Sciences et Techniques LES BATEAUX À VOILES
Publié le 04/02/2019
Extrait du document
Les voiles ont connu elles aussi une remarquable évolution technologique, depuis les premières toiles tissées en lin. Au temps des clippers, le coton s’imposa car il était moins déformable et plus rigide que le lin. Au début du xxe siècle, les textiles naturels furent dépassés par les fibres synthétiques comme le Nylon et les superpolyamides inventés à partir des années 1930. Ces derniers se distinguent par leur légèreté et leur extrême résistance. Une trop grande élasticité constitua longtemps leur handicap majeur, mais de nouveaux produits de synthèse gommant ce défaut furent introduits à partir des années 1970, comme le polypropylène et le composite Kevlar-Mylar. Quant aux haubans, drisses et autres cordages, ils sont aujourd’hui en acier inoxydable, alors que la mâture est en alliage d’aluminium ou en composites de carbone.
Les grandes courses
L’apparition des premiers grands voiliers de course eut lieu au milieu du siècle dernier, lors d’un des premiers grands défis entre «yacht-men»: la coupe de l’America fut lancée en 1851. Cette année-là, le New York Yacht Club décida de lancer un défi aux clubs anglais: les Américains avaient fait construire à cet effet un yacht de course, sur le modèle des rapides cotres de pilotage utilisés dans le port de New York. Le cotre
La voilure de ce navire de plaisance est bien réglée. Les voiles sont orientées de façon que le vent les frappe pour optimiser la vitesse de progression.
Temsport
s’avéra vite un modèle de référence, avec ses cinq voiles caractéristiques : la grand-voile, la flèche, la trinquette, le foc et le clin-foc. La coupe de l’America se déroulait autour de bouées, sur un parcours triangulaire de plusieurs milles marins, près de la côte. Les premiers grands défis océaniques eurent lieu à la Belle
Le trimaran possède deux coques latérales, une de chaque côté de la coque principale. Des filets tendus permettent aux navigateurs de circuler sur l’esquif qui peut atteindre 25 m de long. Sa vitesse moyenne est de 16 nœuds (30 km/h).
Époque, Charlie Barr remportant la première traversée de l’Atlantique en 1905 entre Sandy Hook aux États-Unis et le cap Lizard au Royaume-Uni. Il avait doté son voilier de trois voiles : un hunier et une bonnette (voiles carrées), et un grand foc (triangulaire).
Le maniement des voilures évolua au fil des courses: au lieu d’avoir à plier des segments de voile, pour diminuer la surface en cas de vent trop violent, les navigateurs ont vite disposé de jeux de voiles interchangeables, aux tailles et profils adaptés à toutes les conditions possibles. Les yachts de course modernes parviennent ainsi à atteindre un excellent rendement du vent, des efforts importants étant exercés par ailleurs sur les mâts - qui se doivent d’être légers et résistants - et sur la quille et l’équilibre général du bateau.
Inspiré des premières grandes pirogues du Pacifique, le voilier catamaran répondit à ce problème d’équilibre. Le long de sa coque, écartée par des bras, un flotteur latéral fait office d’appui supplémentaire. La stabilité du bateau en était renforcée, mais essentiellement d’un seul côté. Le trimaran développa le concept en ayant recours à trois coques parallèles réunies par une armature légère. Des études poussées permirent d’exploiter l’effet de sol, c’est-à-dire l’aptitude du voilier à décoller légèrement la coque hors de l’eau et à minimiser la résistance hydrodynamique. La géométrie des écoulements d’eau et d'air sous la coque est optimisée à cet effet, lui permettant de se soulever légèrement sur de courtes ailettes appelées «spoilers». À ce niveau de technologie, les ruptures mécaniques sont fréquentes, chaque matériau étant allégé et poussé à son extrême pour rechercher la performance.
Un grand nombre de courses très médiatisées sont organisées sur toutes les mers du monde - traversées océaniques, courses par étapes, courses autour du globe. Dans ces épreuves, on voit surtout s’affronter les voiliers les plus modernes - monocoques, catamarans et autres trimarans. Mais d’autres manifestations regroupent les grands voiliers d’autrefois, fidèlement entretenus ou rebâtis selon les normes anciennes, et qui perpétuent la grande tradition de la marine d’antan.
«
Les
bateaux à voiles
LES FORCES AÉRODYNAMIQUES
(SUR LES VOILES ET CORDAGES) LES
FORCES HYDRODYNAMIQUES
(SUR LA COQUE ET LA QUILLE) ......
Un yacht navigant
à un angle de 45°
force transversale
direction du vent résultante
� /angle de
traînée
�/
BILAN DES FORCES AÉRODYNAMIQUES
ET HYDRODYNAMIQUES
sens du vent
SCHÉMA DES FORCES '
,l par
rapport au sens du vent
subit sur sa voile une
poussée aérodynamique
qui se manifeste surtout
par une force transversale,
dirigée sur un côté du
bateau.
La résistance de
l'eau à l'avancée du bateau
se traduit aussi par une
force transversale: exercée
sur la coque, celle-ci est
de sens opposé à la poussée
aérodynamique.
Les deux
forces s'annulent et laissent
libre court à toute force
vets l'avant que peut
générer la voilure: c'est
force résultante hydrodynamique elle
qui fait avancer le
bateau, dès lots qu'elle
surpasse la force de traînée
de l'eau vets l'arrière.
rapport au sens du vent, ils arrivaient à faire
voguer leurs bateaux selon une direction très
légèrement oblique, prenant une allure dite de
"largue>> orientée jusqu'à trente ou quarante
degrés par rapport à l'axe du vent.
Les voiles latines
Avec ce type de voilure carrée, disposée en croix
sur le mât, il était impossible aux navigateurs de
pointer sur des caps sensiblement plus éloignés
de la direction du vent -au-delà d'une quarantaine
de degrés- sans que le bâtiment perde l'essentiel
LE GRÉEMENT ET LA VOILURE de
sa force propulsive.
En revanche, ils consta
tèrent qu'une voilure tendue dans l'axe longitudi
nal du bateau (plutôt qu'en travers), bien qu'elle
heurtât le sens commun, permettait de naviguer
perpendiculairement au vent, voire de remonter
légèrement dans sa direction.
C'est là qu'intervient le principe de l'aile: ten
due dans l'axe du bateau avec un bord d'attaque
légèrement convexe, une telle voile brise le vent
qu'elle rencontre en deux flots qui la contour
nent.
L'air courant sur l'extérieur convexe de la
voile est accéléré par la géométrie du renflement,
cette plus grande vitesse de l'air se traduisant par
grand mât
grand contr&
cacatois
grand cacatois mât
d'artimon
petit cacatois une
basse pression.
Sur la face interne de la voile,
en revanche, le flux d'air est beaucoup moins per
turbé : vitesse et pression changent peu.
C'est de
cette différence de pression entre les deux côtés
de la voile parcourus par le vent que naît la force
propulsive, dirigée vers l'avant.
Les Anciens ne connaissaient pas le principe
théorique de leurs voiles tendues en aile le long de
la coque, mais ils réalisèrent tout le bénéfice qu'ils
pouvaient en tirer .
De telles voiles apparurent
d'abord dans l'océan Indien et dans le Pacifique,
où les Fblynésiens l'utilisèrent sur leurs pirogues de
haute mer dès le If siècle apr.
J.-C., dans les pays
nordiques où les drakkars des Vikings arboraient
des voiles longitudinales dès le vr siècle et dans le
bassin méditerranéen à partir du IX" siècle où elles
prirent le nom de "voiles latines».
Leur forme
typique était triangulaire, avec un côté vertical Oe
bord d'attaque hissé le long du mât) et un côté
courant horizontalement le long du bateau, géné
ralement fixé à une perche pivotante appelée
"b ôme».
De grands navires utilisant la voile latine
prirent la haute mer aux dépens des marchands
vénitiens et portugais dès le Xlii' siècle, et au fil des
époques le concept fut décliné sur plusieurs géné
rations d'admirables vaisseaux -des goélettes et
autres clippers des XVIII' et XIX' siècles, qui firent les
beaux jours de la marine marchande, aux yachts
de course et autres multicoques d'aujourd'hui.
L'art de la voile
La voile latine élargit considérablement la gamme
d'allures possibles en matière de navigation, intro
duisant de surcroît de nouvelles manœuvres.
Dans
la remontée au vent, par exemple, le navigateur doit
procéder par étapes : comme un voilier ne peut
remonter exactement dans l'axe du vent, le naviga
teur enchaîne de brefs parcours à des angles qui lui
sont légèrement obliques, d'abord dans un sens
puis dans l'autre.
Le résultat de cette opération en
zigzags, que l'on appelle «tirer des bords», ou lou
voye_r, est de faire progresser le bateau vers l'amont.
A ces allures particulières, le vent ne génère
pas uniquement sur la voile une force propul
sive dirigée vers l'avant.
L'autre composante
de la force du vent qui pousse la voile est per-
......
Voilure et
gréement
d'un voilier rapide
à trois-mâts.
grand perroquet plein
petit perroquet plein
Il est équipé de
nombreuses voiles
et sa coque
grand hunier volant
petit hunier fixe
brigantine
grand-voile
ime petit
hunier volant
petit hunier fixe
misaine est
aérodynamique
pour augmenter
sa vitesse..
»
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