urbanisme.
Publié le 14/05/2013
Extrait du document
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L’émulation du classicisme gréco-romain durant la Renaissance relança les efforts d’urbanisme dans le style classique, sans toutefois parvenir à détruire la structure urbaine issue du Moyen Âge.
L’exemple le plus célèbre fut celui de Michel-Ange, qui
détermina les centres fonctionnels de Rome : centre religieux avec Saint-Pierre de Rome et l’immense place qui lui fait face, centre résidentiel avec le palais Farnèse, centre municipal avec le Capitole, ainsi que l’axe d’expansion vers l’est.
Comme
dans le cas de Venise et de la place Saint-Marc, il modifia ainsi la ville sans en avoir préalablement dessiné le plan, la développant par « pôles » et par des liens successifs capables de susciter un processus de construction.
Conçues sans plan
régulateur, ces villes italiennes symbolisaient leur idéal de grandeur dans les structures administratives et les places publiques.
En opposition aux rues étroites et irrégulières des villes médiévales, l’urbanisme de la Renaissance accentuait les rues
larges, régulières, en étoile ou en circonférence (certaines rues formaient des cercles concentriques autour d’un point central et d’autres étaient disposées en étoile à partir de ce point, comme les rayons d’une roue), mettant en perspective l’espace
urbain.
Une ville comme Ferrare, en Italie, souvent considérée comme la première ville européenne moderne, présentait ainsi des rues droites et des angles droits, mais intégrées dans des blocs de construction asymétriques liés à la dynamique et à
l’histoire ancienne de la cité.
La « cité idéale » ne devint ainsi concrète que dans de rares cas, comme par exemple Urbino en Italie ou les villes-forteresses de Vauban.
On trouve d’autres exemples d’une disposition néoclassique dans le plan de
Londres de l’architecte anglais sir Christopher Wren (1666) ainsi que dans les villes de Mannheim et de Karlsruhe en Allemagne.
2. 5 L’urbanisme du Nouveau Monde
Ces thèmes de l’urbanisme de la Renaissance et de la mise en perspective de la ville ont été transposés dans le Nouveau Monde, dans les cités coloniales anglaises et espagnoles fondées aux XVI e et XVII e siècles, entre autres Savannah dans l’État de
Géorgie, Williamsburg en Virginie ou Mexico au Mexique et Lima au Pérou.
Disposant de larges espaces vierges pour y implanter des structures urbaines, les bâtisseurs des villes américaines ont pu progressivement expérimenter une ville moderne
rompant avec le développement concentrique et effaçant les défauts de la ville médiévale (croissance impossible en raison des enceintes, problèmes de transport et de repérage dans la ville, etc.).
Les plans en damier (New York, Chicago, etc.) se
démarquaient de la ville historique à l’européenne mais créaient parallèlement de nouveaux problèmes comme la monotonie des rues et l’hétérogénéité des volumes et des constructions.
L’urbanisme de la première période des États-Unis reflétait une
prédilection pour les bâtiments publics et les rues de grande dimension : la conception du district de Columbia par l’architecte franco-américain Pierre Charles L’Enfant en 1791 en fut un exemple célèbre.
Son plan prévoyait un réseau de larges
avenues convergeant vers d’importants parcs, allées et autres espaces libres et sur des structures publiques comme le Capitole et la Maison-Blanche.
Dès la fin du XVIII e siècle, les problèmes sociaux, économiques et politiques qui surgissaient dans une société en pleine transformation favorisèrent la naissance d’une réflexion critique et suscitèrent une vague de projets à grande échelle.
Les
phalanstères de Fourier (petites villes miniatures), le « familistère » construit par l’industriel Godin près de son usine à Guise (1859-1870) ou encore le concept de ville idéale de Claude Nicolas Ledoux rompaient avec la ville ancienne, s’efforçant de
regrouper le travail et l’habitat et de développer les voies de circulation.
2. 6 La naissance d’un urbanisme appliqué
Vers le milieu du XIX e siècle, une partie des villes européennes apparaissaient anachroniques, impropres à remplir les fonctions que leur imposaient l’industrialisation et les concentrations démographiques.
Pour survivre et s’adapter, elles réclamaient
des transformations globales de grande envergure.
La transformation la plus spectaculaire, sans équivalent ailleurs, fut accomplie entre 1853 et 1869 par le baron et préfet de Paris Georges Eugène Haussmann.
À la différence de certains projets qui ne tenaient parfois aucun compte des conditions
matérielles et esthétiques les plus élémentaires, son plan s’appliquait à une ville déjà existante et ne s’appuyait ni sur une critique sociale, ni sur une théorie de l’aménagement : pour la première fois, il traitait l’ensemble de l’espace parisien comme
une totalité, de façon méthodique et systématique.
Il fit exécuter le premier plan global de Paris, avec des courbes de niveaux, ce qui lui permit d’analyser de façon approfondie la topographie et la morphologie parisiennes.
Pour résoudre les
problèmes d’une circulation congestionnée et améliorer une hygiène souvent inexistante (Paris avait subi deux graves épidémies de choléra dans la première moitié du siècle), la solution radicale d’Haussmann fut le percement.
Il donna une priorité à
la création d’axes nord-sud, à la construction du boulevard Sébastopol et à l’extension à l’est de la rue de Rivoli (137 km de nouveaux boulevards).
Concevant la ville en termes de systèmes homologues, hiérarchisés et solidaires, il mit en relation
tous les points névralgiques de la ville.
Grâce à un alignement sur rue très réglementé, il contribua largement à l’aération et à une uniformisation architecturale de la capitale.
Cependant, les îlots du Paris haussmannien présentaient plusieurs
inconvénients, notamment celui d’empêcher une bonne diffusion de la lumière (les pièces donnant sur cours étaient très sombres).
L’œuvre novatrice d’Haussmann inspira la transformation du réseau urbain français et exerça une influence
considérable en Europe (notamment à Vienne, à Berlin et à Anvers) et aux États-Unis où elle fut à l’origine du remodelage de Chicago par Daniel Burnham (1909).
2. 7 L’urbanisme au XX e siècle
Les pays anglo-saxons réagirent de façon uniforme à la nécessité d’améliorer les conditions de vie dans les cités.
Ils commencèrent par réguler les conditions sanitaires et la densité des immeubles.
En France, des expériences d’habitat amenèrent à la
construction des premiers logements ouvriers, comme la fondation Lebaudy, installée rue Gassendi à Paris.
La cité-jardin créée par le Britannique Ebenezer Howard en 1903 (modèle culturaliste) fut adoptée par quantité d’urbanistes qui la
généralisèrent dans de nombreux pays.
La « ville-jardin » communautaire de Welwyn (1920), construite d’après ses plans, avait été conçue comme une cité indépendante, protégée de l’empiétement urbain par une ceinture verte ou une zone agricole.
Un peu plus tard apparurent les premières habitations à bon marché (HBM) que l'on retrouve dans l'actuelle ceinture parisienne des Maréchaux.
Un urbanisme social et quelque peu paternaliste vit ainsi le jour (modèle hygiéniste), bientôt radicalisé
par les premiers modèles urbanistes progressistes (la cité linéaire de Soria, la cité industrielle de Tony Garnier, etc.).
Ce mouvement prônait une approche globale et à long terme de l’urbanisme, impliquant l’abandon ou la destruction des centres
anciens.
Les idées développées étaient d’abord des thérapies sociales afin d’éliminer le « cancer » de la ville ancienne.
Les programmes cherchaient à concilier technologie moderne et justice sociale, s’efforçant de définir les différents facteurs
affectant les cités modernes (travail, logement, transport et loisirs).
D’importantes mesures visant à formaliser et à légaliser l’urbanisme furent prises au début du XXe siècle : en 1909, la Grande-Bretagne vota une loi d’urbanisation permettant aux autorités locales de préparer des plans de contrôle du nouvel
aménagement.
En 1909, également, eut lieu aux États-Unis la première Conférence nationale d’urbanisme.
Entre le premier après-guerre et la fin des années 1960, l’urbanisme progressiste s’imposa, consacrant la figure de l’architecte français d’origine suisse Le Corbusier.
Il resta néanmoins cantonné dans la théorie et dans une expérimentation limitée
jusqu’en 1945, année après laquelle il trouva de nombreuses applications sur le terrain.
Cette période fut caractérisée par l’effacement progressif du projet social, propre aux modèles de la première génération.
Les membres du Bauhaus et du
mouvement De Stijl projetaient des cités plantées sur des espaces verts, inondées de soleil, sillonnées de voies de circulation pour drainer harmonieusement la population évoluant entre les différents quartiers définis par leurs activités (habitat,
travail, loisir).
La doctrine de l’urbanisme progressiste fut élaborée lors des Congrès internationaux d’architecture moderne (CIAM), la charte d’Athènes définissant les critères de la ville moderne.
Le logement était privilégié, la rue « corridor » bannie.
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