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1970 – 1979 : SPORT ET POLITIQUE

Publié le 29/11/2018

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Munich, mardi 5 septembre 1972. Le village olympique est encore endormi lorsqu’un commando de huit Palestiniens appartenant à l’organisation terroriste Septembre noir fait irruption dans le bungalow de la délégation israélienne. Après avoir abattu froidement deux athlètes qui tentaient de s’interposer, les fedayin en prennent en otages neuf autres et exigent la libération de deux cents prisonniers arabes détenus en Israël. Insupportable chantage qui se terminera quelques heures plus tard par un massacre.

 

Touchés au cœur, les jeux Olympiques faillirent bien disparaître, n’était l’obstination d’Avery Brundage, président du CIO: «Les jeux doivent continuer.» Suprême défi à l’ordre politique qui venait de bouleverser l’impeccable agencement des épreuves olympiques. Mais qu’était donc devenue l’œuvre de Pierre de Coubertin, qui en 1919 écrivait encore à propos de ces jeux qu’il avait rénovés: «Le contact des grands horizons sidéraux, planétaires, historiques, ceux de l’Histoire universelle surtout deviendront un ferment de la paix internationale pratique»? En fait, ni plus ni moins que les autres grandes manifestations sportives, les jeux Olympiques n’ont échappé à la contamination du politique. Surmédiatisé, le sport s’est imposé peu à peu comme un lieu supplémentaire de l’espace public. Nulle occasion ne s’y perd de confronter — par athlètes interposés — les intérêts des nations. Nulle cause ne peut plus ignorer le théâtre sportif pour exposer au monde ses revendications.

 

Le sport défiguré

 

C’est en 1968, lors des jeux de Mexico, que la politique surgit soudain sur la scène sportive. L’image est encore dans toutes les mémoires des sprinters noirs américains, Tommy Smith et John Carlos, brandissant sur le podium du 200 mètres plat leur poing droit ganté de noir. Graves, la tête baissée, chaussés de seuls bas noirs, ils entendent ainsi manifester leur solidarité avec le mouvement noir aux États-Unis. D’autre athlètes les imiteront, baptisant leur engagement «Projet olympique pour les droits de l’homme».

« Ainsi , depuis 1972, le nombre des nations représentées aux jeux n'a cessé de diminuer : 105 délégations se rendirent à Munich en 1972 ; à Montr éal, el les n'ét aient plus que 88, et 81 à Mosc ou.

Quelque chose > .

Dé sormais reliés au monde réel par l'objectif de la caméra , les stades ont vu l'injustice et la violence pénétrer dans leur enceinte .

En rendant hommage au Black Power, c'est l'image de l'injustice faite au peuple noir qu'ont renvoyée au public des jeux de Mexico les athlètes noirs américa ins.

Cne injustice absente des compétitions olympiques qui ne connaissent pas de distinction entre les races, mais une injustice bien réelle que l'impact médiatique du geste de Smith et de Carlos aura permis de faire connaître au monde entier.

La scène sportive a donc perdu son indépendance .

Recréation du monde , elle paie sa médiatisation d'un lourd tribut aux enjeux politique s.

LE SPOR T COMME POLITIQUE Mais plus grave peut-être est l'intervention des États dans le concert sportif.

Les compétitions sportives internationales ont tou­ jours sécrété leur dose de nationalisme chauvin.

Les mécanismes d'i­ dentification nationale y fonctionnent à plein et le mouvement olym­ pique n'échappe pas à la règle .

La fiction d'un olympisme universel a fait long feu: même s'ils continuent d'être offic iellement organisés par une ville , les jeux Olympiques le sont d'abord par un pays.

En 1972 , c'est l'Allemagne qui, à Munich , voulait racheter la déplorable image laissée en 1936 par les jeux de Berlin .

C'est le gouve rnement du Québec qui en 1976 dut apporter sa caution financière pour permettre aux jeux de Montréal de s'ou vrir à la date prévue .

Le choix de Moscou pour organiser les jeux de 1980 ne devait-il pas à l'origine représenter un pas supplémentaire dans le rapprochement Est-Ouest? Aussi la médiatisation extrême des compétitions sportives n'a-t-elle pu qu'en renforcer l' intérêt politique.

Obtenues sous les yeux du monde entier, les victoires valent leur pesant de respect international .

La publication rituelle à la fin de chaque olympiade du décompte par nation des médailles obtenues est à ce titre exemplaire .

En ces temps de coexis­ tence pacifique , la puissance d'une nation se mesure aussi à l'aune de ses médailles et de ses titres.

Les pays de l'Est l'ont compr is, qui apportent un soin particulier à la préparation de leurs athlètes.

La RDA s'est ainsi assurée lors de jeu x Olympiques de 1976 et de 1980 LA TÉLÉV ISION.

Premier face à fa ce télévisé entre deux candidats à l'élection présidentielle.

Le JO mai 1974, Alain Duhamel et Jea n P ierre Elkabbach interrogent en direct Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand à Cartes sur table sur Antenne 2.

© Burnett -Gamma LA TÉL ÉVISION .

Sur TFI, Ja cques Martin anime la Lorgnette en 197 7.

© Sipa Press une totale hégémonie sur la natation féminine: sur vingt-six titres attri bués , quatre seulement ont échappé à Kornelia Ender et autres Rica Reinish.

L'important n'est plus de participer mais de gagner.

Le détournement de l'institution sportive est total lorsque les États voient en elle un moyen politique en soi.

Dès lors, simple outil de tactique à usage de propagande (la Coupe du monde de football 1978) ou qe pression diplomatique (le boycottage des jeux de Moscou par les Etats-Unis), le sport a perdu sa raison d'être.

Dé nominateur commun d'un monde en panne d'idéolog ie, le sport s'est infiltré dans toutes les pratiques sociales, privées comme publique s.

Érigée en politiq ue, la quête de l'excellence , qui veut que le meilleur gagne, n'est définitivement plus un humanisme .. »

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