ZONE d' Apollinaire

 Introduction:

   Apollinaire est un pionnier de la modernité. Il s'agit d'une nouvelle attitude créatrice faite d'audace et d'invention qu'il appellera « L'Esprit Nouveau « . Il est très lié au monde des arts plastiques (cubisme , futurisme) avec qui il partage la rupture radicale avec le monde ancien et l'esthétique de la déstructuration , de la simultanéité et de la juxtaposition .

   Le poème étudié est le premier du recueil Alcools , publié en 1913 , mais écrit en dernier .

Apollinaire déclare à propos de son recueil: « chacun des poèmes est la commémoration d'un événement de ma vie «. Mais Alcools n'est pas pour autant une autobiographie car il ne suit pas un ordre chronologique. On peut donc s'attendre à trouver dans Zone des éléments de sa vie .

 Il s'agit d'un poème en prose. Apparence du poème : vers détachés ou regroupés en strophes , rimes pauvres, assonances, vers libres, pas de ponctuation.

             Analyse linéaire:

   Titre : Zone , du grec « zônè «  - La ceinture ; image d'une boucle fermée , d'un voyage qui se termine par un

                                                        retour au point de départ (matin)

                                                   - Terrains vagues qui ceinturent Paris ( misère )

    « à la fin « (v.1) crée un effet de boucle puisque placé en tête du poème ( renvoie au titre )

     1.Repères brouillés ( de temps , de personne )

   Personnels :  « je « et « tu « : affirmation de soi et dialogue avec soi-même , tantôt destinataire et tantôt

                      énonciateur . « je « = dédoublement de la personnalité qui renvoie au cubisme

   Temporels: « ce matin « (v.2,10,12,15 ) = précis / « le matin « (v.19) = général

                     Confusion crée par l'utilisation du présent et du passé .

      2.Rupture avec le passé

 « tu es las « (v.1) , « tu en as assez «(v.3) : Appel à une rupture radicale avec le monde ancien ( « antiquité «),à l'exception de la religion , conçue comme éternellement valable. Volonté de rompre avec l'ancien temps et simultanément tentation de renouer avec lui par la religion – ambiguïté .

       «  L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X « (v.8) : hyperbole qui crée de l'ironie.

       3.Le monde nouveau opposé au monde ancien

 – « Tour Eiffel « (v.1) =symbole de la modernité . Métaphore classique : la Dame de Fer.   Ici métaphore de la bergère et de ses moutons qui renvoie à un mode de vie traditionnel ,en opposition à la Tour Effeil qui domine les ponts de Paris . « bêle « - bruit – voitures sur les ponts .

 – « Hangars de Port-Aviation « (v.6) avions donc modernité

 – « Les prospectus les catalogues les affiches « énumération qui montre l'importance de la publicité et l'émerveillement de l'auteur , «chantent tout haut « : emploi du verbe chanter qui renvoie lui aussi à l'émerveillement de l'auteur . C'est pour lui la poésie moderne : « voilà la poésie «(v.12)

 – Apparition d'une prose populaire ( journaux , romans policiers , v. 12 à 14 )

 – Éloge de la vie quotidienne d'une « rue industrielle « (v.23)

         . Personnification de cette rue : «  Une jolie rue dont j'ai oublié le nom « (v.15) .  « j'aime la grâce de

         cette rue (v.23).

        . Vision naïve et amusante de la ville : « du soleil elle était le clairon (v.16)

        . Fréquence de passage des employés (v.18) – machines au mvt régulier – modernité

        . « Les inscriptions des enseignes et des murailles « (v.21) – connotation thématique du Moyen-Âge donc ancienneté avec la nostalgie qu'elle suscite .

      4.Enfance et religion

     Souvenirs d'une enfance pieuse non reniée . Éloge du Christianisme non ironique . Référence à cette religion avec laquelle il ne veut pas rompre .

    « Voilà la jeune rue « (v.25) résumé de la rue moderne évoquée plus haut , puis retour subit à l'enfance et à l'adolescence selon les lois de la modernité .

    « Bleu et blanc « connotation culturelle de l'habillement du garçon modèle

    Foi très vive partagée avec un camarade « Tu es très pieux « (v.27)

                                                                     « Vous n'aimez rien tant « (v.28)

         « Vous priez toute la nuit «(v.30), aboutissant à un scepticisme religieux pointé dans les vers 9 et 10 .

   Thème de la promenade (v.31 à 38 ) = promenade dans une église avec évocation des tableaux et objets que l'on peut y voir ?

     Mise en compétition du Christ avec les aviateurs (v.40) qui aboutit sur une image volontairement journalistique , donc choquante ( v.41)