AÉRONAUTIQUE Equipages de 1930 à 1939 : Histoire
Publié le 17/12/2018
Extrait du document
Clément Ader, premier homme à avoir réussi à quitter le sol, à bord d'une machine de sa conception, plus lourde que l'air, l'Eole I, et grâce à un moteur qu’il avait mis au point, avait ouvert la voie, le 9 octobre 1890, et inventé le mot avion. Dès lors, les initiatives se sont multipliées avec une frénésie croissante.
Pionniers
Vint le premier exploit dûment homologué: le premier vol d’un kilomètre en circuit fermé, exécute à Issy-les-Moulineaux, par Henry Farman, sur avion Voisin, le 13 janvier 1908, en une minute 28 secondes. Cette année-là marqua l’an un de l’aviation. Aux précurseurs vinrent succéder les pionniers... dont certains avaient appartenu à la période précédente: Voisin, Blériot, Breguet, Farman... entre autres. Ils s’identifieront à des firmes dont les noms seront promis à une notoriété internationale.
Génération 1930
Il va de soi que les années trente ne relèvent pas d’une «génération spontanée». Elles puisent leurs racines et leur orientation dans les quelques années précédentes. Certains exploits ont donné l'exemple et attisé les convoitises: la première traversée de l’Atlantique de New York à Paris sans escale par Charles Lindbergh les 20/21 mai 1927, le premier tour du monde de Dieudonné Costes et Joseph Le Brix — comprenant la première traversée de l'Atlantique Sud — d’octobre 1927 à février 1928, les premiers raids vers Saïgon et vers Madagascar par Bailly et Réginenci en 1928, la première traversée française États-Unis-Europe par l’équipage de l'Oiseau Canari la même année, prouvent à quel point l'esprit d'entreprise est déjà roi.
Si la création du ministère de l’Air remonte à fin 1928, c’est à partir de 1930 que son efficacité se concrétise sous l'impulsion du ministre Laurent-Eynac et du premier directeur technique et industriel (DTI) Albert Caquot. En effet prennent naissance l’École de l'air, à Versailles, l’École spéciale des travaux aéronautiques (ESTA), l’École nationale supérieure de l’aéronautique (ENSA), issue de l’É-cole supérieure de l’aéronautique créée en 1911. L’industrie, dont la chambre syndicale, USIA, s’installe définitivement en 1930 rue Galilée à Paris, s’enrichit de moyens nouveaux. Le laboratoire Eiffel lui est confié. Ce sont aussi: l'institut aéronautique technique de Saint-Cyr, le laboratoire de l’Aéronautique militaire de Chalais-Meudon, 1’Etablissement de l’aviation militaire de Vincenncs...
Autant de créations qui ctayent l’essor significatif des techniques: en 1930, la construction métallique entre pour 46 % dans la fabrication des avions alors que deux ans plus tôt elle était de 9,5 % ; on assiste aux premiers essais des moteurs à compresseur, les trains d’atterrissage connaissent les amortisseurs oléopneumatiques; les freins sur roues apparaissent ; la roulette de queue se substitue à la béquille et le train escamotable fait son apparition. Evolution encore dans le domaine de la radio: les postes embarqués, moins encombrants, permettent des émissions, en morse, sur ondes longues, courtes et ultra-courtes; la phonie naissante a une portée cependant bien faible. En revanche, la radiogoniométrie et le radiocompas entrent dans le domaine pratique.
L’impulsion donnée par Albert Caquot à l’industrie se traduit par une politique de concentration des moyens industriels et de décentralisation, accompagnée par la mise en place de marchés d’Etat pour les prototypes, et aussi par une incitation aux progrès techniques. Ce dernier point bénéficiera aux programmes d’avions de raid et de compétition qui vont brillamment illustrer la décennie. Apparaîtront alors en premier plan des firmes telles que Bernard, Blériot, Breguct et Dewoitine pour les raids, Caudron-Renault et Potez pour les compétitions; Breguet, Caudron-Renault, Couzinet, Dewoitine, Far-man, Latécoère, Morane-Saulnier, Potez pour l’aviation civile et commerciale; alors que l’aviation militaire devra ses principaux appareils à Amiot, Bloch, Breguet, Caudron, Dewoitine, Farman, Latécoère, Lioré et Olivier, Morane-Saulnier, Nieuport, Potez — pour se limiter aux productions les plus significatives.
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Cyr,
le laboratoire de l'Aéronautique militaire de Chalais-Meudon,
l'Etablissement de l'aviation militaire de Vincennes ...
Autant de créations qui étayent l'essor significatif des tech
niques: en 1930, la construction métallique entre pour 46 % dans la
fabrication des avions alors que deux ans plus tôt elle était de 9,5%;
on assiste aux premiers essais des moteurs à compresseur, les trains
d'atterrissage connaissent les amortisseurs oléopneumatiques; les
freins sur roues apparaissent; la roulette de queue �e substitue à la
béquille ct le train escamotable fait son apparition.
Evolution encore
dans le domaine de la radio: les postes embarqués, moins en
combrants, permettent des émissions, en morse, sur ondes longues,
courtes et ultra-courtes; la phonie naissante a une portée cependant
bien faible.
En revanche, la radiogoniométrie et le radiocompas
entrent dans le domaine pratique.
l:impulsion donnée par Albert Caquot à l'industrie se tra
duit par une politique de concentration des moyens industriels et de
décentralisation, accompagnée par la mise en place de marchés d'État
pour les prototypes, et aussi par une incitation aux progrès techniques.
Ce dernier point bénéficiera aux programmes d'avions de raid et de
compétition qui vont brillamment illustrer la décennie.
Apparaîtront
alors en premier plan des firmes telles que Bernard, Blériot, Breguet
et Dewoitine pour les raids, Caudron-Renault et Potez pour les
compétitions; Breguet, Caudron-Renault, Couzinet, Dewoitine, Far
man, Latécoère, Morane-Saulnier, Potez pour l'aviation civile et
commerciale; alors que l'aviation militaire devra ses principaux appa
reils à Amiot, Bloch, Breguet, Caudron, Dewoitine, Farman, Laté
coère, Lioré et Olivier, Morane-Saulnier, Nieuport, Potez -pour se
limiter aux productions les plus significatives.
La 12' Exposition internationale de l'aéronautique de 1930
au Grand Palais (qui deviendra Salon international de l'aéronautique
ct de l'espace trente-trois ans plus tard) abrite 52 appareils dont 46
français.
Les 238 exposants représentent 27 firmes françaises et 15
étrangères.
Enfin 1930, c'est aussi la construction de la piste en ciment
d'Istres -une des premières et la plus longue de France -, l'amé
nagement de la célèbre hydrobase de Biscarosse par Latécoère, le
début de la publicité par banderoles remorquées, l'essor de la Fédéra
tion nationale aéronautique.
L Es RAIDS
Les années trente vont correspondre à une période émaillée
de hauts faits de portée internationale, grâce aux équipages et aux
avions sortis des usines françaises depuis la guerre de 1914-1918.
Consciente de disposer de matériels surclassant la plupart des produc
tions étrangères, la France entend prouver par des records et des
compétitions les performances spectaculaires de ses machines; par
ailleurs, les raids qui sillonneront le monde poseront les jalons de
lignes aériennes et démontreront les atouts promis à l'aviation
commerciale.
Quelques exemples peuvent illustrer cette foison d'ex
ploits demandant aux équipages une singulière expérience, une résis
tance physique peu courante et une préparation minutieuse.
La première liaison transatlantique d'est en ouest par Dieu
donné Costes et Maurice Bellonte, à bord du Breguet XIX GR Point
d'interrogation, permet de relier sans escale �aris à New York en 37
heures 18 minutes les l" et 2 septembre 1930.
A cette occasion et pour
la première fois, la radio transmet en direct depuis New York, dans les
haut-parleurs dressés place de la Concorde, les voix un peu nasillardes
de l'équipage interviewé à son arrivée ! Cet exploit a été précédé
d'une tentative avortée, le 14 juillet 1929, Costes ayant jugé, après une
quinzaine d'heures de navigation, le vol compromis en raison de forts
vents contraires; il a fait demi-tour et est revenu jusqu'à Paris, sans
escale, pour connaître avec plus de précision l'autonomie de son appa
reil après 28 heures de voL Bel exemple de maîtrise et de profession
nalisme donné par un ancien pilote de chasse, devenu pilote d'essais et
de raids.
De nombreux voyages lointains en Afrique, au Proche
Orient et à travers l'Europe, exécutés en particulier par des pilotes tels
que Arrachard, Girier, Haeglen, Rignot et bien d'autres, ne sont pas
seulement de brillantes randonnées mais de véritables voyages d'é
tudes.
Sur les itinéraires France-Madagascar et Paris-Saïgon ou Paris
Tokyo, des liaisons rapides font l'objet de véritables compétitions.
C'est à qui réussira à prouver la possibilité de rejoindre Tokyo en
moins de cent heures !
Ces raids sont exécutés par des avions monomoteurs de AÉRON
AUTIQU E ...
Un des appareils
mis au point par la firme
Caudron-Renault
pour la coupe
Deutsch-de-la-Meurthe.
© Collection Vio/let
AÉRON AUTIQUE ...
Une école de pilotage
d'avions Morane-Sou/nier.
© Collection Viollet
puissance modeste.
Maryse Hilsz n'est-elle pas une des premières à
faire l'aller et retour sur Saïgon entre le 12 novembre 1930 et le 7
février 1931, à bord d'un petit biplan de 100 chevaux ? En 1931, à
bord d'un Farman 190 de 230 chevaux, Moench et Burtin couvrent les
35 000 kilomètres représentant l'aller et retour Tokyo en 250 heures
de voL En 1935, Japy, seul à bord d'un Caudron Aiglon de 100 che
vaux, atteint Saïgon en 3 jours et 15 heures ...
La lutte sur l'Extrême
Orient est encore plus acharnée, grâce au Caudron Simoun (230 che
vaux), belle réussite de l'ingénieur Riffard.
Et c'est aux commandes
d'un Simoun que Maryse Bastié réalise sa traversée solitaire de l'A
tlantique Sud le 30 décembre 1936.
Japy, utilisant un Simoun, réalise
le meilleur temps sur Hanoï du 15 au 18 novembre 1936 avec 50 heures
59 minutes, mais échoue à quelques centaines de kilomètres de To
kyo, après 75 heures 15 minutes de voL Sur ce même itinéraire, Doret
et Micheletti, Libert et Denis, Japy, Maryse Hilsz (qui effectue un
Paris-Saïgon en 92 heures 36 minutes de vol), Moench se surpassent.
Moench se tuera en 1938, de nuit, dans le golfe Persique, au retour de
Saïgon, ayant réalisé jusque-là le meilleur temps ! Ce drame rappelle
ceux, trop nombreux, où bien des pilotes ont payé de leur vie le prix
des essais et des performances, au profit du progrès technique.
A uTONOMIE
La FAI (Fédération aéronautique internationale) est l'orga
nisme officiel pour l'homologation des records.
Ceux-ci sont convoités
car ils constituent un label incontestable.
Dans les années trente, les
plus en vogue concernent l'autonomie et la vitesse.
V autonomie se présente sous deux formes: durée en circuit
fermé et distance en ligne droite.
Lors de la préparation de leur
Paris-New York, Costes et Bellonte ont ramené en France le record du
monde de distance en circuit fermé en décembre 1929, en couvrant
8 029 kilomètres.
Le J" mars 1931, Lucien Bossoutrot et Maurice
Rossi en deviennent détenteurs avec 8 805 kilomètres sur l'avion de
raid Blériot 110.
La même année, le 9 juin, Marcel Doret et Joseph Le
Brix sur le Dewoitine D-33 Trait-d'union sont les premiers au monde à
passer le cap des 10 000 kilomètres, en réalisant une ronde de 10 372
kilomètres.
Ce nouveau record est repris l'année suivante, toujours
avec le Blériot 110 et son équipage attitré, avec 10 601 kilomètres.
Pour les records de distance, le problème est plus ardu car il
faut se soumettre aux aléas de la météo et pouvoir se poser sur des
terrains lointains dont le choix est souvent restreint.
En août 1933,
Codos et Rossi, toujours avec leur Blériot 110, couvrent 9 104 kilo
mètres lors d'un vol de New York à Rayak (Syrie).
Ce brillant équi
page est le premier à avoir traversé l'Atlantique Nord dans les deux
sens.
Le Blériot llO, toujours et encore aux mains de Codos et Rossi,
exécute une remarquable démonstration en volant d'Istres à Porto-.
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