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L'action scientifique

Publié le 05/11/2011

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scientifique

Aucun homme ne transforme l'univers plus radicalement que le chercheur scientifique. D'une certaine équation d'Einstein sont sorties la bombe atomique et la transformation totale de la politique mondiale; elle amènera peut-être demain la fln de l'humanité. Les recherches de Pasteur et de ses disciples ont permis de combattre un grand nombre de maladies et de prolonger la durée de la vie, ce qui bouleverse aujourd'hui les structures sociales. Les fibres et matières plastiques, produites par les chimistes modernes, remplacent peu à peu les fibres et matières naturelles. Il se peut que ces découvertes entraînent la disparition des forêts ct des troupeaux. Aldous Huxley a décrit, dans Brave New World, ce que les biologistes pourraient faire des sociétés humaines.

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« disait Fleming, « cela peut être une fausse alarme; cela peut être capital.

:t Le hasard prend les formes les plus inattendues.

Newton voit tomber une pomme; Papin constate que se soulève le couvercle d'une marmite; Jenner observe que les êtres hu­ mains qui soignent les vaches attrapent rarement la variole; Pasteur remarque que les germes atténués par un long séjour à l'air ont le pouvoir de vacciner; Roentgen trouve ses plaques photographiques voilées par de mystérieux rayons; Fleming décou­ vre, dans une culture, une large plaque où tous les microbes sont morts.

Aussitôt il dit : « Ceci est bizarre :t, passe à l'action et découvre la pénicilline.

Le hasard ? Sans doute il joue son rôle .

Le vent avait apporté une spore de pénicil­ line.

« Mais enfin :., comme disait Fleming, « aucune spore ne s'était dressée sur la culture en criant : « Je suis la Pénicilline 1 :t Pasteur a écrit : « Le hasard ne favorise que les esprits préparés.

:t Jamais Fleming n'eftt reconnu la mystérieuse visiteuse s'il ne l'avait attendue toute sa vie.

La pénicil­ line n'était pas un don de la chance.

Elle était la récompense de la ténacité de Fle­ ming; de sa constante attention aux faits inhabituels; de sa pénétrante perception des ca uses; de son art de débroussailler un problème pour ne plus voir que les grandes lignes d'une solution possible.

En science, on trouve rarement ce qu'on cherche mais, parce qu'on a cherché, on trouve quelque chose et, si l'on a du génie, on explique ensuite ce qu'on a trouvé.

Le pouvoir de généraliser, c'est-à-dire de passer d'un petit événement à une concep­ tion très vaste, est capital.

Le grand cher­ cheur généralise, puis soumet sa théorie à des expériences cruciales qui répondront : « Oui :t ou « Non :.

au système qu'il vient de construire.

Pasteur ne put croire que le cas de la petite vérole fftt unique; il interrogea donc la nature sur d'autres ger­ mes atténués .

Elle lui donna le feu vert.

Le physicien moderne construit des machi­ nes géantes pour créer des situations neuves que l'hypothèse n'explique pas.

Car c'est le phénomène inexplicable qui l'obligera de chercher une nouvelle hypothèse, plus vraie, mais elle-même temporaire.

L'intuition joue son rôle; il arrive au physicien bien doué rie sentir « esthétiquement :.

qu'il y a quel­ que chose de faux dans une formule mathé­ matique.

Le savant qui fait de la recherche pure dit : « Je suis un tailleur; je fais des vête­ ments destinés aux phénomènes.

J'en fais à trois manches, à quatre manches, à sept manches.

Il m'arrive même d'e n faire à deux manches.

Si la nature veut les porter, et s'ils lui vont, tant mieux ! » Si aucun vête­ ment ne va, il faut continuer à couper et à essayer.

La ténacité est aussi nécessaire à l'homme de science qu'à l'artiste, ou au chef militaire.

Edison, après l'échec de la deux millième matière dont il avait tenté de faire un filament électrique, disait avec contentement : « Voilà du moins deux mille expériences que nous n'aurons plus à re­ faire.

» La recherche scientifique semble, en ce mo ment, la forme d'action la plus efficace .

Sur la constitution de la matière, sur les cellules, sur les gènes, sur les virus, l'homme ne sait encore que peu de choses.

L'aventure est aujourd'hui plus dans les laboratoires que sur les mers .

Tout reste à découvrir.

Nous sommes certainement entourés de mer­ veilles que nous ne voyons pas.

Les ondes qui ont rendu possibles la radio et la télé ­ vision , elles existaient déjà il y a mille ans, dix mille ans, mais nul ne savait les capter.

Les antibiotiques moisissaient sur de vieux souliers, et dans des melons pourris, au temps d'Ambroise Paré.

Personne ne s'en occupait.

Il en est encore ainsi aujourd'hui; il en sera ainsi pendant les siècles des siè­ cles.

Les miracles de la nature, et partant les possibilités de l'action scientifique, sont infinis .

Pourquoi un homme devient-il chercheur scientifique? Le hasard joue un rôle; la rencontre d'un homme, ou d'un livre, fait naltre une vocation.

Jean Rostand, fils de deux poètes, et frère de poète, trouva dans le voisinage un médecin qui lui donna le goftt de la science; il lut l'Ecrevisse de Thomas Huxley et les Souvenirs de Fabre.

Mais agissent aussi des facteurs personnels, impondérables.

Des milliers de jeunes hom ­ mes ont lu Fabre et Huxley; quelques-uns seulement les ont imités.

Quant à la direc­ tion de la recherche, au choix de la disci­ pline, ils dépendent, eux aussi, du hasard (Pasteur et le ver à soie, Pasteur et la bière); de rencontres (Fleming et Wright); du mouvement général des idées, et enfin du progrès des techniques.

Un microscope plus puissant ouvre une terra incognita au biologiste; les engins spatiaux éveillent des vocations d'astronome.

Le chercheur scien­ tifique est l'explorateur d'un monde dont. »

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