Evolution de la logique depuis ses origines jusqu'à Descartes
Publié le 22/10/2011
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C'est que, nonobstant la remise en cause des prémisses de la scolastique, le cartésianisme n'exclut nullement la foi ; mais, au contraire du thomisme, celle-ci est désormais fondée, et Descartes consacre la troisième Méditation, ainsi qu'une partie de la cinquième à prouver l'existence de Dieu. Mais, pour la première fois sans doute l'homme, sous la forme de l'ego, devient central et, doté de la méthode, va conquérir tout le champ de la connaissance. Pour les scolastiques, la foi entourait de toutes parts la raison, mais la divinité, en l'espèce de l'axiomatique dogmatique, en occupait le centre ; avec Descartes, en quelque sorte, le champ de la foi, par rapport à celui de la raison, est renvoyé à l'infini, et l'ego central est dépositaire de la divinité, en tant que créé à l'image de Dieu.
«
raisonner sur la logique.
Comment, en effet, pourrions nous traiter logiquement de la logique, c'est-à-dire la
fonder en quelque sorte sur elle-même ? La démarche
adoptée par Gëdel -fort élégante- s'apparentait.
mutatis mutandis, à celle de Husserl quand celui-ci re fusait à la psychologie le droit qu'elle s'arrogeait abusi vement de légitimer l'ensemble des sciences sous le prétexte que les processus de la pensée étaient de son
ressort exclusif.
Nous verrons, dans un instant, l'im portance capitale de cette homologie .
Si, entre les deux guerres mondiales, la révolution épistémologique toucha plus particulièrement les scien ces physiques (les mathématiques ayant progressé quel que peu à part), c'est, depuis les années 60, la biologie
qui se trouve soumise à son tour à la dure loi de la
révision radicale des fondements.
II semble que nous
soyons aujourd'hui parvenus, à cet égard, à une Ii mite : la biologie moléculaire, dont le produit le plus
impressionnant est le code génétique , a révélé , en effet ,
l'extraordinaire analogie des processus gouvernant la
transmission des caractères héréditaires
ou la synthèse
des protéines avec les plus récents développements de
la recherche dans
le domaine des algorithmes , c'est-à dire des procédures arithmétiques et logiques, qui gou vernent à leur tour la transmission mformatique de
l'information .
La limite est alors atteinte en ce sens
que les découvertes les plus avancées de l'esprit hu main se rebouclent sur une logique qui semble incluse
au sein des constituants les plus élémentaires de la ma tière vivante.
II en résulte que, depuis quelques années, les résultats obtenus, tant en physique qu'en mathéma tique, au cours des décades précédentes, se trouvent,
dans une certaine mesure, remis en question : l'emploi
de
« procédés finis », compte tenu des « paradoxes » soulevés par les problèmes concernant l'énergie et l'in formation, a conduit certains chercheurs à reconsidérer
les fondements de la science en général , et à substituer
au
« découpage » , plus ou moins arbitraire, du monde
en « systèmes clos » sa décomposition en « systèmes ou
verts ».
II semble à cet égard que, de même qu'à la
première révolution industrielle, où les machines rem placèrent les muscles , succéda la seconde, où d'autres
machines remplacèrent la part répétitive du système
nerveux central, de même , à la première révolution
épistémologique, fondée sur la matière dite
• inerte t, succède aujourd'hui la seconde, fondée cette fois sur la vie et sur la pensée.
Parallèlement et complémentairement à la démarche
que nous venons d'évoquer,
il se trouve que, depuis
Descartes, en passant par Kant puis par Hegel, la phi losophie a développé, surtout en Allemagne, une
conception de la logique tout autre que la conception
traditionnelle , qu'il s'agisse de la logique formelle
clas sique ou de ses divers prolongements : il s'agit de la
dialectique moderne qui, en particulier, devait fournir,
associée à une conception matérialiste du monde, la
dialectique matérialiste marxiste.
En fait, la dialecti que existait dès la période hellénique de la philosophie ,
notamment avec Platon et Héraclite , mais, en quelque
sorte, elle ne possédait pas les instruments de son effi cacité, de même que les Grecs de l'Antiquité étaient
incapables de prévoir que le pouvoir de l'ambre jaune
d'attirer les fétus de paille déboucherait un jour sur
la formidable puissance de l'électricité.
Aujourd'hui, appuyée
sur
les sciences, à côté et au-delà du
marxisme , la dialectique, associée, en particulier .
à un
certain structuralisme permet, à
son tour, à la logique
de réaliser un progrès décisif.
LA LOGIQUE PRIMITIVE
A ne considérer la logique que dans son acception
habituelle , il pourrait sembler parfaitement rigoureux
de situer notre point de départ au niveau du premier
homo sapiens .
Toutefois,
si l'on admet la théorie de
l'évolution, et que, par suite, l'humanité procède d'une
nature vivante procédant elle-même de la matière dite
« inerte», la question perd une part considérable de
son apparente simplicité : n'y a-t-il point de logique
avant l'homme
et, bien en deçà , avant la première mo lécule de protéine ? Et, de fait, le langage commun ,
s'il reconnaît à l'homme ainsi qu'à certains animaux
le pouvoir de se comporter « logiquement », l'attribue
fréquemment aussi à la nature tout entière; c'est ainsi.
par exemple , que
le mouvement des planètes fait sou vent l'admiration des hommes pour l'ordre auquel il obéit, ordre qui sous-entend évidemment une certaine « logique » interne .
Tous
les objets, homo sapiens compris, ne le sont
que pour nous, et, en tant que tels, ne nous contèrent
aucunement le droit de préjuger de la conscience et
des vécus de l'homo sapiens; il est évidemment tou jours possible, comme le font les archéologues, de dé duire, des vestiges de ses activités , une part du
comportement rationnel de l'homme primitif, mais les
résultats obtenus seront toujours fragmentaires
et tou jours remis en question car, ceci est capital, c'est notre
raison qu'en l'occurrence nous faisons jouer et que ,
plus ou moins consciemment, nous projetons dans
le passé.
Considérons, pour fixer
les idées, une doctrine telle
que l'animisme : c'est, selon Lalande, « l'état mental
des peuples qui croient à la présence d'âmes anthropo morphiques chez tous les êtres de la nature ».
Vocabu laire technique et critique de la philosophie.
La tenta tion immédiate , à l'égard d'une telle doctrine, consiste
à porter un jugement de valeur .
c'est -à-dire à la consi dérer comme fausse, ridicule, « primitive », etc.
Céder
à cette tentation serait oublier la distinction essentielle
qu'il convient de faire, comme nous l'avons déjà
souli gné, entre les trois niveaux du sens, de la cohérence
et de la vérité .
Et, de fait, dans un tel jugement de
valeur , seule cette dernière est envisagée : je mesure la
distance entre ma vérité et celle de l'animiste et, bien
entendu , c'est la première que je fais prévaloir.
Comme
le remarque Tran Duc Thao , la confusion des niveaux
fut la cause d'une certaine stérilité de la logique tradi tionnelle : • Les trois couches que nous avons distin guées ( ..
.) se mêlaient confusément chez le logicien
classique qui, tout en ne travaillant en fait que sur de
pures significations ( ..
J portait son attention sur les
conditions formelles d'une vérité possible , au sens d'un
accord avec les choses.
Il lui était alors pratiquement
impossible de thématiser le domaine des significations
comme telles et de développer pour lui-même
le sys tème des formes d'énoncés possibles, à titre de pures
significations comme telles».
Or, quand l'animiste af-.
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- Le mot "logique" dans l'oeuvre de DESCARTES
- Je pris garde que, pour la logique, ces syllogismes et la plupart de ses autres instructions servent plutôt à expliquer à autrui les choses qu'on sait ou même ... à parler sans jugement de celles qu'on ignore, qu'à les apprendre. Descartes, Discours de la méthode deuxième partie. Commentez cette citation.
- Ainsi on peut bien dire que ce mot vérité, en sa propre signification, dénote la conformité de la pensée avec l'objet, mais que, lorsqu'on l'attribue aux choses qui sont hors de la pensée, il signifie seulement que ces choses peuvent servir d'objets à des pensées véritables, soit aux nôtres, soit à celles de Dieu; mais on ne peut donner aucune définition de logique qui aide à connaître sa nature. Descartes, Lettre à Mersenne, 16 Octobre 1639. Commentez cette citation.
- LA LOGIQUE ET LE SAVOIR "La logique sert plutôt à expliquer à autrui les choses qu'on sait ou même à parler sans jugement de celles qu'on ignore." Descartes, Discours de la méthode, 1637. Commentez cette citation.