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LA RELATIVITÉ

Publié le 02/05/2019

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LA RELATIVITÉ GÉNÉRALE
 
Einstein n'était pas satisfait de la théorie de la relativité restreinte, car elle limitait la validité du principe de relativité aux seuls référentiels d'inertie. Il souhaitait rétablir la démocratie entre tous les référentiels et c'est en effet ce que fait la théorie de la relativité générale, qui stipule que les lois de la physique sont les mêmes dans tous les référentiels. Einstein élabora cette théorie à partir de 1907, après avoir eu l'idée qu'il qualifia lui-même de “ la plus heureuse de sa vie ” : la gravitation et l'inertie sont deux aspects du même phénomène. Il partit de l'idée qu'un observateur qui tombe en chute libre du haut d'un immeuble pourrait à juste titre considérer que la pesanteur n'existe pas : qu'il les tienne ou les lâche tous les objets restent immobiles par rapport à lui, quelle que soit leur nature physique ou chimique. En mécanique classique, on l'explique par le fait que, par rapport au référentiel de la Terre, l'accélération des corps au cours de leur chute ne dépend pas de leur masse, à cause de la coïncidence entre la masse inertielle et la masse gravitationnelle. Inversement considérons dans l'espace, loin de toute étoile ou toute planète, un observateur enfermé dans une cabine ayant une accélération égale à g (l'accélération de la pesanteur). La direction de l'accélération définit un “ haut ” et un “ bas ” dans la cabine et l'observateur est plaqué sur le bas de sa cabine, tout comme nous sommes maintenus sur le sol par l'attraction gravitationnelle de la Terre. Lorsqu'un objet se trouve dans la main de l'observateur, il est soumis à la même accélération que toute la cabine, grâce à la force exercée par la main. Si on lâche l'objet, il n'est plus soumis à aucune force et n'est donc plus accéléré, ce qui fait qu'il tombe vers le “ bas ” de la cabine. L'idée directrice d'Einstein est qu'il n'existe aucune façon de déterminer si nous sommes dans un référentiel d'inertie en présence de forces de pesanteur ou dans un référentiel accéléré.
Dans la théorie de la relativité, la dynamique est remplacée par la géométrie : la présence d'un corps ayant une masse donne une courbure à l'espace-temps à quatre dimensions. Il ne faut pas imaginer un espace préexistant, qui serait déformé par les masses qu'on placerait à l'intérieur. Dans la conception d'Einstein, ni l'espace ni le temps n'existent en l'absence de matière.
Outre l'équivalence de tous les référentiels et l'identité de la masse inertielle et de la masse gravitationnelle qui sont les postulats qui fondent la nouvelle théorie, celle-ci répond à une autre nécessité pressante : jusque là, les forces de gravitation avaient gardé leur caractère instantané, ce qui est difficile à concevoir. Dans la théorie de la relativité générale, pas plus que les forces électromagnétiques, les forces gravitationnelles ne s'établissent pas de façon instantanée : l'information les concernant se propage à vitesse finie.
Quelle que soit sa beauté et le caractère indispensable qu'on peut lui attribuer, une théorie physique doit pouvoir être vérifiée expérimentalement. Einstein avait d'emblée signalé trois points sur lesquels sa théorie différait de celle de Newton, et que l'on devait pouvoir vérifier.
Pour le premier, la précession du périhélie de Mercure, la vérification était déjà faite. En effet, la théorie de la gravitation classique était incapable d'expliquer totalement le mouvement de Mercure autour du Soleil : l'action des autres planètes laissait inexpliquée une petite précession découverte par Le Verrier. Or la théorie de la relativité générale rend compte de ce mouvement, en accord total avec les mesures effectuées. Einstein raconte avoir été transporté de joie pendant plusieurs jours lorsqu'il le vérifia.
Le deuxième test expérimental concerne la courbure des rayons lumineux provenant des étoiles lorsqu'ils passent à proximité du Soleil. Cet effet n'est mesurable que lors d'une éclipse totale du Soleil, sinon la lumière du Soleil empêche de distinguer celle qui provient des étoiles. À cause de la Première Guerre mondiale, la confirmation ne fut donnée qu'en 1919 par une expédition britannique. Mais Einstein avait confiance, il prétend avoir dormi toute la nuit sans la moindre inquiétude sur le résultat. En 1979, on a observé dans le ciel deux quasars tellement identiques qu'ils ne peuvent être que deux images différentes d'un même quasar. C'est la déviation des rayons lumineux au passage à proximité d'une galaxie massive qui produit cet effet de lentille gravitationnelle, ici encore conformément à la théorie.
La troisième expérience suggérée par Einstein concernait le ralentissement des horloges dû à la gravitation, autrement dit le “ déplacement vers le rouge gravitationnel ” : selon la théorie, une horloge placée à la cave, et donc plus proche du centre de la Terre, doit retarder par rapport à une horloge placée au grenier. L'effet est très petit : une différence d'altitude de 25 mètres ferait retarder une horloge de 1 seconde en dix millions d'années. Néanmoins, Pound et Rebka l'ont vérifié en 1959 en étudiant des sources de rayons gamma, placées en haut et en bas d'une tour. La fréquence des rayons émis par la source située en bas est plus faible, dans la proportion prévue par la théorie, avec une incertitude de 1 %.
La théorie de la relativité prédit aussi l'existence de trous noirs : des objets de masse tellement grande que rien, pas même la lumière, ne peut échapper à leur attraction. Si l'on n'a jamais, et pour cause, vu de trou noir, leur présence dans certaines galaxies est la meilleure explication possible à certaines observations faites par les astrophysiciens.
 
 
NEWTON, EXCUSE-MOI !
 
En 1949, Einstein écrivait : “ Newton, excuse-moi! la voie que tu as ouverte était la seule qu'un homme doué d'une intelligence brillante et d'un esprit créateur pouvait trouver à l'époque. Les concepts que tu as élaborés guident encore aujourd'hui nos raisonnements en physique, même si nous savons qu'il faut désormais les remplacer par d'autres concepts qui, plus éloignés de l'expérience directe, nous permettront seuls de parvenir à une compréhension plus profonde des relations entre les choses. ”
 
Les lois de Newton figurent parmi les plus fructueuses théories physiques jamais élaborées. Elles ont permis de décrire avec précision les mouvements des divers éléments du système solaire et de prédire les éclipses plusieurs siècles à l'avance ; elles n'en ont pas moins été supplantées par la relativité. À l'heure actuelle, la théorie de la relativité est en plein succès : on continue à trouver des vérifications expérimentales de ses conséquences et personne ne met sérieusement en doute l'existence des ondes gravitationnelles qu'elle prédit et qui n'ont pas encore été observées. Néanmoins, la façon même dont elle a supplanté les lois de Newton nous laisse raisonnablement penser qu'on observera un jour des phénomènes qui ne sont pas en accord avec elle. Il faudra alors trouver une nouvelle théorie, dont l'actuelle relativité sera un cas limite. Quelqu'un écrira peut-être alors, Einstein excuse-moi!


« 2 comme auparavant dans le récipient qu'on aura mis en dessous, sans qu'une seule goutte ne tombe du côté de la poupe, bien que pendant le temps où la goutte est en l'air le navire ait parcouru plus d'un empan ; les poissons dans leur eau nageront sans plus d'effort vers l'une ou l'autre partie du récipient dans lequel on les aura mis et ils se dirigeront avec autant d'aisance vers la nourriture quel que soit l'endroit du bord du bocal où elle aura été placée ; enfin les papillons et les mouches continueront à voler indifféremment dans toutes les directions.

Et on ne les verra jamais s'accumuler du côté de la cloison qui fait face à la poupe ; ce qui ne manquerait pas d'arriver s'ils devaient s'épuiser à suivre le navire dans sa course rapide.

” S'il a eu, à son époque, une importance considérable par sa rupture avec la description aristotélicienne et religieuse du monde, le principe de la relativité galiléenne n'a plus rien pour nous étonner : dans un TGV roulant à sa vitesse de croisière, le café servi au bar coule dans la tasse de la même façon qu'au buffet de la gare.

Lorsqu'on se déplace dans les couloirs, tant que le train ne tourne ni ne freine, il n'est pas nécessaire de faire d'autres efforts que ceux qu'implique la marche ordinaire sur le quai. En 1905, Einstein a étendu le principe de la relativité restreinte à toutes les lois de la physique et cette démarche apparemment anodine a des conséquences totalement surprenantes. LA NOTION DE RÉFÉRENTIEL Avant de poursuivre, précisons un peu.

Pour décrire les lois de la physique, il faut un système de référence, c'est-à-dire trois axes gradués (longitude, latitude et altitude, par exemple) et une horloge qui permettent de préciser la position et l'instant où se produisent chaque événement ; un tel ensemble est appelé un référentiel.

Les référentiels sont le plus souvent définis à partir d'un objet solide : on parle de référentiel de la Terre, de référentiel du train… On appellera référentiel du train celui dans lequel le train reste immobile, l'horloge étant embarquée à bord du train. Nous pouvons maintenant formuler le principe de relativité restreinte de façon plus précise et moins ferroviaire : les lois de la physique prennent la même forme dans tous les référentiels qui se déplacent à vitesse constante les uns par rapport aux autres.

(Rappelons que, pour les physiciens, la vitesse est représentée par un vecteur, et que “ vitesse constante ” signifie nécessairement que le mouvement a lieu en ligne droite). Avant de pouvoir décrire les conséquences étonnantes du principe de relativité d'Einstein, il nous faut procéder à un rappel de la mécanique selon Galilée et Newton. LES CHANGEMENTS DE RÉFÉRENTIEL EN MÉCANIQUE CLASSIQUE : ADDITION DES VITESSES La description d'un mouvement dépend du référentiel : le conducteur du train qui ne doit pas quitter la motrice est immobile dans le référentiel du train ; dans le référentiel de la Terre au contraire, il se déplace de Paris à Marseille, à une vitesse égale à celle du train.

On dit que l'espace est relatif car la distance qui sépare deux événements dépend du référentiel (sauf si les deux événements sont simultanés). Ainsi, le départ du train de la gare de Paris et son arrivée dans la gare de Marseille. »

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