pr ésente en 1965 une exposition
d'Eie ctronic Art.
N'ayant pas accès aux
st ations de télévision, il s'ada pte à
l 'espace des galer ies et prod uit des
bandes vidéo.
Dans l'histoire des médias,
Bon jour Monsieur Orwell (1�janvier 1984)
est le premier programme conçu par un
artis te et retra nsmis simultanément aux
Etats- Unis, en Europe et en Corée.
Inventeur, artiste, producteur, réalisateur,
Pa ik produit des œuvres d'art en temps
réel ou en dif féré.
La thèse du sociologue canadien
Mars hall Mcluhan qui date des anné es
60 -Je message, c'est Je média -n'est
qu'à moitié vraie.
La magie et l'aur a de
l'art agissent sur chaque média.
À partir
de 1981, le trav ail de Marina et Ulay
Abramovic abandonne tout caractère
ag ressif pour tendr e à un symbolisme
théâtral : Nightsea Crossing (1981-19 86)
est une conce ntration silencieuse des
deux artistes sept heures durant, leur
objectif étant de «donner corps à
l'énergie, la trans former de mat érielle en
spir ituelle, la faire s'env oler».
Louis e Bo
urgeo is, Américaine d'origine
française, forme des espaces de souvenir
symboliq ues, tandis que l'Italien Fabrio
Maur i figur e la perséc ution des juifs
derrière un monstrueux mur de valises.
Rattaché au Land Art, Richard Long, né à
Bristol, dispose en formes géométriques
simple s, à ciel ouvert, des pierres, des
bâtons, propres à un site.
Ces travaux,
souvent éphémères et réal isés dans des
lieux inaccessibles au publi c, ont besoin
de la photog raphie comme mode
complémen taire de présenta tion.
Chri sto et ses empaqu etages.
Ce
sc ulp teur américain d'origine bulgar e
pose un regard critique sur la société de
consommation.
Cela le conduit à uti liser
les produ its et les déch ets de cette société
dans ses œuvres d'art.
Proche du groupe
des Nouveaux Réalistes, sa principale
contribution au renouve llement de l'art
réside dans ses empaque tages d'objets et
de monu ments.
Avec la collab oration de
sa femme Jeanne-Claude, il entreprend
d'emballer des monu ments célèbres à
l'aide de bâches.
En 1968, il emballe le
Ku nst halle de Berne ; en 1970, le
Philadelphia Museum of Art ; en 1985, il
procède à l'empaq uetage du Pont-Neuf à
Paris ; et en 1995, c'est au tour du
Reichstag de Berlin.
Le but de Christo est
de modifier le comportement et l'envi
ronnement de l'humani té..
»
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