La supraconductivité (principes et méthodes)
Publié le 22/04/2014
Extrait du document
QUAND LA RESISTANCE ELECTRIQUE DEVIENT NULLE
La supraconductivité est un phénomène caractérisé par la propriété qu'ont certains matériaux de n'offrir brutalement plus aucune résistance au passage du courant électrique lorsqu'ils sont refroidis au-dessous d'une certaine température.
La température au-dessous de laquelle apparaît la supraconductivité est appelée « température critique de supraconductivité », notée Tc. Elle marque le passage du matériau de l'état normal à l'état supraconducteur. À l'état normal, c'est-à-dire au-dessus de la température critique, un matériau supraconducteur est tout à fait ordinaire : il offre une résistance et laisse pénétrer le champ magnétique extérieur.
L'INTERET DE LA SUPRACONDUCTIVITÉ
Sous la température critique, le matériau supraconducteur devient imperméable au champ magnétique extérieur en développant des courants électriques de surface qui s'opposent à ce champ magnétique. C'est l'effet Meissner ou « diamagnétisme parfait ».
Leurs propriétés particulières confèrent aux supraconducteurs des attraits technologiques puissants.
• Par exemple, en utilisant un supraconducteur refroidi en dessous de la température critique, il devient possible d'envisager le transport de l'énergie électrique et de courants de forte intensité sans aucune perte sous forme de chaleur (c’est toujours le cas pour un conducteur ordinaire, par effet Joule).
• L'effet Meissner permet, lui, la lévitation d'un aimant au-dessus d'un supraconducteur : le poids de l’aimant est vaincu par les forces répulsives qui s'exercent entre lui et le supraconducteur.
• L’absence de résistance et les propriétés magnétiques des supraconducteurs les rendent irremplaçables pour la production de champs magnétiques puissants.
• L'utilisation d'un autre effet lié aux supraconducteurs (l’effet Josephson) permet la détection de champs magnétiques très faibles, comme ceux produits par le corps humain. Cependant, il est nécessaire de tenir compte du fait que la température critique est plutôt basse. Elle atteint actuellement au mieux environ 138 K en laboratoire, soit -135 °C, bien loin de la température ambiante. L'exploitation de la supraconductivité pour des applications industrielles impose donc d'obtenir et de maintenir de très basses températures, ce qui est difficile et onéreux.
LA THEORIE BCS
La théorie de Bardeen, Cooper et Schrieffer (BCS) explique la supraconductivité à très basse température. Elle est fondée sur les découvertes de Fröhlich et de Cooper. Frôhlich avait montré que lorsqu'un électron, léger et très mobile, se déplace dans un réseau d'atomes, il attire des ions positifs autour de lui. Il crée ainsi localement une zone positive qui perdure suffisamment longtemps après son passage, en raison de la lenteur relative des ions à reprendre leur position initiale, et attire un second électron. Les deux électrons sont donc liés grâce au mouvement des atomes. C'est un peu comme si le premier électron laissait derrière lui un sillage positif, qui se retrouve derrière le second électron et ainsi de suite. Cooper avait ensuite montré que deux électrons liés de cette manière, même très faiblement, pouvaient avoir, ensemble, une énergie inférieure à la somme de leurs énergies individuelles. Ce couple d'électrons a été appelé paire de Cooper. Les paires de Cooper restent intactes à très basse température, car les mouvements du réseau d'atomes demeurent alors faibles.
Les paires de Cooper appartiennent à un type de particules, les bosons, et peuvent donc subir la condensation de Bose-Einstein, dans laquelle elles ont toutes la même énergie et donnent à l'état supraconducteur une énergie plus basse que celle d'un métal. Toutefois, les paires de Cooper condensées ne suffisent pas à expliquer la supraconductivité.
La théorie BCS ajoute un élément décisif : l'interaction entre les paires de Cooper, soulignant le caractère coopératif de l'état supraconducteur, qui est un peu celui d’un superfluide, s'écoulant sans friction et ne rencontrant pas de résistance sur son chemin. Cette interaction rend la cohésion d'une paire encore plus forte et fait apparaître un « gap » (terme anglais pour « fossé ») d'énergie.
Ce gap donne à l'état supraconducteur une énergie plus basse que celle de l'état normal. Il est proportionnel à la température critique. Il est aussi proportionnel à la fréquence des phonons. La supraconductivité disparaît quand une énergie au moins égale au gap est fournie, « cassant » les paires de Cooper. Selon la théorie BCS, la température critique ne peut dépasser environ 30 K : au-delà, l'agitation thermique est trop forte.
«
carbure
de bore, de ruthénium, ou
encore de plutonium et d'uranium.
!:étude des supraconducteurs
magnétiques peut donner la clé d'une
nouvelle théorie, qui complétera ou
remplacera la théorie BCS.
La théorie de Bardeen, Cooper et
Schrieffer (BCS) explique la
supraconductivité à très basse
température.
Elle est fondée sur les
découvertes de Frôhlich et de Cooper.
Frôhlich avait montré que lorsqu'un
électron, léger et très mobile, se
déplace dans un réseau d'atomes, il
attire des ions positifs autour de lui.
Il
crée ainsi localement une zone positive
qui perdure suffisamment longtemps
après son passage, en raison de la
lenteur relative des ions à reprendre
leur position initiale, et attire un second
électron.
Les deux électrons sont donc
liés grace au mouvement des atomes.
C'est un peu comme si le premier
électron laissait derrière lui un sillage
positif, qui se retrouve derrière le
second électron et ainsi de suite.
Cooper avait ensuite montré que deux
électrons liés de cette manière, même
très faiblement pouvaient avoir,
ensemble, une énergie inférieure à la
somme de leurs énergies individuelles.
Ce couple d'électrons a été appelé paire
de Cooper.
Les paires de Cooper restent
intactes à très basse température, car
les mouvements du réseau d'atomes
demeurent alors faibles.
Les paires de Cooper appartiennent à
un type de particules, les bosons, et
peuvent donc subir la condensation de
Bose-Einstein, dans laquelle elles ont
toutes la même énergie et donnent à
l'état supraconducteur une énergie plus
basse que celle d'un métal.
Toutefois,
les paires de Cooper condensées ne
suffisent pas à expliquer la
supraconductivité.
La théorie BCS ajoute un élément
décisif : l'interaction entre les paires de
Cooper, soulignant le caractère
coopératif de l'état supraconducteur,
qui est un peu celui d'un superfluide,
s'écoulant sans friction et ne
rencontrant pas de résistance sur son
chemin.
Cette interaction rend la
cohésion d'une paire encore plus forte
et fait apparaître un " gap » (terme
anglais pour" fossé») d'énergie.
Ce gap donne à l'état supraconducteur
une énergie plus basse que celle de
l'état normal.
li est proportionnel à la
température critique.
Il est aussi
proportionnel à la fréquence des
phonons.
La supraconductivité disparaît
quand une énergie au moins égale au
gap est fournie, " cassant » les paires
de Cooper.
Selon la théorie BCS, la
température critique ne peut dépasser
environ 30 K: au-delà, l'agitation
thermique est trop forte.
L'EFFET MEISSNER
JL'effet MeissnerJ
Etatnoonal I] · L..l..J...J...W lignes de champ magnétique
Une des conséquences les plus
spectaculaires de la supraconductivité
est l'effet Meissner (du nom de son découvreur
Fritz Walther Meissner,
1882-1974) ou" diamagnétisme
parfait».
Un supraconducteur
en-dessous de la température critique
devient " imperméable » au champ
magnétique environnant (tant que ce
champ magnétique n'atteint pas le seuil
critique H0 au-delà duquel le matériau
cesse d'être supraconducteur).
Les lignes de
champ dévient et
contournent le
!:effet Meissner est mis en pratique
dans les tr11ins ti lrvitlltion
m11gnrtique (MagLev).
L'EFFET JOSEPHSON
!:effet prédit en 1962 par Josephson est
parfois considéré comme la troisième
expression de la supraconductivité.
C'est le passage d'un courant de paires
d'électrons au travers d'une très fine
couche isolante de 10 à 20 A
( 1 angstrôm = w·• m) intercalée entre
deux électrodes supraconductrices,
sans l'application d'aucune tension
extérieure.
Le " sandwich »
supraconducteur-isolant fin
supraconducteur est appelé jonction
Josephson.
Alors que la résistance nulle et le
diamagnétisme parfait sont deux
propriétés macroscopiques, l'effet
Josephson est un effet microscopique,
ou quantique, lié à la nature
ondulatoire des électrons.
Cet effet est
dit de type tunnel, par analogie avec
l'image d'un tunnel percé dans l'isolant
qui permettrait au courant de passer.
Dans le cas de métaux ordinaires, le
passage de courant de l'un à l'autre au
travers d'un isolant par effet tunnel est
possible seulement si une tension est
appliquée (mais alors, les électrons ne
circulent pas par paires).
Si une tension est appliquée à une
jonction Josephson, un courant
alternatif apparaît, accompagné d'une
émission de rayonnement infrarouge
(chaleur).
La jonction se comporte
comme un commutateur de tension dix
fois plus rapide qu'un circuit semi
conducteur.
!:effet Josephson a permis de mettre
au point le dispositif SQUID
(Superconduding Quantum
Interference Deviee ) qui a de
nombreuses applications.
Les plus
importantes sont liées à l'électronique
ultra rapide et à la détection de
courants, de tensions, de champs
magnétiques et de rayonnements
infrarouges, avec une très grande
sensibilité.
Le SQUID permet en effet de détecter
des champs magnétiques extrêmement
faibles (de l'ordre de 10"'' à 10"'' T, soit
jusqu'à moins d'un milliardième du LES
MATÉRIAUX
SUPRACONDUCTEURS
Les supraconducteurs présentent une
grande diversité, tant dans leur
composition chimique que dans leur
structure cristalline.
Il n'en existe pas de
modèle caractéristique et on en
découvre régulièrement de nouveaux.
On peut toutefois les regrouper en trois
branches principales, les
supraconducteurs de type 1, ceux de
type Il et des supraconducteurs
qualifiés d'atypiques.
En outre, tous les
supraconducteurs connus sont des
solides, il n'en existe pas sous forme de
liquides ou de gaz.
SUPRACONDUCTEURS DE TYPE 1
Ce sont ceux qui montrent un
diamagnétisme parfait en dessous
d'une valeur critique H, de champ
magnétique ambiant.
Si le champ
magnétique appliqué au
supraconducteur devient supérieur à
H0 le matériau passe à l'état normal :il
n'expulse plus le champ magnétique et
montre une résistance comparable à
celle d'un métal à basse température.
�
H
normal Il
faut aussi écarter le vanadium, le
niobium et le technétium, qui sont de
type Il.
Les températures critiques des
supraconducteurs de type 1 ne
dépassent pas 8 K.
SUPRACONDUCTEURS DE TYPE Il
Ce sont ceux qui possèdent deux
valeurs de champ magnétique critique,
H,1 et Ha.
Au-dessous de H,1, le
supraconducteur se comporte comme
s'il était de type 1.
Entre H" et Ha, le supraconducteur se
trouve dans un état appelé mixte.
Il
laisse alors pénétrer partiellement le
champ qui emprunte un chemin que
l'on peut visualiser comme un réseau
de tubes appelés "vortex ».
Les vortex
se déplacent sous l'effet du champ,
créant alors une résistance et
réchauffant le matériau.
Ils s'ancrent
cependant à des défauts de la
structure : on peut en introduire
artificiellement pour figer le
mouvement des vortex (ajout
d'impuretés, irradiation).
Au-dessus de Ha, le supraconducteur
devient normal.
Les températures
critiques des supraconducteurs de
type Il sont généralement beaucoup
plus élevées que pour le type 1.
H �
nonnal
T, T
Les supraconducteurs de type Il sont
essentiellement :
• les alliages binaires de structure
cristalline dite A 15, comme Nb3Ge
(f, = 23,2 K), V3Si (f, = 17,1 K) ; QUElQUES
FAaEURS
INFLUE NÇANT
lA TEMPÉRAnJRE CRmQUE
Outre l'effet isotopique, la structure
cristallographique, la préparation du
supraconducteur, son état cristallin et la
pression ambiante jouent un rôle sur la
température critique et son apparition.
• !:étain blanc est supraconducteur à
3,7 K, mais pas l'étain gris, de structure
cristallographique différente.
• Le bismuth est supraconducteur
lorsqu'il est préparé sous forme de film
mais ne l'est pas sous forme de solide
massif.
• Des films à base de tungstène,
amorphes, montrent une température
critique de 5 K alors que le tungstène
seul, à l'état cristallin, n'a qu'une
température critique de 0,01 K.
• Dans La2.,Sr,CuO., Ia température
critique atteint un maximum de 35 K
pour une substitution ou dopage en
strontium, de valeur x égale à 0,15.
• La variation de stœchiométrie
(proportion suivant laquelle les
composants sont combinés) de
YBa2Cu30, est aussi importante :
pour x= 7, T, = 92 K mais n'est plus
que de 58 K pour x = 6, 7.
Ces valeurs
de x correspondent à un excès
d'oxygène (0) dans le composé.
• Enfin, certains matériaux ne
deviennent supraconducteurs que sous
pression, comme le phosphore, qui
montre une température critique de
5,8 K à 170 000 bars (la pression
atmosphérique étant de 1,013 bar).
Bi2Sr2Ca2Cu3010 (f, = 110 K) ou
H&o.s TI0,2Ba2Ca2Cu308,33 (f c = 138 K) ;
si leur fabrication est difficile à maîtriser
industriellement ils offrent pour la
plupart l'avantage de devenir
supraconducteurs à la température de
l'azote liquide ;
• les bronzes de tungstène, comme
Sr0,8W03 (f, = 2,4 K).
• les phases dites de Chevrel, à base de SUPRACONDUCTEURS ATYPIQUES
molybdène et de soufre, comme
Ces supraconducteurs ne peuvent être
PbMo6S8 (f, = 15 K) ; classés
parmi ceux de type 1 ou Il, tant
• les oxydes de cuivre à haute
leur comportement s'avère particulier.
T, T température critique, dont la structure
Parmi eux, on trouve différentes
Cette famille de supraconducteurs est cristalline est
de type pérovskite, structures
organiques :
composée par une grande partie des comme La1,85Ba0,15Cu04 (f, = 30 K),
•les nanotubes de carbone, dont la
éléments de la classification périodique YBII2Cu,07 (dont la structure est dimension linéaire est supposée
(tableau des éléments chimiques), ceux détaillée sur le schéma ; T, = 92 K),
interdire tout changement d'état;
qui montrent une certaine conductivité �------------...1...-...,
• les supraconducteurs
à la température ambiante.
Cependant
organiques dits moléculaires,
les trois meilleurs conducteurs que sont
sans métal, comme
l'or, l'argent et le cuivre n'en font pas
(fMTSFhCIO, (f, = 1,2 K);
parti e...
• les fullerènes dopés avec des
VERS L'INVENnON DU
MOUVEMENT PERPÉTUEl
Lorsqu'un anneau supraconducteur est
plongé dans un champ magnétique
puis est refroidi, le champ magnétique
est piégé en son centre.
Un courant
induit apparaît dans l'anneau et se met
à y circuler, sans perte, et donc
indéfinimen� puisque le
supraconducteur n'a aucune résistance
électrique.
On peut ainsi créer des
" courants persistants », qui donnent
une image du mouvement perpétuel.
C'est Kamerlingh Onnes qui a
démontré leur existence en
transportant un tel anneau de Leyde à
Cambridge : à l'arrivée à Cambridge, le
courant établi à Leyde sous un champ
magnétique ensuite supprimé existait
toujours dans l'anneau refroidi.
--l,eeA--
� yttrium( Y)
barlum (Ba) cuivro(Cu)
Q oxygène (0)
J Structure de YBa,cu,o,J alcalins,
comme RbC60 (f, = 30
K), molécule composée de
soixante atomes de carbone
disposés en forme de ballon de
football, au sein desquels un
atome de rubidium peut être
inséré.
D'autres supraconducteurs
atypiques présentent des
propriétés encore mal
comprises.
C'est le cas des
carbures de bore, qui repassent
à l'état normal au-dessous de la
température critique.
Par ailleurs,
les chercheurs étudient les
propriétés de supraconducteurs
ferromagnétiques, parmi
lesquels des composés à
fermions lourds comme
UGe2 (f, < 1 K) ou des
ruthénates, comme
RuSr2GdCu208 (f, =58 K)..
»
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