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Nouveaux visages de l'archéologie

Publié le 26/09/2018

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Mais ce pont va recouvrir une fascinante nécropole, découverte par hasard à l'occasion du creusement des fondations de l'ouvrage. Ce site exceptionnel avait été décrit par le géographe grec Strabon comme un immense complexe funéraire très actif, comportant des temples, des maisons d'embaumement, des magasins d'articles funéraires. La nécropole a déjà livré une quarantaine d'hypogées. Immense labyrinthe, elle comportait des salles funéraires reliées par des escaliers et des cours intérieures réparties sur plusieurs niveaux. Par la suite, elle est devenue, comme tous les sites antiques, une carrière de pierre qui a servi à la construction de nouveaux bâtiments d'Alexandrie, avant d'être recouverte par des masures abritant des citadins misérables. Travailler vite De nombreuses famil les vivent leur quotidien sans se préoccuper le moins du monde de ce gruyère de tombes qui gît sous leurs pieds, si ce n'est pour y jeter leurs ordures. Une femme étend son linge, tandis qu'une autre s'accoude nonchalamment à sa fenêtre. Un homme d'affaires pressé, attaché-case à la main, sort d'une baraque en planches surmontée d'une 

On connaît la médecine d'urgence, on connaît moins l'archéologie d'urgence : les sauvetages de ce type sont une des spécialités de Jean-Yves Empereur, directeur du Centre français d'études alexandrines, et de son équipe, détachée du CNRS pour intervenir sur les sites alexandrins menacés de disparition et dont il faut au plus vite identifier, comprendre et répertorier les vestiges. 

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• ' antenne satellite.

Pendant que d'adorables petits chiens se lovent dans des luculli (tombes) pour se protéger du soleil.

des enfants jouent au bord de l'énorme fosse d'où les archéologues s'efforcent d'extraire quelques merveilles de cette nécropole vraisem­ blablement condamnée .

On assiste là à une véritable course contre la montre, con­ tre les bulldozers et contre les intérêts financiers des promo­ teurs, qui ne respectent pas toujours la loi et détru isent parfois de nuit certains sites archéologiques .

Des vestiges de la fameuse bibliothèque d 'Alexandrie seraient-ils sou­ dainement retrouvés, il n'est pas sûr qu'ils ne soient pas re­ couverts la nuit suivante afin que les travaux se poursui­ vent .

Sachant qu'il faut bien >,,,~~.;, trois ou quatre mois pour obte­ nir une autor isation de fouil ­ les là où il faudrait réagir du jour au lendemain, on imagine les difficultés rencontrées par les archéologues qui œuvrent à Alexandrie.

Dév eloppement économique contre archéologie L e dilemme est bien réel : faut-il déloger des fa­ milles pauvres pour les relo­ ger dans des immeubles éloi­ gnés de leur lieu de travail ? Faut-il arrêter la construction de ce pont pourtant vital pour l 'économie alexandrine ? Les archéologues eux-mêmes re­ connaissent que leur spécialité est le luxe de pays riches, et l'Égypte a déjà bien du mal a faire vivre une population en surnombre .

Alors qu'il naît un Égyptien toutes les vingt­ cinq secondes, comment cette société pourrait - elle en plus s'occuper de préserver les tombes de ses ancêtres morts depuis deux mille ans? Le gouverneur de la région a ac ­ cepté de temporiser pour per­ mettre aux archéologues de participer au sauvetage de cet­ te part de la mémoire de l'hu­ manité .

Mais pour combien de. »

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