ENTROPIE THERMODYNAMIQUE ET INFORMATION
Publié le 27/10/2011
Extrait du document
Si l'on examine les différentes théories physiques qui ont vu le jour pour expliquer, sinon le «pourquoi «, au moins le « comment « de ce qui nous entoure - mécanique, électromagnétisme, etc. - on constate une caractéristique étonnante : tous les phénomènes, et par conséquent les équations qui les décrivent - ou sont censées les décrire - y fonctionnent de façon réversible par rapport au temps.
«
La question qui se posait alors était la suivante :
est -il possible d'améliorer encore ce rendement, par
exemple en augmentant la pression de la vapeur , sa
température, ou en changeant de fluide , etc.
C'est
en cherchant à répondre à cette question que
Sadi Carnot, fils du général Lazare Carnot( « l'organisa
teur de la victoire » sous la Révolution) énonça un
principe fondamental de la thermodynamique , le deuxième principe (bien qu'explicité plus tard, le premier principe· porte son numéro car il précède « logiquement • le deuxième principe : le premier
principe est en effet la traduction thermodyna
mique du principe général de la conservation de
l 'énergie , en l'occurrence sous forme de l'équ ivalen
ce quantitative de la chaleur et de l'énergie).
Les raisonnements de Carnot se fondent sur
deux notions : celle de
« cycle • et celle de « trans
formation réversible ».
Pour qu'il y ait transformation utile de chaleur
en travail, il faut que le fluide grâce auquel cette
transformation s'accomplit soit à la fin de l'opéra
tion dans
le même état physique (température ,
pression, etc.) qu'au début.
Considérons en effet un
gaz comprimé qui se détend : il pousse un piston
(qui peut
par exemple servir à extraire de l'eau d'un
puits) et accomplit donc un certain travail ; en con
trepartie,
il se refroidit et perd donc une certaine
quantité de sa chaleur.
Mais, son état final étant
fort différent de son état initial, cette transforma
tion n'est pas vraiment utilisable, car pour recom
mencer l'opération, il faudrait recomprimer
le gaz,
et par conséquent lui fournir une quantité de travail
au moins égale à celle que le gaz avait fournie en se
détendant.
D'où la nécessité du cycle, que l'on
obtiendra par exemple en mettant le gaz en contact
alternativement avec une source de chaleur (appe lée« source chaude •) et avec un corps froid (appe lé « source froide •) : le gaz emprunte de la chaleur
à la source chaude, il se détend en accomplissant
un certain travail ; puis il se contracte au contact
de la source froide, en lui transmettant une certaine
quantité de chaleur résiduelle inutilisable (et en
absorbant une certaine quantité de travail , mais
inférieure à celle qu'il a fournie précédemment, grâ
ce au fait que la source froide et le gaz lui-même
sont à une température plus basse) .
In fine, le gaz
se retrouve à son état de départ, mais il a transféré
une certaine quantité de chaleur de la source chau
de à la source froide, et il a fourni
à« l'extérieur » une certaine quantité de travail utilisable.
Si l'on
s 'arrange pour maintenir constante la température
de la source chaude malgré ce
« pompage • cons
tant de chaleur effectué par le gaz (par exemple en
la chauffant par une combustion de charbon ou de
pétrole) , ainsi que celle de la source froide (par
exemple en prenant un réservoir d'une capacité suf
fisamment
grande: l'air atmosphérique , l'eau de la
mer, etc.), on peut donc répéter le cycle indéfini
ment , ou du moins tant qu'on dispose de quoi com
penser la perte
d~;_ chaleur de la source chaude et tant
que la source froide ne s'est pas trop réchauf
fée .
Autrement dit, et c'est la première constatation
de Carnot , dès qu'
il y a une différence de tempéra
ture entre deux corps, on peut en les utilisant
comme source chaude et source froide d'un
moteur , tirer de cette différence de température un
certain travail.
Quelle est cette quantité de travail ?
Pour le déterminer, Carnot imagina un cycle idéal
(le célèbre «cycle de Carnot ») dont la caractéris
tique essentielle est d'être intégralement réversible .
Cela veut dire qu' il peut fonctionner rigoureuse
ment à l'envers, toutes les quantités en jeu (travail
et chaleur) étant alors transmises en sens inverse :
si dans un sens (le sens
« normal •) il prend de la
chaleur à la source chaude, en transforme une par
tie
en travail utile et transfère le reste à la source
froide, en sens inverse, il prendra de la chaleur à la source froide, et au prix d'un certain travail qui lui
sera fourn i de l'extérieur, transmettra une quantité
de chaleur plus grande à la source chaude (c'est le mode de fonctionnement des réfrigérateurs): dans les deux cas, les quantités de travail et de chaleur
sont rigoureusement les mêmes en valeur absolue ,
mais les échanges se font en sens inverse.
Evidemment , un tel moteur
«réversible • n'est
pas concrètement réalisable : il faudrait pour qu'il le soit qu' il n'y ait aucun frottement dissipant une
partie du travail fourni sous forme d'une chaleur
inutilisable, et que n'apparaissent jamais de diffé
rences de températures entre les corps échangeant
de la chaleur , car dans un cas comme dans l'autre,
c 'est une partie de la
« puissance motrice » due à la différence de température entre les deux sources
qui est perdue sans profit.
Cela supposerait donc
que
le moteur soit parfaitement calorifugé et lubri fié, et qu'il fonctionne infiniment lentement.
Il
constitue donc un idéal, une limite impossible à
atteindre .
Mai s
il présente un avantage théorique
énorme : c'est, pour une quantité de chaleur utili
sée , donnée , celu i qui a le meilleur rendement.
Car
not raisonne de la façon suivante : supposons qu'a
vec les deux mêmes sources chaude et froide , on
puisse trouver un moteur ayant un meilleur rende
ment (c'est-à -dire fournissant plus de travail tout
en prenant la même quantité de chaleur à la source
chaude); il suffit alors de faire tourner, à l'envers,
à l'aide de ce nouveau moteur, un moteur réversible
qui, pour un travail moindre, restituera à la source
chaude une quantité de chaleur égale à celle qui lui
aura été prise par le premier moteur : ainsi, sans
dépenser aucune chaleur, pourrons-nous obtenir
une énergie gratuite, égale
à la différence entre le travail fourni par le premier moteur et celui absor
bé par le second pour tourner à l'envers , ou , ce qui
revient au même, transférer de la source froide à la source chaude de la chaleur sans aucune dépense
d'énergie .
Cela est évidemment absurde, et posé
comme impossible par le deuxième principe..
»
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