Sociologie de l'éducation
Publié le 30/12/2023
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UNITÉ DE FORMATION ET DE RECHERCHE DES SCIENCES DE L’EDUCATION,
DE LA FORMATION ET DU SPORT / UFR SEFS
-----------SECTION SCIENCES DE L’EDUCATION
Cours Sociologie de l’éducation 3 Niveau L3 SCEDU
Les perspectives de recherche de la sociologie de l’éducation au sein des SE
Cette thématique articule deux axes de réflexion et/ou de recherche.
D’abord la sociologie de
l’éducation et la recherche en éducation : la sociologie peut-elle faire prévaloir sa spécificité
dans son mode de conceptualisation et ses démarches au sein des sciences de l’éducation, ou
alors doit-elle s’en défaire et se fondre dans des dispositifs collaboratifs, qu’ils soient trans- ou
interdisciplinaires ?
L’autre axe ou piste de recherche porte sur les perspectives de changement de et autour de
l’école : la sociologie de l’éducation peut-elle penser le changement des systèmes éducatifs et
contribuer à la nécessaire transformation de l’institution scolaire ? Si tel est le cas, comment
quelle rôle jouer dans le contexte interdisciplinaire que constituent les départements de Sciences
de l’éducation ?
Telles sont les principales questions auxquelles ce cours tentera d’apporter quelques réponses,
lesquelles réponses ne pouvant être considérer que comme hypothèses de travail à améliorer et,
si nécessaire, à approfondir.
Il s’agit, dans ce cours, de mettre en œuvre un slogan devenu un standard international en
Sciences sociales de manière générale et en Sciences de l’éducation en particulier : « la
formation à la recherche, par la recherche, pour la recherche ».
Chapitre 1 La sociologie au sein des Sciences de l’éducation
I – La thématique de l’éducation chez les fondateurs de la sociologie et chez
les sociologues contemporains
Le regard sociologique sur l’éducation a commencé bien avant la constitution des sciences de
l’éducation comme discipline académique à la fin des années soixante et aussi bien avant celle
de la sociologie comme sous-disciplinaire.
Emile Durkheim et dans une moindre mesure Max Weber ont ainsi été particulièrement
préoccupés par l’impact du mouvement de rationalisation des sociétés modernes sur
l’éducation.
Si le sociologue français a fait de l’éducation un objet d’étude dès le début de sa carrière
d’universitaire et de chercheur, l’Allemand ne l’a abordé que de manière indirecte.
De même,
1
il constate une certaine correspondance entre les trois (3) types de domination : à la domination
charismatique correspond l’élite douée de qualités particulières et magiques, à la domination
traditionnelle correspond l’homme cultivé et au gentleman anglais des XVIIe et XVIIIe siècles,
à la domination, à la domination rationnelle correspondent l’expert et le bureaucrate des sociétés
modernes à l’époque.
Pour le premier, l’éducation a contribué à asseoir la morale rationnelle et la formation
intellectuelle (fonctions sociales de l’éducation), pour le second elle ne servait à l’époque qu’à
la légitimation des statuts sociaux : l’élite assoit par le biais de l’école sa domination politique
et économique.
Quant à Karl Marx, il s’est contenté de dénoncer l’exclusion des enfants de la classe ouvrière
des dispositifs d’éducation formelle à cause de la généralisation du travail des femmes et de
leurs progénitures.
Ce rappel illustre le fait que l’éducation a été l’objet du regard (même plus ou moins détourné)
des pères fondateurs de la sociologie.
Ils ont donc fait œuvre de sociologie de l’éducation avant
l’heure.
Encore aujourd’hui, les sociologues que l’on peut qualifier de « généralistes » abordent des
thématiques de recherche qui leur fait aborder l’objet « éducation » directement ou
indirectement.
Avant la naissance de la sociologie de l’éducation comme discipline autonome,
les sociologues ont donc étudié l’éducation.
C’est le cas de la socio-anthropologie de l’enfance
(quand les sociologues de l’éducation étudient les enfants dans le cadre de la socialisation
scolaire).
Il en est de même de l’étude par les sociologues des politiques éducatives qui a souvent fait
côtoyer les spécialistes des politiques publiques (les politologues) et les sociologues de l’action
publique.
En traitant de la socialisation scolaire bien avant la naissance de la sociologie de l’éducation,
les sociologues ont abordé les thématiques relatives à l’éducation en tant que généralistes.
Bibliographie : M.
Cherkaoui, Sociologie de l’éducation (1984) ; N.
Bulle, « Sociologie de
l’éducation » (2004).
II – L’apport de la sociologie à la naissance des sciences de l’éducation
comme discipline académique
La sociologie a donc contribué de manière décisive à la constitution des connaissances en
Sciences de l’éducation.
Elle a participé à l’émergence et au développement de la première
science de l’éducation (philosophie de l’éducation, psychologie de l’éducation, pédagogie ou
sciences pédagogiques).
Yves Dutercq a confirmé que « les sciences de l’éducation, quand elles se sont constituées en
discipline académique à la fin des années 1960, ont largement construit leurs connaissances
autour du travail sociologique » : « quand, en 1967, Gaston Mialaret de l’université de Caen,
Jean Château de l’université de Bordeaux et Maurice Debesse de l’université de Sorbonne
2
fondent les sciences de l’éducation comme discipline académique, c’est-à-dire enseignée à
l’Université, il n’existait que très peu de spécialistes dans le domaine ».
Les premiers sociologues ont tout de suite porté un intérêt particulier à l’école et aux SE qui se
développaient.
Ils ont souvent été sollicités pour trouver des solutions aux problèmes posés par
l’expansion de l’éducation formelle et son impact sur les situations
d’enseignement/apprentissage.
Les sociologues ont alors produit des données importantes sur la structure et le fonctionnement
des petits systèmes : des corpus ont été constitués autour de la sociologie éducative qui n’est
qu’une application de la sociologie à la solution des problèmes éducatifs fondamentaux.
C’est ainsi qu’aux Etats-Unis, à la fin du XIXe siècle (autour 1880), se créent plusieurs écoles
de pensée.
Ces écoles de pensée sont de véritables institutions pour penser les problèmes
pédagogiques.
- D’un côté, on peut distinguer les défenseurs du « pédocentrisme » (Activité : rechercher sur
Internet ce qu’est le pédocentrisme dans la pensée pédagogique) ;
- D’un autre côté, on a les défenseurs du curriculum centré sur les disciplines.
Cette sociologie de l’éducation est en réalité une branche de l’éducation (plutôt qu’une branche
de la sociologie) destinée principalement à la formation des enseignants.
Il s’agit d’une sociologie qui avait pour ambition d’agir sur les processus de socialisation afin
d’améliorer le développement de la personnalité et la formation du citoyen à la vie sociale et
politique ; elle a une orientation davantage normative que descriptive et scientifique.
Activité.
Quelle différence peut-on faire entre une orientation normative et une orientation
descriptive et scientifique ? (Vous pouvez répondre en définissant chacune de ces expressions).
Une bonne partie du travail sociologique aux Etats-Unis en Grande Bretagne et en Allemagne
était ainsi consacrée à la recherche de solutions aux situations éducatives et ce travail avait
comme terrain principal l’école et la classe.
Cette sociologie était avant tout destinée à la formation des enseignants qui se devaient de
maîtriser les mécanismes et les processus de socialisation : connaître ces processus leur
permettait alors d’agir sur la personnalité des élèves en vue de la vie sociale et politique future.
Les sociologues ont travaillé sur l’inculcation, par l’école, de catégories de pensée et de
systèmes d’idées et de croyances car l’école devait contribuer à l’intégration des individus à
des communautés idéologiques et cognitives.
Dans l’étude des comportements des enfants et des adolescents, les sociologues ont évalué la
part qui revenait à la famille et celle qui revenait à l’école.
Ces comportements ne sont pas
neutres.
« La conception de la nature humaine sur laquelle se fonde cette représentation de la
socialisation est d’un pessimisme outrancier ».
3
III – L’apport des autres sciences de l’éducation à la sociologie de l’éducation
Les sociologues ont des aptitudes avérées pour s’ouvrir aux autres spécialistes des sciences de
l’éducation comme les philosophes, les didacticiens, les psychologues ou les économistes.
Ils
peuvent ainsi partager des expériences de recherche interdisciplinaire en mettant à la disposition
des collègues leurs techniques en entretiens sociologiques individuels.
Une telle collaboration permet de tirer davantage d’enseignements des filmages vidéo de
séquences de cours.
Cela aboutit le plus souvent à des analyses précises des situations
d’éducation ou d’enseignement/apprentissage.
La collaboration avec des didacticiens des disciplines peut permettre de mettre en évidence la
diversification pédagogique au collège et au lycée qui accueillent des publics pour le moins
hétérogènes aussi bien du point de vue cognitif que de l’origine sociale et culturelle.
Il en est de même pour les questions portant sur les curricula qui ne peuvent être traitées par
des disciplines et des spécialistes isolés.
Ainsi, les entretiens sociologiques individuels et collectifs des enseignants et des élèves
permettent de mesurer et d’interpréter les écarts entre le curriculum officiel (celui issu des
instructions ministérielles), son interprétation par les enseignants (curriculum réel) et sa
compréhension par les élèves (curriculum caché).
La démarche sociologique s’enrichit alors de la coopération grâce aux entretiens construits
autour de l’observation des situations de cours : l’observation des situations de classe avec des
entretiens en amont avec les enseignants et en aval avec les enseignants et les élèves permet
aux équipes de chercheurs de faire des découvertes inattendues concernant l’efficacité
pédagogique.
Illustration de la pertinence et de l’utilité d’une coopération interdisciplinaire rapportée par
Yves Dutercq, sociologue de l’éducation :
« Un professeur de....
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