« Un roman, pour la plupart des amateurs — et des critiques — c'est avant tout une histoire. Un « vrai romancier », c'est celui qui sait raconter une histoire... Le vrai roman, c'est celui dont la signification dépasse l'anecdote, la transcende vers une vérité humaine et profonde, une morale ou une métaphysique. »
Publié le 22/02/2012
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Cet énoncé donné au baccalauréat comportait deux citations (d'où les points de suspension qui les séparent) de l'essai d'Alain Robbe-Grillet, Pour un nouveau roman.
Avez-vous saisi du premier coup d'oeil l'ironie de l'auteur ? En témoignent notamment les guillemets qui encadrent l'expression « vrai romancier».
Alain Robbe-Grillet est l'un des adeptes et créateurs du courant littéraire appelé nouveau roman. Il vous faudra citer quelques autres noms qui resteront liés au sien dans l'histoire littéraire : Michel Butor, Nathalie Sarraute, et Claude Simon, qui a obtenu le prix Nobel de littérature.
Dans ce texte, Alain Robbe-Grillet se moque évidemment du goût du public pour l' intrigue (car ici « histoire » est synonyme d'anecdote, ce qui peut recouvrir éventuellement un récit historique). Vous constatez que l'auteur, conscient de la difficulté de renouveler le genre, cherche à éviter les reproches de destruction ou de parti-pris négatif et se réclame de valeurs qui sont, au fond, « classiques » (« vérité humaine... morale... »).
Le nouveau roman se caractérise par son refus de la forme narrative. Mais ses auteurs n'ont pas moins réussi d'intéressantes recherches formelles.
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- Dans son essai « Pour un nouveau roman », Alain Robbe-Grillet écrit : « Un roman, pour la plupart des amateurs - et des critiques - c'est avant tout une histoire. Un « vrai romancier » c'est celui qui sait raconter une histoire ». Mais plus loin il corrige : « Le vrai roman, c'est celui dont la signification dépasse l'anecdote, la transcende vers une vérité humaine profonde, une morale ou une métaphysique ». Expliquez et commentez ce jugement
- Dans son essai « Le Roman », préface de Pierre et Jean (1888), Maupassant écrit : « […] si le Romancier d’hier choisissait et racontait les crises de la vie, les états aigus de l’âme et du cœur, le Romancier d’aujourd’hui écrit l’histoire du cœur, d e l’âme et de l’intelligence à l’état normal. Pour produire l’effet qu’il poursuit, c’est-à-dire l’émotion de la simple réalité, et pour dégager l’enseignement artistique qu’il en veut tirer, c’est-à-dire la |révélation de ce qu’est véritab
- Dans les Caves du Vatican (1914), André Gide écrit : « Il y a le roman et il y a l'histoire. D'avisés critiques ont considéré le roman comme de l'histoire qui aurait pu être, l'histoire comme un roman qui avait eu lieu. Il faut bien reconnaître en effet que l'art du romancier souvent emporte la créances, comme l'événement parfois la défie... » Vous apprécierez ce jugement en vous appuyant sur des exemples précis empruntés à vos lectures personnelles.
- En 1865, dans la préface à son roman Une vieille maîtresse, Barbey d'Aurevilly écrit : « La moralité de l'artiste est dans la force et dans la vérité de sa peinture. En peignant la réalité, en lui infiltrant, en lui insufflant la vie, il a été assez moral : il a été vrai. Vérité ne peut jamais être péché ou crime ». En appuyant votre argumentation sur des exemples précis empruntés notamment à la littérature, vous analyserez et apprécierez ce point de vue. ?
- Sujet : Pensez-vous, avec Maupassant, que le but du romancier « n’est point de nous raconter une histoire, de nous amuser ou de nous attendrir, mais de nous forcer à penser, à comprendre le sens profonds et caché des événements » ?