Aptitudes cognitives et sexe
Publié le 14/03/2023
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APTITUDES COGNITIVES ET SEXE
Introduction
Les humains, au cours de leurs vies, traitent une grande quantité d’information et font un tas
d’activités qui mettent en jeu la mémoire, le langage, le raisonnement, l’apprentissage,
l’intelligence, la résolution de problèmes, la prise de décision, la perception : c’est la cognition qui
et s’entend comme la raison, la pensée ou même l’intelligence Quant aux aptitudes, ce sont des
prédispositions d’une personne pour accomplir une tache donnée.
Mais elles ne peuvent se
comprendre qu’en lien avec les notions d’intelligence et d’intelligence émotionnelle.
Quels liens
peut-on établir entre les aptitudes cognitives et le sexe ? Si tant est que le sexe peut s’entendre,
comme ce qui différencie l’homme de la femme, autant sur le plan biologique que sur le plan
social.
Pour mieux cerner ce problème, nous allons dans un premier temps analyser les concepts
d’aptitude cognitive et de celui de sexe, pour ensuite, analyser les approches théoriques qui
explicitent la différence qui existe entre les sexes, pour enfin tenter une analyse critique de ces
approches.
I.
Analyse conceptuelle
Dans cette partie, nous ferons l’analyse des concepts d’aptitudes cognitives et de celui de sexe.
1.
Aptitudes cognitives
Ce sont les capacités de notre cerveau qui nous permettent d’être en interaction avec notre
environnement : elles permettent de percevoir, se concentrer, acquérir des connaissances,
raisonner, s’adapter et interagir avec les autres.
On peut distinguer des fonctions qui sont liées à la
cognition :
-
L’attention : la capacité à se concentrer pendant une certaine durée, à faire deux choses en
même temps.
La mémoire : capacité à retenir des informations visuelles, verbales à court et long terme.
Les fonctions exécutives : capacités à s’organiser, à mettre en place des stratégies pour
faire face à des situations inhabituelles.
Les fonctions visuo-spatiales : capacité à s’orienter et se repérer.
La cognition sociale : ce sont les capacités à comprendre les autres, à identifier les
différentes émotions et à interpréter correctement son environnement.
Il est à noter que plusieurs disciplines s’intéressent aux aptitudes cognitives et parlent d’ailleurs de
sciences cognitives.
On peut citer entre autres la psychologie cognitive, la philosophie, la
linguistique, l’intelligence artificielle et les neurosciences (neuro-anatomie, neurophysiologie,
neurobiologie,…).
Dans cette perspective, la logique, les mathématiques, l’informatique et la
physique ont un rôle à jouer.
Mais c’est son application dans le domaine de l’éducation que le succès
des sciences cognitives est le plus manifeste.
2.
Sexe
Le terme sexe renvoie à un ensemble d’attributs biologiques retrouvés chez les humains et les
animaux.
Il est lié principalement à des caractéristiques physiques et physiologiques, par exemple les
chromosomes, l’expression génique, les niveaux d’hormones et l’anatomie du système reproducteur.
On décrit généralement le sexe en termes binaires, « femme » ou « homme », mais il existe des
variations touchant les attributs biologiques définissant le sexe ainsi que l’expression de ces attributs.
Le sexe renvoie aussi aux rôles, aux comportements, aux expressions et aux identités que la société
construit pour les femmes, les hommes, les filles, les garçons.
Dans ce cas, on parle de genre.
Ce
dernier influe sur la perception qu’ont les gens d’eux-mêmes et d’autrui, leur façon d’agir et
d’interagir, ainsi que la répartition du pouvoir et des ressources dans la société.
L’identité du genre
n’est ni binaire (fille/femme, garçon/homme) ni statique.
Elle se situe plutôt le long d’un continuum et
peut évoluer au fil du temps.
Les individus et les groupes comprennent, vivent et expriment le genre de
manières très diverses, par les rôles qu’ils adoptent, les attentes à leur égard, les relations avec les
autres et les façons complexes dont le genre est institutionnalisé dans la société.
II.
Différence des aptitudes cognitives entre les sexes : De l’explication physiologique
aux stéréotypes socio-culturels
Dans ce chapitre, nous tenterons d’aborder les présupposés théoriques qui justifient la différence
d’aptitudes cognitives entre les sexes.
Pour cela, nous partirons de l’explication physiologique, à
travers les neurosciences, aux stéréotypes socio-culturels.
1.
L’apport des neurosciences
Les neurosciences sont, à coup sûr, celles qui se sont le plus penchées sur les différences
cognitives entre les hommes et les femmes.
C’est ainsi que dès le XIXe siècle, des théoriciens, à
l’image de Paul Broca et Gustave Le Bon, soutiennent, à partir de l’étude sur le plan anatomique
des cerveaux humains, que la petitesse relative du cerveau de la femme, est un argument suffisant
« de son infériorité physique et de son infériorité intellectuelle ».
Pis encore, selon Gustave Le
Bon, « les crânes de la plupart des femmes sont plus proches de ceux des gorilles que ceux des
mâles humains ».
Des recherches durant le XXe siècle ont pu démontrer que ces idées sur les
différences de taille et de volume du cerveau, sont inopérantes pour expliquer les différences
d’intelligence entre l’homme et la femme.
Dans les années 1980, les recherches vont se focaliser
sur une partie bien précise du cerveau qui serait de forme et de volume différents chez les hommes
et chez les femmes et qui expliquerait nombre de comportements propres à chaque sexe.
Il s’agit
du corps calleux, situé au centre de notre cerveau, et qui relie l’hémisphère gauche à l’hémisphère
droit et permet la communication des informations nerveuses entre les deux hémisphères.
Mais
cette piste a été infirmée par les techniques d’imagerie récentes qui révèlent que les différences
anatomiques entre cerveaux d’hommes et de femmes sont liées à un effet de volume cérébral
plutôt qu’à un effet de sexe : en effet, l’avènement de l’imagerie cérébrale a ouvert une autre piste,
plus prometteuse, pour tenter de comprendre les origines des différences entre hommes et
femmes : ces techniques permettent de voir le cerveau en fonctionnement et la façon dont il
« s’active » lors de tâches diverses, et notamment lors de tâches où les performances entre
hommes et femmes varient.
Des différences de fonctionnement cérébral ont ainsi été recherchées
pour des tâches de langage ou visuo-spatiales par exemple, tâches pour lesquelles les différences
de genre sont classiquement observées et qui sont censées refléter les différences de
comportement.
Ce qui expliquerait pourquoi les femmes s’expriment plus facilement, et que les
hommes sont meilleurs en géométrie.
Bien qu’il existe une littérature très foisonnante sur cette
question, il n’y a, cependant pas de consensus dans ce domaine.
Il nous est loisible de retenir que les travaux ayant cherché des éléments anatomiques ou
fonctionnels permettant d’expliquer les différences de performance et de comportements entre les
sexes révèlent des résultats disparates et mitigés.
Comme l’indique la neurobiologiste Catherine
Vidal, les différences observées entre cerveaux d’hommes et de femmes ne sont pas plus grandes
que celles observées entre cerveaux d’hommes entre eux ou de femmes entre elles.
De plus,
l’observation de différences d’activation cérébrale ne dit rien sur l’origine de ces différences.
Estce biologiques ? Est-ce sociales et culturelles ? D’autant que les travaux récents en neurosciences
ont révélé des capacités de plasticité cérébrale très importantes, à tout âge de la vie, chez les
hommes comme les femmes.
Nos expériences, physiques et cognitives, contribuent à façonner la
structure de notre cerveau : il existe ainsi des différences anatomiques significatives de certaines
régions cérébrales chez des personnes qui ont développé, par l’expérience, des compétences
particulières.
On peut citer les musiciens qui peuvent avoir des capacités auditives et motrices très
développées, les chauffeurs de taxi, avec une carte mentale de villes hors du commun, et même
des personnes aveugles de naissance qui se représentent leur environnement sans la vision.
Des
chercheurs en neurosciences s’orientent de plus en plus sur la complexité du système nerveux
central, envisagé comme un ensemble intégré et changeant plutôt que comme un système figé une
fois pour toute en fonction d’un programme génétique déterminé à la naissance.
Chaque sensation,
pensée, sentiment, mouvement et interaction sociale modifie la structure et la fonction du cerveau.
De ce qui précède, nous pouvons dire que les différences cérébrales observées entre hommes et
femmes ne sont plus uniquement expliquées par des facteurs physiologiques, avec son succédané,
d’innéisme, de prédéterminismes comme les gènes ou hormones, mais ce sont, plutôt, les
stéréotypes socio-culturels qui fondent le genre, qui contribuent à construire des différences au
cœur même du cerveau.
2.
Les stéréotypes socioculturels
Ce sont surtout les sciences humaines et sociales qui ont montré l’existence de stéréotypes et de
biais qui déterminent les performances et les comportements en fonction du sexe des individus.
Les stéréotypes sont des croyances à propos de certaines catégories sociales.
Le fait de croire, par
exemple, que les hommes sont plus compétitifs alors que les femmes sont plus sensibles.
Alors
que les biais sont une attitude différente en fonction du type d’individus ou d’informations.
C’est
qui est à l’origine des différences de comportements à l’égard des garçons et des filles à l’école.
Ici, a question n’est pas d’argumenter sur la véracité ou non de ces stéréotypes, car on trouvera
toujours des individus qui correspondent aux stéréotypes et d’autres qui ne correspondent pas.
Il
s’agira surtout de vérifier l’hypothèse selon laquelle, les stéréotypes donnent lieu à un processus
de généralisation qui consiste à penser que tous les membres d’un même groupe....
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