Vous expliquerez pour quelles raisons Rousseau, en 1756, a quitté Paris pour vivre à la campagne, dans la solitude.

Vous aurez à faire connaître des faits : Rousseau à cette date avait déjà cherché à vivre le plus simplement possible; il s'habillait comme un petit bourgeois, il avait vendu sa montre; d'autre part il était poussé à cette réforme par ses doctrines, exposées dans ses deux Discours, par la conviction qu'on est d'autant plus heureux qu'on s'éloigne de la civilisation et se rapproche de la simple nature; ces doctrines sont encore des faits puisque ce sont des textes écrits par Rousseau; mais vous pouvez dépasser ces faits et textes, immédiats, directs, grâce à des idées qui les compléteront, par exemple : pourquoi Rousseau souffrait-il tant de la vie qu'il avait menée jusque-là? N'est-ce pas parce qu'elle était en contradiction brutale avec son caractère; il aimait la vie simple, la rêverie, la chimère, la sincérité, ramifié; et il était mêlé à des mondains frivoles, vaniteux, égoïstes, à des gens de lettres raisonneurs et secs, etc. Cette idée d'étudier le caractère de Rousseau doit s'appuyer sur des faits, sur la connaissance de ce caractère et de la société du temps. Mais il faut d'abord avoir l'idée de faire connaître ce caractère de Rousseau et ces moeurs du temps pour songer aux faits qui nous les révèlent. On voit donc qu'il y a un double mouvement de l'esprit : ce sont les faits qui nous mènent aux idées; et ce sont les idées qui nous permettent de découvrir les faits. Très souvent ces deux mouvements ne sont pas distincts; des faits et des idées se présentent plus ou moins simultanément, l'esprit faisant effort pour les débrouiller et les étudier méthodiquement. Mais pratiquement il nous faut les étudier séparément. Commençons donc par la recherche des faits. Il y a lieu, très souvent pour l'ensemble d'un sujet et toujours pour quelque partie d'un sujet, de passer d'abord en revue tous les faits qui peuvent servir à résoudre le ou les problèmes posés par le sujet. Car ce sont ces faits qui imposent ces solutions. Même si ce sont les idées, les conclusions qui se présentent d'abord à vous, suspendez votre jugement jusqu'à ce que la revue de tous les faits que vous pouvez rassembler soit vende les confirmer.