La gestion de l'eau
Publié le 30/12/2018
Extrait du document
«
En
France, on dénombrait environ
20 000 moulins au début du XVIII' siècle
et, lorsque la machine à vapeur
se développa, l'Europe comptait
quelque 500 000 moulins.
UNE RÉPARTITION INÉGALE
• La répartition de l'eau sur la Terre
est inégale.
C'est pourquoi, bien qu'il
y ait globalement assez d'eau pour
tous les habitants de la Terre, certaines
parties du monde, particulièrement
en Afrique, manquent d'eau.
• En rapportant l'ensemble des besoins
en eau à la population totale, on estime
à 500 m' les besoins annuels moyens
en eau, par habitant, tous usages
confondus.
• Les pays désertiques comme l'Égypte
(43 m'de ressources en eau/personne/
an), la Mauritanie {163 m'), le Niger
{346 m') et Djibouti {472 m') sont
en déficit.
À J'inverse, des pays comme
Je Gabon {140 171 m'), Je Canada
{94 373 m'), le Congo {78 668 m'),
la Guinée équatoriale {69 767 m')
et Je Laos {50 392 m') possèdent
d'importantes disponibilités en eau.
• Dix pays (Brésil, Chine, Russie,
Canada ...
) se partagent 60% des
précipitations.
À lui seul, le bassin
de l'Amazone en reçoit 15% pour
0,3 % de la population mondiale.
• De nombreuses régions des latitudes
moyennes de l'hémisphère Nord, Je
Moyen-Orient, l'Afrique, l'Asie-voire
Je sud des États-Unis -vivent déjà en
état de« stress hydrique», c'est-à-dire
que la demande en eau y est supérieure
à la quantité d'eau disponible.
Un pays
peut être considéré comme subissant
un stress hydrique s'il prélève plus
de 20 % de ses ressources disponibles
et renouvelables en eau.
Selon cette
définition, 36 pays dans Je monde
connaissaient un stress hydrique
en 1998.
À moins de 10 %, il n'y a pas
de danger de pénurie.
Au-delà de 40 %,
Je stress hydrique est considéré comme
élevé : il y a pénurie et il faut faire appel
à d'autres types d'approvisionnement
• À l'inégalité de la répartition vient
s'ajouter une surexploitation aux effets
désastreux.
On a vu les rives de la mer
d'Aral reculer de 60 kilomètres, parce
que l'eau des fleuves Amou-Daria et
Syr-Daria qui l'alimentent était détournée
à 95 % pour irriguer le riz et Je coton
d'Asie centrale.
En Égypte, Je barrage
d'Assouan a créé une réserve de 15
000 km', mais il bloque les limons
fertilisants et 12% du débit du Nil
s'y évapore en pure perte.
En Libye,
la « Grande rivière artificielle »
{4 500 kilomètres de canalisations)
permettra de ravitailler la capitale
et d'irriguer les régions désertiques,
mais en pompant à grande profondeur,
dans la nappe fossile des grès de Nubie
qui a mis des siècles à se constituer.
EAu DOUCE, EAU POTABLE
• Avoir accès à l'eau douce ne suffit pas.
Encore faut-il qu'elle soit potable pour
être consommée par les êtres humains.
Or celle-ci, telle qu'elle est définie par
les exigences actuelles, ne se rencontre
quasiment plus à l'état naturel.
li faut
donc pour en obtenir, transformer
une eau brute, prélevée dans une rivière,
un lac ou une nappe souterraine.
• Dans certaines régions, les eaux
brutes proviennent des captages
de rivières.
Mais généralement, ce sont
les nappes aquifères qui sont sollicitées.
Celles-ci sont constituées de roches
saturées par les eaux de pluie infiltrées.
Agissant comme des éponges,
elles alimentent les puits et les sources.
Les nappes libres communiquent
avec la surface ; les nappes captives
sont prises en sandwich entre deux
couches géologiques imperméables.
• En France, l'eau d'origine souterraine
fournit 60% de J'eau potable et l'eau
de surface 40 %.
Le pays compte
6 500 nappes aquifères.
Celle du Bassin
parisien couvre 75 ooo km' et
contient 400 milliards de m' d'eau
- Je cinquième de toutes les eaux
souterraines du pays.
t:eau destinée
à la consommation humaine doit
répondre à de nombreux critères :
des critères de santé publique et
des critères de confort et de plaisir.
• Dans un rapport publié en 1995,
la Banque mondiale estimait
que 80 pays, représentant 40 % de
la population mondiale, souffraient
déjà de pénuries d'eau.
Actuellement,
1,1 milliard de personnes sont privées
d'eau potable.
Dans certains pays
-Cambodge, Tchad, Éthiopie,
Mauritanie, Afghanistan, Oman -,
moins de 40% de la population
a accès à l'eau potable.
LA POLLUTION DE l'EAU
La pollution se définit comme
la dégradation d'un milieu naturel
par introduction d'un polluant.
La pollution des ressources en eau
peut avoir de multiples origines,
consécutives aux activités
humaines, qu'il s'agisse des
pollutions domestiques et urbaines,
industrielles ou agricoles.
Mais il existe aussi des pollutions
« naturelles» de l'eau, qui rendent
celle-ci impropre à la consommation
par l'homme.
• Dans l'histoire, les pollutions
causées par l'homme relèvent
essentiellement des pollutions
chimiques.
Aujourd'hui, s'y
ajouteraient d'importantes LES
BESOINS EN EAU
UNE CONSOMMATION EN HAUSSE
• Au xx• siècle, la consommation d'eau
douce dans le monde a été multipliée
par sept.
Trois raisons expliquent cela.
- La population a triplé depuis
le début du siècle, pour atteindre
aujourd'hui près de 6 milliards
d'individus.
Au rythme actuel.
elle devrait dépasser les 8 milliards
en 2025 et pourrait doubler
d'ici à la fin du XXI' siècle.
- La demande en eau de chaque
habitant pour son bien-être et sa santé
a augmenté.
Dans Je monde, les
prélèvements d'eau ont été multipliés
par plus de sept entre 1900 et 1995,
soit un rythme de croissance plus
de deux fois supérieur à celui
de la population.
-Les prélèvements de l'agriculture
ont augmenté au cours des dernières
décennies jusqu'à représenter les trois
quarts de la consommation.
Les
prélèvements d'eau destinés à l'irrigation
ont progressé de plus de 60 •Jo depuis
1960 et représentent, au niveau
mondial.
70 % du total des prélèvements.
Au cours du xx• siècle, la surface des
terres irriguées a été multipliée par cinq
dans Je monde.
Ce développement
de l'irrigation est directement lié
à la croissance démographique,
notamment en Asie où elle entraîne
un développement de la riziculture.
• D'autres facteurs influent sur la
consommation d'eau, tels l'urbanisation
et le niveau de développement.
Ainsi, la consommation d'eau par jour
et par habitant, hors besoins agricoles,
s'élève à 300 litres aux États-Unis,
100 à 200 litres en Europe (137 en
France), pour seulement quelques litres
dans certains pays du tiers monde.
• Pendant ce temps, la quantité d'eau
douce gratuite et de bonne qualité
a beaucoup diminué, la ressource
s'étant partout dégradée en raison
de pollutions de toutes sortes.
LES UTILISATIONS DE L'EAU
• Aujourd'hui, environ 3 600 km' d'eau
douce sont prélevés sur les ressources
disponibles pour la consommation
humaine, soit l'équivalent de 580 m'
pollutions organiques (décomposition
de la matière végétale ou animale,
présence de bactéries associée à J'existence
d'une pollution fécale) et
thermiques, ces dernières surtout
en aval des centrales nucléaires.
• Parmi les pollutions chimiques,
celle due aux métaux lourds
(plomb, mercure, zinc, chrome)
est ancienne, d'autant que
ces métaux sont stables et ne
sont pas dégradés par les végétaux
et les animaux.
Plus récentes
sont les pollutions dues
à J'utilisation massive des
pesticides ou des nitrates, causée
par J'intensification de l'élevage
et la fertilisation excessive.
Paradoxalement, les progrès
de l'hygiène individuelle et l'usage
des lessives phosphatées ont fait
du phosphore un polluant qui
touche également les mers comme
l'Adriatique avec de spectaculaires
«marées vertes» (algues).
par
habitant et par an.
t:agriculture
est de loin le plus grand consommateur
d'eau dans le monde, sauf en Europe
et en Amérique du Nord, puisque
69 % des prélèvements mondiaux
lui sont imputables.
La consommation
des collectivités urbaines représente
environ 10% des prélèvements
et celle de J'industrie 21 %.
• En France, Je total des prélèvements
d'eau effectués pour couvrir J'ensemble
des besoins de la France s'éleve à 32 km'.
103 m' d'eau par habitant et par an
sont prélevés pour J'alimentation
en eau potable de la population,
so� 6 km' au total.
• Les pays qui utilisent plus de
60 % de leurs prélèvements en eau
pour des besoins domestiques sont :
la Guinée équatoriale, la Lituanie,
Je Gabon, le Congo, Je Togo et la
République démocratique du Congo.
• Plusieurs pays utilisent plus de
80 % de leurs prélèvements en eau
pour des besoins agricoles.
Ce sont :
Madagascar, Je Mali, Je Cambodge,
Je Rwanda, la Mauritanie, Je Sénégal,
le Maroc, la Tunisie, la Guinée, Je Laos,
le Tchad, Je Niger et Je Burkina Faso.
• Les pays utilisant plus de 60 %
de leurs prélèvements en eau
à des fins industrielles sont : la Belgique,
la Pologne, la Bulgarie, la Suisse,
le Canada, la France et la Moldavie.
• Au cours du xx• siècle, la consommation
d'eau pour les usages industriels a été
multipliée par trente, avec l'expansion
de la chimie, de la sidérurgie, de
la papeterie, du traitement de surface,
des industries agroalimentaires, du
textile -il faut 5 ooolitres d'eau pour
fabriquer 1 kg de fibres synthétiques.
• Les fleuves et les lacs forment un tiers
des frontières entre les États du monde.
Se partager équitablement leur eau
n'est pas des plus simple.
Ainsi Je Tigre
et I'Euphrtlte prennent leur source
en Turquie, pays qui a entrepris de les
équiper de 22 barrages pour J'irrigation
et de 17 centrales électriques.
Mais cela
diminuera de 35% Je déb� de ces fleuves
sur les terr�oires de l'Irak et de la Syrie ...
• D'autres conflits de J'eau se profilent.
LONU évalue ainsi aujourd'hui à plus de l'Inde,
Bangladesh
Je Népal.
• t:eau pourrait devenir un enjeu
politique et économique comparable
à ce que fut, par exemple, Je pétrole
durant les dernières décennies.
La
croissance démographique -8 milliards
d'Individus-concernera essentiellement
des pays en développement, dont bon
nombre connaissent déjà des difficultés
dans Je domaine de J'eau, d'où un
risque de multiplication des situations
de tension et une augmentation
des inégalités de répartition, puisque
les bes oins vont s'accroître là où les
ressources sont déjà faibles (Moyen
Orient, zones arides de l'Afrique).
Il faut également prendre en compte
l'impact, difficile à prévoir, d'éventuelles
modifications d'ordre climatique
(accentuation des écarts entre climats
arides et humides, irrégularité plus
forte des précipitations saisonnières
ou annuelles), profondes au niveau
mondial ou régional.
Si la gestion
des ressources n'évolue pas dans
les prochaines années, les deux tiers
de la population mondiale pourraient
subir des manques d'eau plus
ou moins importants en 2025.
·Un motif d'espoir apparaît
cependant : contrair ement à J'idée
reçue qui veut que Je partage de l'eau
soit à l'origine de conflits majeurs,
celui-ci constituerait historiquement
un facteur de coopération et de paix.
Une étude de l'université d'Oregon
qui a analysé 1 831 «interactions»
survenues depuis cinquante ans entre
les nations sur des questions d'eau
montre que celles-ci n'ont entraîné
que 37 conflits violents, dont 21
impliquant des interventions militaires :
18 de celles-ci ont mis en jeu Israël
et ses voisins.
En revanche, pendant
la même période, près de 200 traités
sur Je partage de J'eau ont été signés.
« t:eau internationale, conclut-elle,
est une ressource qui pousse
à la coopération, Je recours
à la violence étant J'exception.
»
ESTIMATIONS DES PRÉLÈVEMENTS MONDIAUX EN EAU
en km' par an
m' par habitant
%du total
1950 1995
1950 1995
1950 1995
- Agriculture
1 100 2 500 437 436
79 69
- Industries
200 750
79 31
14 21
- Collectivités
100 350
40 61 10
- Tota l
1400 J 600
556 528
100 100.
»
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