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SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE CHAPITRE 4 : COMMENT EST STRUCTURÉE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE ACTUELLE ?

Publié le 11/01/2023

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« SOCIOLOGIE ET SCIENCE POLITIQUE CHAPITRE 4 : COMMENT EST STRUCTURÉE LA SOCIÉTÉ FRANÇAISE ACTUELLE ? La structure sociale est la façon dont s’organisent et se forment les groupes sociaux au sein d’une société.

On parle de stratification sociale lorsque ces groupes* sont organisés de manière hiérarchisée/pyramidale, à l’instar des strates de la couche terrestre.

Cette hiérarchisation dépend de nombreux facteurs et a connu de nombreuses évolutions, notamment dans la seconde moitié du XXe siècle, qui l’ont grandement transformée. *Groupe social (rappel de 1 e) : ensemble d'individus en interaction directe ou indirecte ayant conscience d'appartenir au même groupe. L’inégalité traverse l’histoire.

Elle se traduit par des normes de traitement différencié des individus : - droits différents → castes, ordres… - mais aussi traitement différent des individus face à l’accès au logement, à l’école à l’emploi selon l’origine sociale, ethnique, le sexe...

quand bien même ce n’est pas reconnu par le droit –> normes informelles.

On parle alors de classes sociales. Ces normes inégalitaires sont fondées sur des système de valeurs (pureté, mérite individuel / « méritocratie »), auxquels on adhère grâce à la transmission de mythes (épopées antiques, histoire officielle romaine, story-telling de la communication moderne) porteurs d’une morale (« pomme de la discorde » et guerre de Troie → « ne pas respecter les règles menace la cité tout entière »), « selfmade man » → « les inégalités sont justifiées par le mérite individuel »...). A partir du XIXème siècle, de nombreux sociologues se sont penchés sur les dynamiques explicatives de la structuration de la société et de ses évolutions, dont principalement Karl Marx et Max Weber, mais aussi plus récemment Pierre Bourdieu.

Il conviendra donc d’aborder leurs théories avant de débattre de la pertinence du concept de classe sociale dans l’analyse de la structure sociale. I.

Les déterminants et les évolutions de la structure sociale française A) Les facteurs de hiérarchisation sociale Le rôle de l'inégalité dans la stratification sociale Il faut d’abord distinguer différence / inégalité / injustice : La différence (couleur de peau, sexe…) n’entraîne pas nécessairement une inégalité. Et toutes les inégalités ne sont pas nécessairement perçues comme injustes ! (par exemple, faire passer tous les élèves par l’escalier serait un traitement égalitaire, mais injuste pour les handicapés moteur.

A contrario, leur donner la priorité d’accès à l’ascenseur ne semble pas injuste) → Un traitement égal de 2 personnes inégales sous divers aspect peut alors être inégalitaire et injuste. - Inégalité: différence dans l’accès à une ressource rare et prisée.

Dans les sociétés modernes, cet accès peut être régulé par deux mécanismes : le marché et/ou le droit.

L’inégalité peut être fondée sur normes & valeurs (ex : pureté en Inde avec les castes, mérite pour expliquer les inégalités économiques, etc) Il existe des inégalités économiques : revenus (salaires, revenus du capital, revenus mixtes, revenus de transfert), patrimoine (possession d’un logement, d’actions, d’épargne dont on peut tirer un revenu)... ...Mais il existe aussi des inégalités sociales ! Ex : Pierre BOURDIEU distingue, à côté du capital économique (revenus et patrimoine) : → ressources sociales/ Kal social ("personnes ressources") → ressources culturelles/ Kal culturel, qui inclut le Kal culturel incorporé (habitus), objectivé (objets culturels accessibles tels que livres, tableaux) et institutionnalisé (diplômes) → ressources symboliques/ Kal symbolique (nom prestigieux, adresse dans un beau quartier de l'ouest parisien par ex) Les PCS comme outil pour appréhender la structure sociale PCS : nomenclature définie par l’INSEE qui sert d’outil de classification statistique de la population à partir de la profession exercée.

Le but est de faire apparaître des catégories qui ont une certaine homogénéité sociale.

L’analyse est basée sur 7 critères : la profession, le statut de l’emploi (salarié ou indépendant), la position hiérarchique, la qualification, le type d’activité, la nature publique ou privée de l’employeur et la taille de la structure. On distingue ainsi: – les indépendants: agriculteurs exploitants (catégorie plutôt homogène, milieu populaire) et artisants, commerçants et chefs d'entreprise (catégorie très hétérogène en termes de diplôme et revenus) – les salariés: CPIS (fort diplôme, fort prestige social, fort revenu, fort pouvoir politique (75% du parlement en France par ex), les PI (intermédiaires en tout) et les employés & ouvriers qui occupent les postes d'exécutants, respectivement dans le tertiaire et le secondaire (peu diplômés, salaires faibles, faible représentation pol°).--> Utile pour mesurer les inégalités en termes de: revenus, risque de chômage, espérance de vie, pratiques culturelles… Les PCS permettent ainsi de dessiner une structure sociale : façon dont s’organisent et se forment les groupes sociaux au sein d’une société. De la multiplicité des inégalités à leur polarisation Les inégalités peuvent cependant aussi découler du lieu d'habitation, du sexe/genre, de l'âge [Cycle de vie : succession de périodes et d’étapes (familiales, professionnelles et sociales) communes au sein d’une société, marquant le passage de la jeunesse à l’âge adulte puis à la vieillesse.] , de la génération,de l'origine ethnique, et se traduire sur le plan de l'accès au logement, à l'emploi, aux services publics, aux chances de réussite scolaire, espérance de vie etc. On peut alors dire que les inégalités forment un système, quand elles s'entraînent mutuellement, conduisant à ce que des parties de la population cumulent les avantages, quand d'autres cumulent les désavantages.

On peut alors parler de stratification sociale : lorsque ces groupes sont organisés de manière hiérarchisée/pyramidale/verticale. Les inégalités ont en effet tendance à se polariser : ex : ouvriers= faibles revenus et patrimoines, ségrégation spatiale et scolarité plus courte.

(Renforcé encore quand par ex immigrés extra-européens ont plus de chances d'être ouvrier, d'être au chômage à niveau de diplôme égal...), espérance de vie plus faible, partent moins en vacances, etc. NB : pas de différence de réussite scolaire entre enfants d’ouvriers selon l’origine ethnique (la PCS est le facteur déterminant à l’école, et non l’origine ethnique) De l'autre côté la haute bourgeoisie parisienne, forts revenus du travail et du K al, volonté de rester entre soi dans certains quartiers parisiens, accès réservé aux meilleurs établissements publics et privés pour réussite scolaire des enfants, etc). Revenu/patrimoine → + forte incidence sur les autres inégalités : accès à la santé, au logement, vacances, etc. Inégalités hommes/femmes se retrouvent partout mais s'expriment différemment selon le milieu social (famille/école/travail, et selon le milieu populaire/privilégié) : temps de travail à la maison, salaire à niveau de diplôme égal, différences d’orientation par l’école… → = inégalités Polarisat° des inégalités: → ++ avantages pour les uns → ++ désavantages pour les autres → Reproduc° des inégalités (cf.

chapitre suivant).

Bourdieu souligne ainsi que les dominants sont riches dans l'ensemble des différents capitaux qui les distinguent, contrairement aux défavorisés : les inégalités font système. B) Les évolutions de la structure sociale en France    Population active : actifs occupés (personnes en emploi) + actifs inoccupés (chômeurs) Taux d’activité : population active/population en âge de travailler (15-64 ans) => méthode calcul part relative Qualifications : aptitudes requises pour occuper un emploi, mais aussi ensemble des compétences du travailleur, acquises grâce aux études ou à l’expérience. La société française a connu plusieurs transformations de sa structure, notamment à partir de la seconde moitié du XXe siècle : --> Tertiarisation : augmentation du poids du secteur tertiaire dans la population active.

Le phénomène commence pendant les 30 glorieuses et se traduit par le déclin des ouvriers et agriculteurs (eux depuis le XIXème siècle), au profit des autres groupes salariés principalement. --> Salarisation : augmentation de la part des salariés dans la population active.

Déclin des artisants commerçants et chefs d'entreprises (anciennes "classes moyennes") au profit des grands groupes et de leurs salariés.

Ex récents: Amazon VS libraires. --> Élévation du niveau des qualifications : plus de qualifications sont aujourd’hui nécessaires pour occuper un emploi.

Les emplois peu qualifiés disparaissent en raison de l'automatisation des chaînes de production ou des délocalisation, et sont remplacés par des emplois plus qualifiés. Renforce le déclin des ouvriers (surtout) et en théorie employés (contrebalancé par tertiarisation cpdt + faible évolution des métiers dans les services à la personne et commerce).

Favorise le développement des CPIS et PI. --> Féminisation : augmentation de la part des femmes dans la population active.

Permet l'élévation des hommes quand les femmes occupent les tâches d'employées, catégorie où elles sont le plus surreprésentées (phénomène similaire avec immigration peu qualifiée --> cf chapitre suivant) --> La représentation des PCS dans la population active s’en est trouvée modifiée : moins d’agriculteurs, d’artisans/commerçants et d’ouvriers au profit des cadres, PI et employés. II.

Les approches théoriques de la stratification sociale Plusieurs sociologues ont tenté d'analyser la structure de la société, tels que Karl MARX (1818-1883) et Max WEBER (1864-1920). A) L’analyse de Marx Karl Marx (1818-1883) était un philosophe, économiste, sociologue et militant politique allemand.

Profondément engagé en politique, il a créé avec son ami Friedrich Engels la Ligue des communistes en 1847.

Il observe les mutations de l'organisation de la production notamment en Angleterre.

Il est frappé par la contradiction entre l'organisation industrielle, gage d'efficacité donc de progrès, et la grande misère de la classe ouvrière (cf en France rapport Villermé sur la condition de la classe ouvrière en France, en 1840: "Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie"). Pour Marx, l'état des techniques détermine un mode de production, et donc des rapports de production entre classes sociales. --> Classes sociales : groupe social de grande taille regroupant des individus ayant des caractéristiques communes , notamment la même position au sein des rapports de production, dont découle a priori une part similaire dans la répartition des richesses). On peut donc parler d'une approche réaliste de Karl Marx : les classes sociales existent objectivement.

Marx a par ailleurs une vision duale de la société : exploiteurs/exploités + théorie de l'aliénation.

Dans l'Antiquité le patricien exploite l'esclave, au Moyen Âge le seigneur le serf, puis le bourgeois le prolétaire.

Seuls les modes d'exploitation diffèrent en fonction du mode de production.

Son analyse est ainsi fondamentalement basée sur l’aspect économique (la place de l'individu dans le système productif détermine son appartenance à une classe sociale).

Le système économique est le fondement du système social et des représentations liées (religion, idéologie) : l'infrastructure (économique) détermine la superstructure (valeurs, croyances, religion, art, etc qui légitiment le système en place).

Quand le mode de production se transforme, de nouvelles classes sociales (bourgeoisie, puis prolétariat) apparaissent et se structurent en vue de prendre le contrôle de la superstructure (ex : appareil d’État) afin de la mettre au service de leurs intérêts. L'appartenance à une classe sociale recouvre deux aspects complémentaires: 1) Avoir la même position sociale (classe en soi) : la même position dans le processus productif, partage d'intérêts communs. 2) Avoir une conscience collective (classe pour soi) : défendre ses intérêts et ses valeurs communes, contre les autres classes, qui ont des intérêts antagonistes, ce qui suppose que les membres du groupes sont reliés entre eux et se structurent politiquement en vue de défendre leurs propres intérêts. --> Il existe 2 classes sociales pour soi selon Marx dans la société capitaliste : la bourgeoisie et le prolétariat.

Elles luttent pour le partage de la plus-value entre elles, les prolétaires n'ayant qu'un salaire de subsistance.

Les autres classes, comme les paysans parcellaires (comparés à un sac de pomme de terre) forment des classes en soi mais non pour soi, faute d'une conscience de classe. Elles peuvent alors être enrôlées par les autres classes pour servir leurs intérêts (ex de la Commune de Paris). Les classes sociales sont donc en permanence en lutte.

C'est la lutte des classes : les classes s’opposent les unes aux autres puisqu’elles défendent des intérêts antagonistes (irréconciliables).

En effet, les prolétaires travaillent pour un salaire qui correspond à la valeur d'échange du travail, alors que ce dernier produit une valeur supérieure, dite valeur d'usage.

La différence entre les deux est la plus-value : différence entre la valeur du bien produit et le salaire versé aux prolétaires pour le produire.

Les prolétaires, eux ne touchent, conformément à la théorie économique néoclassique, qu'un salaire de subsistance : salaire qui sert à payer la reproduction de la force de travail (besoins primaires), pas plus. Kisme = société traversée par un processus d'accumulation du capital, aboutissant à la réduction tendancielle de la société à 2 classes par la disparition des classes moyennes (= « petite bourgeoisie », victimes de la concurrence du capital et à ce titre condamnées à être conservatrices): bourgeoisie Kiste qui possède les moyens de productions, et prolétariat qui ne possède rien ou peu, et est donc obligé de vendre sa force de travail pour survivre, contre un salaire de subsistance → opposit° frontale entre les 2 pour le contrôle de la société, le prolétariat produisant à terme tout, tout en étant dépossédé de tout.

cf.

« le manifeste du parti communiste », K.

Marx et F.

Engels, 1848 Pour autant, il peut exister à un instant « T » une multitude de classes (Marx en dénomme 7 dans « Les Luttes des classes en France » : aristocratie financière, bourgeoisie industrielle, petite.... »

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