La chanson française dans les années 60 : des idoles à la contestation
Publié le 28/03/2019
Extrait du document
La chanson française dans les années 60 : des idoles à la contestation
La fin des années 50 voit fleurir une nouvelle race de chanteurs, celle des auteurs-compositeurs-interprètes, ayant leur écriture spécifique et leur mélodie identifiable. Mais les adolescents rêvent d'Amérique. Les années 60 commencent avec l'explosion d'un rock naissant, et la tendance des chanteurs est de s'« américaniser ». Les noms à consonance anglo-saxonne fleurissent, et il est de bon ton de ne parler que de Memphis, Tennessee.
es années 60 sont celles de la société de consommation : l'acquisition d'un transistor, d'un tourne-disque ou peut-être même d'une télévision devient possible. Au cinéma, mis à part Brigitte Bardot, les adolescents sont abreuvés de stars américaines auxquelles ils rêvent de s'identifier. Aussi, lorsque Johnny Hallyday commence le premier à imiter les chanteurs américains, se roulant par terre en vociférant, la vague d'enthousiasme qu'il déclenche est telle que les chanteurs sont désormais baptisés les idoles.
1960-1965: les idoles des jeunes. Ce mouvement initié par Johnny Hallyday est d'abord porté par des groupes : les Chaussettes Noires, avec Eddy Mitchell à sa tête, les Chats Sauvages et leur leader Dick Rivers, pour ne citer que les plus
Claude Nougaro Chante au Théâtre de la Ville en octobre 1973
connus aujourd'hui. Ce phénomène culturel nouveau en France porte le nom de yé-yé (du « o yeah ! » des chanteurs anglo-saxons). Musicalement, les œuvres yé-yé sont pauvres : la mélodie est peu marquée, le rythme est inlassablement le même, et les paroles, la plupart du temps adaptées de grands succès anglo-saxons, n'ont généralement rien de commun avec l'original. Les thèmes de ces chansons sont l'amour, la souffrance, la révolte, l'amitié, sans cependant se réclamer de l'anticonformisme. En revanche, le style d'interprétation est caractéristique : voix forcées, cris de gorge, violence de l'expression, tenue de scène suggestive. Toutes les nouvelles ressources de la technique sonore (micros, amplificateurs etc.) sont exploitées au maximum. Cette violence latente donne naissance à un phénomène de société, qui se traduit par
«
Gilbert
Bécaud pendant une répétition
démode la précédente : dans des genres
radicalement différents, Antoine, Michel
Polnareff, Jacques Dutronc, Nino Ferrer,
Julien Clerc, Michel Sardou, réinventent la
chanson française.
Antoine, qui chante en
1966 les Élucu brations, fait figure de
pionnier de l'anticonformisme, de la
chanson contestataire, refusant l'autorité
parentale, rejetant le système et affir
mant son goût pour le voyage en auto
stop (sur les traces de Jack Kerouac, chef
de file des beatniks).
Il est à lui seul une
véritable tempête, se construisant une
carrière en une seule chanson.
C'est aussi
le cas de Jacques Dutronc, qui joue la
carte du cynisme, aidé de son complice et
parolier Jacques Lanzmann (Et moi, et
moi, et moi!).
Éternel play-boy, il sait
caricaturer le Français moyen (Les Play
boys, Les Cactus).
Il est cinq heures, Paris
s'éveille, dont l'accompagnement à la
flûte traversière est soigné, nous dévoile
un Dutronc poète.
Cette ballade est
d'ailleurs un succès dans le monde entier.
Autre mélodiste de grand talent,
Michel Polnareff se fait aussi remarquer
pour son goût de la provocation (il
exhibera ses fesses sur une affiche en
1972), et les controverses qu'il soulève
(L'amour avec toi).
Son répertoire restera
emprunt d'anticonformisme, et ne
comprend que des compositions
originales.
Mais d'autres tendances ont également
leur place, comme le style humoristique
de Pierre Perret.
Le nouveau music-hall de
l'Olympia, sous la direction de Bruno
Coquatrix, fait alterner avec un égal
succès des vedettes comme Johnny
Hallyday ou Jacques Brel, dont les styles
sont pourtant radicalement opposés.
Car
la vieille génération est toujours présente
(Brassens, Bécaud, qui chante L'important, c'est
la rose, Gréco et son fameux
Dé shabille z-moi).
Serge Gainsbourg
confirme son virage pop (Com ic Strip,
Initiais 88).
On assiste également à
l'émergence d'un contre-courant
>, avec la reprise par exemple de
Riquita, vieux succès des années 20, ou
des célèbres Roses blanche s.
En revanche, la première vague
française de groupes twist du début de la
décennie a complètement disparu.
D'une
part, beaucoup étaient sans doute trop
amateurs pour continuer une carrière
professionnelle.
D'autre part, ils ne
peuvent résister à l'invasion de groupes
de rock anglais et leurs exceptionnels
duos (John Lennon et Paul McCartney des
Beatles, Mick Jagger et Keith Richards des
Rolling Stones, les Birds, les Who ...
).
La
musique n'est plus une simple distraction,
une conscience politique voit le jour.
De 1969 jusqu'au milieu des années
70 : la revanche des contestataires.
Trois courants vont dominer cette
période.
D'abord, la grande variété
continue de régner sur les radios
périphériques, les maisons de disques
encourageant ce phénomène.
Les
locomotives de la variété comme Cio-Cio
(Co mme d'habitude) , Johnny ou Joe
Dassin (Les Dalton, Siffler sur la coll ine,
Aux Champs-Él ysées), sont au faîte de leur
gloire.
Ils sont suivis de petits nouveaux
Chartes Aznavour comme
Alain Chamfort, C.
Jérôme (Les
Fiancé s, 1968) ou le populaire duo de
Stone et Charden (L'Avven tura).
Par
ailleurs, la chanson de révolte trouve son
public : une nouvelle génération d'artistes
nourrie par les idéaux de mai 1968, en
prise sur la réalité de leur temps, est là,
portée par un jeune public épris de justice
et de liberté, désireux d'écouter des
chanteurs qui lui ressemblent.
Curieu
sement, le premier à donner le signal
n'est ni un jeune homme ni un nouveau
venu : Léo Ferré.
Dans Paris je ne t'aime
plus, il évoque les manifestations
étudiantes et annonce la violence lyrique
du double album Amour-Ana rchie.
De
son côté, Claude Nougaro signe avec
Paris-Mai un vigoureux manifeste esthé
tique perçu comme un cri de soutien à la
jeunesse en révolte.
Quant à Gainsbourg
et L'histoire de Melody Nelson, il innove
totalement sur le fond et la forme.
On assiste enfin à l'émergence d'une
nouvelle vague, héritière de la période
précédente, dont les vedettes se
nomment Véronique Sanson, Maxime Le
Forestier (San Francisco, 1972), Alain
Souchon, Michel Berger.
Dotée d'un sens
exceptionnel du rythme, d'une voix de
vibrato et d'indéniables talents de
mélodiste, Véronique Sanson ne perce
véritablement qu'en 1972, avec la
chanson Amoureuse que lui compose
Michel Berger.
À l'instar de Gainsbourg,
Berger est condamné à ses débuts, à faire
chanter ses chansons par d'autres
interprètes pour obtenir un succès
pourtant mérité.
Le panorama de la
chanson française des années 60 ne serait
toutefois pas complet si l'on oubliait de
citer l'arrivée en force des Québécois :
Gilles Vignault, suivi de Robert Charlebois,
Diane Dufresne et Fabienne Thibault.
Par
le biais des festivals et des clubs de folk,
on fait également connaissance avec la
musique cajun et acadienne.
L'enthou
siasme ne tarde pas à se communiquer
aux groupes français qui apprennent
l'accordéon diatonique, le violon et la
tringle.
Globalement, la chanson dans les
années 60 est très riche car elle reflète
toutes les étapes que traverse la société :
insouciance superficielle des yé-yés liée à
la période de prospérité économique,
retour des auteurs-compositeurs-inter
prètes qui croquent l'air du temps, et
chansons contestataires qui correspon
dent aux aspirations nouvelles d'une
société militant contre le nucléaire et
pour le féminisme.
Le public français est
devenu plus ouvert et plus critique, mais
jusqu'à quand ?.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- La chanson française dans les années 60
- La chanson française
- La chanson française
- Grand oral du bac : La chanson française des origines à 1945 (Exposé – Art - Collège/Lycée)
- La chanson française, des origines à 1945 (histoire de la musique)