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Trente Ans, guerre de

Publié le 09/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Trente Ans, guerre de, conflit religieux et politique né en Allemagne, et qui s’est progressivement étendu à l’Europe occidentale (1618-1648).

La guerre de Trente Ans puise son origine dans le profond antagonisme religieux, né de la Réforme (ou Réformation), entre catholiques et protestants. Conclue en 1555 entre le Saint Empire et les princes luthériens allemands, la paix d’Augsbourg a, en vain, cherché à mettre un terme au conflit en imposant une tolérance géographique entre confessions.

Mais le conflit puise également dans les rivalités dynastiques entre princes allemands et dans la détermination de certains États européens à réduire la puissance du Saint Empire romain germanique, seul instrument politique de l’Autriche et des Habsbourg. Cette guerre, l’une des plus dévastatrices de l’histoire de l’Europe, peut être divisée en quatre phases : conflit limité géographiquement au Palatinat et à la Bohême (1618-1625), intervention du Danemark (1625-1629), de la Suède (1630-1635) et de la France (1635-1648).

2   PHASE PALATINAT-BOHÊME

Au cours du règne de l’empereur Rodolphe II (1576-1612), les tensions religieuses s’accentuent en Allemagne : destructions d’églises protestantes, liberté restreinte du culte protestant et résurgence d’un pouvoir catholique hégémonique, lequel s’appuie sur les faiblesses du traité de 1555. Avec la mise en place en 1608 de l’Union évangélique (alliance de princes protestants dirigée par l’électeur palatin Frédéric V) et de la Sainte Ligue catholique un an plus tard (menée par Maximilien Ier de Bavière), l’éclatement d’un conflit devient inévitable.

Le catalyseur de la guerre est, en 1609, la décision de l’empereur Mathias II de supprimer les libertés religieuses en Bohême par la révocation de la Lettre de majesté. Les protestants, majoritaires en Bohême, demandent une intervention de Ferdinand II (alors roi de Bohême), lequel, fervent catholique et héritier présumé des Habsbourg, ignore cet ultime appel. Le 23 mai 1618, les protestants de Prague envahissent le château de Hradčany, résidence des deux gouverneurs impériaux. Devant la résistance des représentants de l’empire qui refusent d’entendre leur requête, les protestants les défenestrent (il n’y a pas de victimes). Cette rébellion, connue sous le nom de défenestration de Prague, marque le début de l’insurrection protestante et de la guerre de Trente Ans.

La rébellion s’étend rapidement. Sous le commandement du comte Heinrich Matthias von Thurn, les forces protestantes remportent plusieurs victoires. En 1619, Vienne, capitale des Habsbourg, est elle-même un court moment menacée par les armées de l’Union évangélique. À la mort de Mathias II (1619), les Bohémiens refusent de reconnaître comme successeur Ferdinand II, qui a refusé d’intervenir en leur faveur en 1609, et offrent la couronne à l’électeur palatin, Frédéric V. Mais ce dernier étant calviniste, les divisions de l’Union évangélique composées de luthériens se retirent de la lutte. Profitant de ces dissensions entre protestants — déclaration de guerre de la Saxe luthérienne à la Bohême, invasion espagnole du Haut-Palatinat —, Ferdinand II, devenu empereur en août 1619, reprend l’offensive. Le 8 novembre 1620, une armée de la Ligue catholique menée par le comte de Tilly met en déroute les Bohémiens à la bataille de la Montagne Blanche, près de Prague. Après cette défaite, les protestants de Bohême, dont la religion est proscrite, subissent de sévères représailles. En dépit de la décomposition de l’Union évangélique, Frédéric V et quelques alliés continuent la lutte dans le Palatinat. Fin 1624, la région retourne de force à la foi catholique, après avoir été donné en récompense au duc de Bavière Maximilien Ier.

3   PHASE DANOISE

La guerre atteint une dimension internationale lorsque plusieurs États allemands protestants cherchent une aide extérieure pour lutter contre cette résurgence du catholicisme. Principalement motivé par ses ambitions d’extension territoriale au nord-ouest de l’Europe et voulant mettre un terme à la mainmise des Habsbourg sur le duché danois de Holstein (Allemagne), le roi de Danemark et de Norvège, Christian IV, vient alors à l’aide des protestants allemands.

Soutenu par les princes allemands luthériens et calvinistes, Christian lève une immense armée au printemps 1625 et envahit la Saxe. Albrecht von Wallenstein, au service de Ferdinand II, lève une puissante armée de mercenaires qui remportent leur première victoire à Dessau (Allemagne) en avril 1626. Le 27 août de la même année, Tilly écrase l’armée de Christian, à Lutter am Berenberge (Allemagne). Les armées impériales réunies s’emparent alors de la totalité de l’Allemagne, pillant tout sur leur passage. Poursuivi par Wallenstein, Christian se retire en 1627 dans la péninsule du Jutland. Le 22 mai 1629, le roi Christian accepte de signer la paix de Lübeck, laquelle lui impose de renoncer à toute intervention dans les affaires allemandes et le prive de ses nombreuses petites possessions en Allemagne. Tout de suite après, la proclamation de l’édit de Restitution par Ferdinand II le 6 mars 1629, officialise la victoire de la cause impériale (1629) : annulation des titres de propriété détenus par les protestants sur tous les biens ecclésiastiques confisqués depuis 1552.

4   PHASE SUÉDOISE

Les puissances d’Europe occidentale — particulièrement la France et l’Angleterre, alors alliées à l’Espagne — redoutent la montée en puissance des Habsbourg. Les victoires de Ferdinand lors de la deuxième phase de la guerre renforcent l’animosité du cardinal de Richelieu. En raison de crises internes répétées, le ministre de Louis XIII est incapable d’intervenir directement en Allemagne ; il propose alors l’aide de la France à Gustave II Adolphe de Suède. Luthérien zélé, Gustave a déjà été sollicité par les protestants opprimés du nord de l’Allemagne. La promesse d’un soutien français et ses ambitions d’hégémonie dans la région balte incitent Gustave à entrer dans le conflit.

Durant l’été 1630, il débarque une armée d’élite sur le littoral de Poméranie. Retardant le début de la campagne, les souverains de Poméranie, de Brandebourg et de Saxe hésitent à entrer dans le conflit aux côtés des Suédois. Tilly, qui commande l’armée de Wallenstein, assiège Magdeburg (Allemagne), alors insurgée contre le Saint Empire : le 20 mai 1631, les armées impériales mettent la ville à sac, massacrant les protestants (environ 25 000 personnes sont tuées) ; de surcroît, un violent incendie, qui se déclare au cours des combats et du pillage, ravage la majeure partie de la ville.

Les Suédois repoussent Tilly à trois reprises l’été suivant. Au cours de la dernière bataille, qui se déroule le 17 septembre 1631 à Breitenfeld (aujourd’hui Leipzig, Allemagne), Gustave II est soutenu par l’armée saxonne. Mais, à la première charge, les Saxons rompent les rangs et s’enfuient, coûtant pratiquement la victoire à Gustave. Regroupant ses forces, il met néanmoins les troupes de Tilly en échec, tuant ou capturant 6 000 hommes. Après la bataille de Breitenfeld, l’armée suédoise se dirige vers le sud de l’Allemagne. La campagne de printemps apporte de nombreuses victoires, notamment le 14 avril 1632 sur les bords de la Lech où Tilly est mortellement blessé. Face à ce désastre catholique, Ferdinand rappelle Wallenstein aux commandes de l’effort de guerre impérial. Il est chargé de recruter une nouvelle armée de mercenaires, laquelle envahit la Saxe à l’automne 1632. Le 16 novembre, l’armée suédoise attaque l’armée impériale, alors retranchée à Lützen (Allemagne). La bataille qui suit coûte la vie à Gustave II : Bernard, duc de Saxe-Weimar, reprend la direction de l’armée et conquiert la Bavière après sa victoire. Fin 1633, Wallenstein tente de pacifier les cercles dirigeants de l’armée impériale. Déchu de son commandement par Ferdinand qui le soupçonne de trahison, il lance alors des négociations de paix auprès des chefs protestants. Cette attitude lui vaut l’inimitié de ses propres officiers et il est assassiné le 25 février 1634. Le 6 septembre 1634, les armées impériales infligent une défaite cuisante au duc Bernard à Nördlingen (Allemagne). Les chefs de la coalition protestante arrêtent alors rapidement la lutte. La paix de Prague (30 mai 1635) entre l’électeur de Saxe et l’empereur met un terme à la troisième phase de la guerre. Le redressement des impériaux décide la France à s’engager dans le conflit.

5   PHASE FRANÇAISE

Dans sa dernière phase, l’enjeu du conflit devient exclusivement l’hégémonie en Europe occidentale, que se disputent les Habsbourg et la France. En mai 1635, la France déclare la guerre à l’Espagne, principale possession des Habsbourg en dehors de l’Autriche. Alliée aux Suédois et à divers chefs protestants allemands (y compris le duc de Saxe-Weimar Bernard), elle devient rapidement active dans le conflit sur sol germanique. Le 4 octobre 1636, le général suédois Johan Banér défait les forces conjointes des Saxons et des Autrichiens à Wittstock (Allemagne), endommageant matériellement la position des Habsbourg en Allemagne. La même année, les invasions espagnoles sur le territoire français sont repoussées. Le duc Bernard inflige une nouvelle défaite aux Habsbourg à Rheinfelden (2 mars 1638), contraignant les forces impériales à abandonner leurs places fortes européennes. De 1642 à 1645, le général suédois Lennart Torstensson remporte de nombreuses victoires. Il envahit notamment le Danemark, devenu allié de l’Empire, et ravage une grande partie de l’Allemagne occidentale et de l’Autriche. L’armée française, commandée par le vicomte de Turenne et le prince de Condé, est associée à cette victoire. Condé met par ailleurs en déroute l’armée espagnole à Rocroi (France), le 18 mai 1643. En novembre de la même année, les Français subissent néanmoins une sévère défaite à Tuttlingen (Allemagne), c’est la dernière victoire militaire des Habsbourg dans cette guerre.

Les Bavarois sont ensuite mis en échec par les armées réunies de Condé et de Turenne à Freiburg im Breisgau, en Allemagne, en août 1644. Le 3 août 1645, les généraux français remportent la seconde bataille de Nördlingen sur l’armée austro-bavaroise. En 1645, des représentants de l’Empire et de la coalition anti-Habsbourg commencent des négociations de paix à Münster et à Osnabrück (Allemagne), mais elles restent longtemps sans effets. Après l’invasion de la Bavière centrale, Maximilien Ier conclut avec la Suède et la France la trève d’Ulm, le 14 mars 1647.

L’empereur Ferdinand III refuse toutefois de capituler. Des combats isolés ont lieu en Allemagne, au Luxembourg, aux Pays-Bas, en Italie et en Espagne tout au long de 1647. À la fin de l’année, Maximilien Ier reprend les armes aux côtés de l’Empire. Le siège de Prague par les Suédois, celui de Munich par les Français et les Suédois, et la victoire remportée par les Français, à Lens, le 20 août, contraignent Ferdinand, qui redoute l’assaut de Vienne, à accepter les conditions de paix des vainqueurs.

6   TRAITÉS DE WESTPHALIE

Les traités de Westphalie, au nombre de deux et publiés le 24 octobre 1648, ont eu une influence fondamentale sur l’histoire de l’Europe centrale jusqu’au début du XIXe siècle. Le traité réduit considérablement le Saint Empire romain germanique et le pouvoir des Habsbourg. Les principaux bénéficiaires de ces traités sont la Suède et surtout la France, qui acquiert un rôle prépondérant en Europe.

Principal théâtre de la guerre, l’Allemagne est la plus durement touchée par la guerre de Trente Ans, sur le plan tant économique (elle met un siècle à rétablir son économie), que démographique (environ un tiers de sa population a disparu) ou religieux (le pays reste divisé entre les deux confessions) ou encore politique (le déclin des Habsbourg est mis à profit par les pouvoirs locaux, provoquant une véritable paralysie politique, exploitée bientôt par Louis XIV et Mazarin).

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