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BUFFON ET L'« HISTOIRE NATURELLE »

Publié le 27/05/2011

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L'Histoire naturelle, générale et particulière, se divise en quatre grandes masses : l'Histoire des quadrupèdes (15 volumes parus de 1749 à 1767) l'Histoire des oiseaux (1770-1783, 9 volumes) , le Supplément (1774-1789, 7 volumes) et l'Histoire des minéraux (1783-1788, 5 volumes) . Malgré l'aide efficace de ses collaborateurs, le docteur Daubenton pour l'anatomie des quadrupèdes, Guéneau de Montbéliard et l'abbé Bexon pour les oiseaux, Buffon dut renoncer à traiter du règne végétal et de la micro-biologie. Avant tout, l'Histoire naturelle est une minutieuse description de centaines d'espèces animales ou minérales. Mais Buffon a la passion des idées générales et des grandes questions scientifiques. Dans les trois premiers volumes de 1749, qui constituent une sorte de prologue, et dans plusieurs Discours particuliers répartis tout au long de l'oeuvre, il a pris position sur les problèmes de la méthode scientifique, de l'histoire de la nature, de la biologie générale et de l'anthropologie.

buffon

« Daubenton pour l'anatomie des quadrupèdes, Guéneau de Montbéliard et l'abbé Bexon pour les oiseaux, Buffon dutrenoncer à traiter du règne végétal et de la micro-biologie.

Avant tout, l'Histoire naturelle est une minutieusedescription de centaines d'espèces animales ou minérales.

Mais Buffon a la passion des idées générales et desgrandes questions scientifiques.

Dans les trois premiers volumes de 1749, qui constituent une sorte de prologue, etdans plusieurs Discours particuliers répartis tout au long de l'oeuvre, il a pris position sur les problèmes de laméthode scientifique, de l'histoire de la nature, de la biologie générale et de l'anthropologie.Lorsque Buffon commence son oeuvre, les sciences naturelles sont dominées par une philosophie religieuse,créationniste et providentialiste, issue de la pensée anglaise du début du XVIII° siècle.

Sous sa forme chrétienne,cette philosophie est représentée en France par un ouvrage très répandu, Le Spectacle de la nature de l'abbéPluche.

Sous sa forme déiste, elle n'a pas de meilleur représentant que Voltaire.

Elle enseigne que la nature est sousnos yeux exactement telle qu'elle est sortie des mains du Créateur.

Le naturaliste doit donc se borner à observer età décrire il ne peut rien expliquer, car la seule explication des choses réside dans la sagesse de Dieu, que l'hommene peut atteindre.

Tout au plus peut-il chercher à deviner les causes finales, c'est-à-dire les intentions que Dieu apu avoir en créant les êtres vivants.

Une telle philosophie a pu être utile, en favorisant l'observation de la nature :dans la première moitié du XVIII° siècle, les naturalistes ont en effet accumulé une masse énorme de faitsnouveaux.

Mais elle risque de stériliser la science en lui interdisant la recherche des causes et des lois.Buffon réagit d'emblée contre cette philosophie.

Pour lui, la science n'a rien à voir avec la théologie, et le savant n'apas à méditer sur les intentions du Créateur : les prétendues causes finales ne sont que « des rapports arbitraireset des abstractions morales ».

La création du monde n'est pas un fait scientifique : la science ne s'occupe que de lanature, et « on doit, autant qu'on peut, en physique, s'abstenir d'avoir recours aux causes qui sont hors de lanature ».

Le savant ne doit pas se contenter d'observer et de décrire : il doit rassembler les faits pour en chercherles causes et dégager les lois qui règlent la marche de la nature.Buffon adopte la méthode inductive de Newton, qui va des faits à la loi, mais sans limiter le champ de sonapplication par une intervention du Créateur.

L'homme ne comprend pas tout, mais, avec le temps, il parviendra àtout comprendre grâce à l'expérience et au raisonnement.

En même temps qu'il refuse le créationnisme qui niel'activité de la nature, Buffon refuse donc le scepticisme d'origine épicurienne, qui prétend que l'homme ne peutcomprendre cette activité.

Pour Buffon, la science est possible.En 1749, il tend à croire qu'elle n'est en somme qu'une lecture humaine des phénomènes naturels.

Par la suite sapensée évolue, et il se persuade que la science atteint réellement l'enchaînement des phénomènes et les lois de cetenchaînement.

La nature sera ainsi doublement et totalement comprise : par la reconstitution de son histoire, quiexplique l'aspect présent des choses en remontant dans le passé aussi loin que les faits connus nous le permettent,et par la connaissance des lois qui règlent cette histoire elle-même.

La science devient alors un savoir total : • La Nature étant contemporaine de la matière, de l'espace et du temps, son histoire est celle de toutes lessubstances, de tous les lieux, de tous les liges.On comprend que Buffon ait été particulièrement intéressé par l'histoire de la terre, à laquelle il consacre le premierdes trois volumes de 1749.

Newton avait été frappé de l'ordre qui règne dans le système solaire, dont toutes lesplanètes tournent dans le même sens, presque dans le même plan et selon des orbites à peu près concentriques.Dans cette régularité, Newton avait vu la preuve de la création du monde par une intelligence suprême.

Buffon, aucontraire, en déduit que l'existence des planètes résulte d'une même cause physique, et propose, à titred'hypothèse, que la matière des planètes a été arrachée au soleil par le choc d'une comète.

Même à l'époque, cettehypothèse soulevait de grosses difficultés scientifiques, mais sa signification philosophique est évidente.En 1779, dans Les Epoques de la nature (parues dans le tome V du Supplément), Buffon tente de reconstituerl'histoire complète de la terre, à partir du moment où elle a été arrachée du soleil.

En évaluant la durée de sonrefroidissement et le temps nécessaire aux phénomènes de sédimentation qui ont formé les roches stratifiées, il estamené à proposer des chiffres qui peuvent paraître aujourd'hui dérisoires75 000 ans pour tout le passé de la terre mais qui étaient révolutionnaires à une époque où l'opinion commune, sefondant sur une interprétation de la Bible, fixait la création du monde vers 4 000 avant J .C .Ce qui importe d'ailleurs dans ces recherches, ce ne sont pas les résultats, nécessairement périmés aujourd'hui, maisl'esprit dans lequel elles ont été menées, et qui est celui de la science moderne.

De la même manière, la minéralogiede Buffon, qui repose sur des connaissances chimiques insuffisantes, garde cependant l'intérêt d'insister sur lesprocessus de formation des roches, sur la « génésie des minéraux », c'est-à-dire sur l'enchaînement naturel ethistorique des phénomènes.En biologie, Buffon s'est intéressé surtout aux grands problèmes de la nature de la vie et de la reproduction desanimaux.

L'opinion commune, dérivant du mécanisme cartésien, considérait alors les animaux comme des machinestrès complexes mais incapables de se reproduire elles-mêmes, d'abord à cause de leur complexité, mais surtoutparce que la conception mécaniste de la vie n'accordait à la matière vivante aucun pouvoir spontané.

Il avait doncfallu supposer que tous les êtres vivants passés, présents et à venir avaient été créés en même temps par Dieu lorsde la création du monde, sous forme de germes infiniment petits, mais qui contenaient déjà l'animal entier enréduction.Pour quelques biologistes, ces germes étaient contenus dans les spermatozoïdes, découverts en 1677 par leHollandais Leeuwenhoek.

Pour la plupart, ils se trouvaient dans les oeufs, dont un autre Hollandais, Régnier de Graaf,avait démontré l'existence chez les animaux vivipares en 1672.

Buffon rejeta d'emblée la théorie des germespréexistants, parce qu'elle faisait de la formation des êtres un phénomène surnaturel, inaccessible à la science, etqu'elle conduisait par ailleurs à des suppositions invraisemblables.

Mais il eut le tort de refuser du même coup dedonner un rôle aux spermatozoïdes dans la reproduction, et de ne pas croire à l'existence des oeufs des vivipares.Refusant le mécanisme cartésien, trop simpliste, Buffon insiste sur le caractère original de la vie.

Pour lui, toutematière vivante est composée de « molécules organiques », qui sont pour ainsi dire des atomes vivants.Absorbées avec les aliments, ces molécules organiques sont assimilées par les organes, dont elles assurent la. »

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