Les nanotechnologies
Publié le 10/10/2018
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LA CONNAISSANCE SUR UNE TÊTE D'ÉPINGLE
• Depuis toujours, l'homme a conçu et utilisé des outils. De façon globale, il est possible de dire que les techniques de fabrication n'ont que peu changé depuis les temps préhistoriques.
• La conception d'un objet, quel qu'il soit, nécessite, dans la plupart des cas, l'extraction de matières premières en assez grande quantité et un processus de travail sur ces matières premières.
• Ce processus met en jeu une importante somme d'énergie et produit généralement de nombreux déchets.
L'approche quantitative, qualitative et économique de ces processus de fabrication incite ingénieurs et scientifiques à réfléchir au problème de la miniaturisation de certains produits, et en particulier ceux dont le rôle est de servir de support à l’information.
• C'est dans cette optique qu'en 1959, le futur prix Nobel américain de physique Richard Feynman
TOUJOURS PLUS PETIT
Que ce soit pour des raisons scientifiques, culturelles ou économiques, l'homme a toujours été fasciné et attiré par l'infiniment petit (comme par l’infiniment grand). Voir l'invisible est devenu un défi qui, progressivement a été relevé.
Les loupes puis les microscopes ont permis d'observer des structures, des matières, des cellules... qui jusqu'alors préservaient leurs secrets.
Les instruments d'optique se sont développés et ont participé à de nombreuses découvertes ou confirmations théoriques (Démocrite, quatre siècles avant notre ère, avait déjà « l'intuition » de l'existence des atomes).
Mais la véritable révolution dans ce domaine aura lieu lorsque le physicien Richard Feynman, en 1959, posera les fondations des nanotechnologies en suggérant à la communauté scientifique de repousser davantage les limites de l'infiniment petit.
LA NANOMÉDECINE
En 1986, le théoricien scientifique Eric Drexler écrit dans son essai Engines of Création. The Coming Era of Nanotechnology : « Nous utiliserons la technologie moléculaire pour apporter la santé car le corps humain est fait de molécules. Les malades, les personnes âgées et les blessés souffrent tous d'une perturbation dans l'agencement des atomes (...) . Des dispositifs capables de réarranger les atomes remettront tout en ordre. La nanotechnologie conduira à une percée fondamentale en médecine. »
Dix-sept ans après ces propos visionnaires, la possibilité de remplacer des molécules défaillantes afin de soigner un malade n'est toujours pas d'actualité. Cependant, les nanotechnologies ouvrent des perspectives prometteuses dans le domaine de la médecine et certaines recherches actuellement en cours s'emploient pleinement à les faire aboutir.
De fait les nanotechnologies peuvent apporter à la médecine une contribution efficace et précieuse, et ce, selon trois axes : la possibilité de mieux voir à l'intérieur du corps, celle de mieux soigner et celle de mieux réparer.
«
la
thérapie la mieux adaptée, en
particulier dans le traitement de
certains cancers.
De même, elle pourra
détecter une mutation génétique à un
stade encore précoce et conduire à la
mise en place d'un traitement préventif.
• La biopuce pourrait également
participer à la pharmacogénomique,
c'est-à-dire à l'identification des gènes
impliqués dans l'efficacité (ou
l'inefficacité) eVou dans les effets
secondaires d'un produit et permettre
ainsi une meilleure compréhension
des mécanismes d'action des
médicaments.
Enfin, sa puissance d'analyse rendra
possible la détection des pollutions
organiques ou microbiennes, notamment
dans le domaine de la surveillance de
l'eau, des produits alimentaires ou des
cosmétiques.
A court ou moyen terme, la biopuce
deviendra ainsi un agent majeur et
incontournable de la protection
environnementale.
• La microélectronique intervient encore
dans la biologie moderne puisque cette
dernière, utilisant des moyens
sophistiqués et coûteux pour ses
analyses, cherche à limiter ses dépenses
et à améliorer ses performances
en réduisant la dimension des appareillages
d'analyse.
Ainsi se développe peu à peu
la fabrication et l'utilisation des
microlaboratoires qui ne sont rien
d'autre que des puces électroniques
effectuant manipulations et analyses.
Des « nez électroniques » sont déjà
à l'œuvre dans les domaines de
l'agroa limentaire, des cosmétiques
ou de la pharmacie afin de prévoir
la·sensation olfactive du client.
Ces labo-puces ont d'ailleurs déjà
trouvé l'une de leurs premières
applications dans le domaine de
la sécurité et de la défense puisque
la puce capable de détecter des traces
chimiques d'explosifs est en train
de voir le jour aux États-Unis.
• Des recherches sont également en
cours dans le domaine de la défense.
On parle de « nanosoldats » ou de
robots espions MA Vs (Micro Air
Vehic/es) capables de rapporter des
images prises du ciel ou de l'intérieur
des batiments.
Ces robots espions
mesureraient environ 15 cm de long
et seraient capables de voler à 70 km/h
pendant près d'une heure.
Il s'agirait
donc de drones d'un type nouveau qui,
à terme, seraient en mesure d'attaquer
et de saboter des armes et du matériel
ou même de propager des virus ou des
bactéries.
�objectif de l'Agence américaine
de recherche militaire, qui se penche
particulièrement sur ces recherches, est,
dans un premier temps, de réduire
autant que possible la taille de ces
drones afin qu'ils se déplacent en
groupe et dans un second temps, que
ces robots espions soient capables de
s'auto-répliquer, c'est-à-dire qu'ils aient
la possibilité de construire d'eux-mêmes
d'autres MAVs.
LA NANOMÉDECINE
En 1986, le théoricien scientifique
Eric Dru/er écrit dans son essai
le corps humain est fait de molécules.
Les malades, les personnes âgées et les
blessés souffrent tous d'une
perturbation dans l'agencement des
atomes ( ...
).
Des dispositifs capables
de réarranger les atomes remettront
tout en ordre.
La nanotechnologie
conduira à une percée fondamentale
en médecine.
»
Dix-sept ans après ces propos
visionnaires, la possibilité de remplacer
des molécules défaillantes afin de
soigner un malade n'est toujours pas
d'actualité.
Cependant, les
nanotechnologies ouvrent des
perspectives prometteuses dans le
domaine de la médecine et certaines
recherches actuellement en cours
s'emploient pleinement à les faire
aboutir.
De lait les nanotechnologies peuvent
apporter à la médecine une contribution
efficace et précieuse, et ce, selon trois
axes : la possibilité de mieux voir à
l'intérieur du corps, celle de mieux
soigner et celle de mieux réparer.
L'OBSERVATION INTRACORPORElli
• Une société israélienne a inventé la
pilule-caméra.
�idée est simple :
l'objectif est de miniaturiser une
caméra, de la loger sur une puce de
quelques millimètres carrés et de
l'insérer à l'intérieur d'une gélule
semblable aux capsules de vitamines.
Il
devient alors possible d'observer, huit
heures durant (durée approximative
du transit), l'intérieur des voies
digestives.
Cette application devrait
bientôt être utilisée par les praticiens
spécialistes.
• Une autre voie actuellement en cours
de recherches est celle de
l'implantation d'un baromètre au sein
même du corps humain.
Un capteur
de pression en silicium extrêmement réduit
pourrait être implanté dans
le corps d'un patient afin de mesurer
et d'enregistrer la pression pulmonaire
et ainsi d'adapter le rythme de l'aide
respiratoire.
De même, un de ces
capteurs pourrait être inséré dans l'œil
afin d'effectuer des mesures continues
de la pression intraoculaire et de
prévenir les risques de glaucomes.
MIEUX SOIGNER
Comprimés, solutions buvables,
suppositoires, injections ou inhalations
sont autant de modes d'administration
de médicaments auxquels fait confiance
le patient.
Pourtant les spécialistes
affirment qu'ils présentent des défauts
d'importance et que bien souvent
parce que le produit administré subit
des dégradations.
c'est une dose
insuffisante qui atteint l'endroit visé
(lors d'une administration orale par
exemple, le produit doit pouvoir résister
à l'action des sucs gastriques, franchir
le tube digestif et être véhiculé
par le sang).
• Une équipe de chercheurs américains
est peut-être sur le point de trouver
une solution à ce problème
en élaborant une méthode capable
d'administrer la dose exactement
nécessaire sur la cible visée : la puce
distributrice de médicament à
la demande.
Il s'agit d'incorporer
le produit à administrer dans
les réservoirs hermétiquement clos
d'une puce capable d'être véhiculée
dans le corps sans subir d'altération
d'aucune sorte.
Parvenue à destination,
la puce reçoit de l'extérieur un signal
électrique lui ordonnant d'ouvrir
ses réservoirs et de distribuer le produit
exactement à l'endroit prévu.
Dans cet esprit, un appareil actuellement
développé par un consortium franco
suisse devrait prochainement voir
le jour.
Il s'agit d'une pom� à insuline
minilllure qui
implantée
la peau et qui
les pompes à insuline actuelles.
MIEUX RÉPARER
En plus de l'efficacité qu'elles peuvent
apporter aux soins, les nanotechnologies
sont ou seront capables de réduire ou
de réparer certains handicaps.
Ainsi, les problèmes de surdité peuvent
être partiellement résolus par une
prothèse issue des nanotechnologies et
qui supplée en partie au sens défaillant.
Il s'agit
en lait d'une oreilk
t�rtificklle composée de deux
éléments :
un implant situé
à l'intérieur de
l'oreille relié à un récepteur implanté
sous le cuir chevelu et une partie située
à l'extérieur du corps composée d'un
microphone, d'un processeur qui
transforme les sons en impulsions
électriques et d'un transmetteur qui
envoie ces impulsions au récepteur
implanté.
Ces impulsions électriques
sont véhiculées à travers l'oreille et
viennent exciter les cellules sensorielles
intactes de la cochlée (organe formé de
milliers de cellules nerveuses tapissées
de cils vibratiles dont le rôle est de
transmettre l'information auditive au
cerveau).
On estime qu'il suffit de 15 à
30 % de cellules intactes pour parvenir
à rétablir l'audition.
Quant aux problèmes de cécité,
s'ils ne sont pas encore résolus,
les nanotechnologies s'y intéressent
de très près et de nombreuses
recherches sont actuellement en cours.
Parmi les possibilités étudiées, les plus
approfondies sont l'implantation
d'un écran vidéo dans l'œil,
la stimulation artificielle du cortex
visuel, la rétine t�rtificiel/e en silicium
• Les nanotechnologies avancent,
évoluent et se perfectionnent de jour
en jour.
Pourtant les manipulations
atomiques ou moléculaires se heurtent
à un problème de taille : le temps.
En effet, dans l'état actuel des
recherches, il serait théoriquement
envisageable, par exemple,
de manipuler un à un des atomes
afin de fabriquer une feuille de papier.
Mais en admettant qu'il soit possible
de manipuler et de placer un million
d'atomes par seconde, la conception
d'une feuille de papier demanderait
quelque 13 milliards d'années.
Pourtant la nature a surmonté cet
obstacle.
• En effet, le monde du vivant nous
apprend qu'il maîtrise parfaitement la
miniaturisation et la fabrication en �---------------------------'-------------� grande série.
Les êtres vivants sont
Prophase
En fin de prophase,
l'enveloppe nucléaire
disparaît LA
MITOSE
LA DUPLICATION DES CELLULES
Métaphase
les chromosomes dupliqués
s'alignent sur la • plaque
équatoriale>.
Anaphase
Migration vers les pôles
cellulaires.
Télophase
Constitution des
deux cellules
filles, un nouveau cycle
commence.
constitués
de véritables machines
moléculaires (ADN, ARN, ribosomes,
etc.) qui fonctionnent à l'échelle
atomique et agencent de façon
extrêmement précise les particules
fondamentales.
De plus, la nature a
résolu le problème des délais atome
par atome : une cellule peut se
reproduire et copier sans faute
l'ensemble du programme génétique
en quelques minutes seulement.
Mieux encore, elle a mis en place
le mode de traitement le plus efficace
et le plus rapide en utilisant le système
de la croissance géométrique :
une cellule se dédouble, les deux
cellules ainsi créées se dédoublent
à leur tour et ainsi de suite.
Il s'agit du
phénomène de la mitose
Pour reprendre l'exemple précédent,
si la feuille de papier était conçue
de cette façon, c'est-à-dire
si la nanomachine manipulant
les atomes se dédoublait de la sorte,
le temps de fabrication passerait
de 13 milliards d'années à moins
de deux minutes.
• S'inspirer de ces processus naturels
afin de créer une machine de taille
moléculaire capable de se dupliquer
elle-même est l'un des points
fondamentaux de la maîtrise
de la nanotechnologie.
Mais afin de fabriquer autre chose
que des copies d'elle-même,
il est indispensable que cette
machine soit également capable
de fabriquer d'autres structures.
�un des enjeux principaux
de la nanotechnologie est, aujourd'hui,
de fabriquer la première version
de cette nanomachine appelée
assembleur.
Bien que les recherches en
ce sens ne soient encore qu'à un stade
embryonnaire, l'on peut d'ores et déjà
imaginer les applications possibles une
fois les premiers assembleurs nés :
- les coûts de fabrication d'objets
seraient extrêmement réduits
puisque cette fabrication ne
nécessitera que très peu d'énergie
et de matière première ;
- les techniques de construction
seraient bouleversées dès lors
que des immeubles, des routes,
des tunnels, etc., seront capables,
pour ainsi dire, de se générer
eux-mêmes;
- il serait également possible de recréer
de la nourriture à partir d'air
et de déchets ...
Une multitude d'autres applications,
dès que l'on saura recréer
technologiquement les mécanismes
du vivant seront possibles.
LE MONDE DE DEMAIN
• Les nanotechnologies en sont encore
à leurs balbutiements.
Cependant,
les recherches s'affinent chaque jour,
se diversifient, et il n'est pas
une semaine sans que de nouvelles
découvertes ne soient officialisées.
Les nanotechnologies forment un
monde en mouvement dont l'évolution
et la croissance sont perpétuelles.
Si elles apparaissent encore
aujourd'hui comme relevant
de la science-fiction, les recherches
sont des plus sérieuses
et les spécialistes sont unanimes :
le monde de demain sera
nanotechnologique.
• Elles inspirent pourtant une
préoccupation sérieuse car les
nanotechnologies peuvent également
être à la source de nombreuses dérives.
Ainsi, l'on peut redouter
la généralisation de la « cyberfilature »
après implantation de puces
électroniques sous la peau
(une firme américaine a déjà déposé
une demande d'autorisation allant dans
ce sens) ainsi que le risque de
soumission du vivant à l'électronique.
Il n'en reste pas moins que cette
révolution technologique est en
marche, qu'elle fascine, provoque
l'enthousiasme et suscite de nombreux
espoirs, tant d'un point de vue
médical qu'environnemental
ou économique..
»
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