« Vous n’êtes certes pas ladre, Eomer, dit Aragorn, de donner ainsi au Gondor la plus belle chose de votre royaume ! »
Publié le 30/03/2014
Extrait du document
«
se souviendront de nous, car il n’en réchappa que peu de vivants, et le Fleuve en a gardé la plupart.
Mais ce fut
heureux pour vous, car s’ils ne nous avaient pas rencontrés, le roi des prairies n’aurait pas été loin, et s’il l’avait
fait, il n’aurait pas eu de pays où revenir. »
« Nous le savons bien, dit Aragorn, et jamais ce ne sera oublié à Minas Tirith comme à Édoras.
»
«Jamais est un mot trop long même pour moi, dit Sylvebarbe.
Tant que dureront vos royaumes,
voulez -vous dire : mais ils devront durer longtemps certes pour que cela paraisse longtemps à des Ents.
»
« Le Nouvel Âge commence, dit Gandalf, et en cet âge, il s e pourrait bien que les royaumes des Hommes
durent plus longtemps que vous, Fangorn, mon ami.
Mais, allons, dites - moi une chose : qu’en est- il de la tâche
que je vous avais confiée ? Comment va Saroumane ? N’en a -t- il pas encore assez d’Orthanc ? Car je ne pense
pas qu’à son gré vous ayez amélioré la vue de ses fenêtres. »
Sylvebarbe fixa sur Gandalf un long regard, un regard presque madré, se dit Merry.
« Ah ! dit - il.
Je pensais
bien que vous y viendriez.
En avoir assez d’Orthanc ? Plus qu’assez, en fin de compte, mais pas tant de sa tour
que de ma voix. Houm ! Je lui ai donné de longs contes, ou du moins les jugeriez - vous longs dans votre
langage. »
« Pourquoi est -il donc resté pour les écouter ? Êtes -vous entré dans Orthanc ? » demanda Gandalf.
«Houm , non, pas dans Orthanc ! répondit Sylvebarbe.
Mais il était venu à sa fenêtre pour écouter, parce
qu’il ne pouvait avoir de nouvelles d’autre façon, et, bien qu’il les détestât, il était avide d’en avoir, et j’ai bien vu
qu’il avait tout entendu.
Mais j’a joutai aux nouvelles bien des choses sur lesquelles il était bon qu’il réfléchît.
Il
fut terriblement fatigué.
Il a toujours été d’humeur prompte.
C’est ce qui l’a perdu. »
« Je remarque, mon bon Fangorn, dit Gandalf, que vous avez grand soin de mettre tou t au passé.
Mais qu’en
est - il du présent ? est -il mort ? »
« Non, pas mort, pour autant que je sache, dit Sylvebarbe.
Mais il est parti.
Oui, il y a une semaine.
Je l’ai
laissé partir.
Il ne restait pas grand - chose de lui quand il est sorti en rampant, qua nt à son espèce de ver, il était
comme une ombre pâle.
Or ça, Gandalf, ne me dites pas que j’avais promis de le garder en sécurité, car je le sais.
Mais les choses ont changé depuis lors.
Et je l’ai gardé jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de danger, jusqu’à ce qu’il fût
hors d’état de faire du mal.
Il faut que vous sachiez que je hais par -dessus tout mettre en cage des êtres vivants,
et je ne veux pas garder en cage même de pareilles créatures sans nécessité urgente.
Un serpent sans crocs peut
ramper où il veut .
»
« Vous avez peut - être raison, dit Gandalf, mais il reste cependant à ce serpent là une dent, je crois.
Il avait le
poison de sa voix, et je suppose qu’il vous a persuadé, même vous, Sylvebarbe, connaissant le point tendre de
votre cœur.
Enfin… le voilà parti, et il n’y a plus rien à dire.
Mais la Tour d’Orthanc revient maintenant au Roi,
auquel elle appartient.
Encore qu’il n’en ait peut -être aucun besoin.
»
« On verra cela plus tard, dit Aragorn.
Mais je donnerai toute cette vallée aux Ents, pour qu’il s en fassent ce
qu’ils veulent, tant qu’ils surveilleront Orthanc et qu’ils s’assureront que personne n’y pénètre sans mon
autorisation. »
« Elle est fermée à clef, dit Sylvebarbe.
J’ai obligé Saroumane à la fermer et à m’en remettre les clefs.
Vifsorbier les a.
»
Vifsorbier s’inclina comme un arbre dans le vent et tendit à Aragorn deux grandes clefs noires de forme
compliquée, réunies par un anneau d’acier : « Et maintenant, je vous remercie encore une fois, dit Aragorn, et je
vous dis adieu.
Puisse votre forêt croître de nouveau en paix.
Quand cette vallée sera remplie, il y aura de la
place et à revendre à l’ouest des montagnes, où vous vous promenâtes un jour, il y a bien longtemps. »
La tristesse parut sur le visage de Sylvebarbe.
« Les forêts peuvent c roître, dit- il, et les bois s’étendre.
Mais
non les Ents.
Ils n’ont pas de rejetons. »
« Mais peut -être y a -t- il maintenant plus d’espoir dans votre recherche, dit Aragorn.
Des terres vous seront
ouvertes à l’est, qui vous ont été longtemps fermées. »
Mais Sylvebarbe dit en secouant la tête : « C’est loin.
Et il y a trop d’Hommes par - là de nos jours.
Mais
j’oublie ma civilité ! Voulez -vous rester pour vous reposer un moment ? Et peut -être en est - il qui aimeraient
passer par la Forêt de Fangorn et raccourcir ainsi leur route du retour ? » Il regarda Celeborn et Galadriel.
Mais tous, hormis Legolas, déclarèrent qu’ils devaient prendre congé et repartir vers le Sud ou l’Ouest.
« Allons, Gimli ! dit Legolas.
Avec la permission de Fangorn, je vais aller visiter l es profondeurs de la Forêt d’Ent
et voir des arbres que l’on ne trouve nulle part ailleurs en Terre du Milieu.
Vous m’accompagnerez et tiendrez
votre parole, nous regagnerons ainsi ensemble nos propres pays de la Forêt Noire et d’au - delà.
» Gimli
acquiesça , encore que sans grand plaisir, semblait -il.
« Voici donc enfin venue la fin de la Communauté de l’Anneau, dit Aragorn.
J’espère cependant que vous
reviendrez avant peu dans mon pays avec l’aide que vous avez promise. »
« Nous viendrons, si nos seigneurs le permettent, dit Gimli.
Eh bien, adieu, mes hobbits ! Vous devriez
arriver en toute sécurité chez vous à présent, et je n’aurai pas d’insomnies par crainte de dangers pour vous.
Nous vous enverrons un message quand nous le pourrons, et certains d’entre n ous pourront encore se
rencontrer de temps à autre, mais je crains que nous ne soyons plus jamais réunis tous ensemble. »
Sylvebarbe fit alors ses adieux à chacun tour à tour, et il s’inclina par trois fois, lentement et avec grande
révérence, devant Celeb orn et Galadriel..
»
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