Traité de Versailles: la paix manquée
Publié le 22/02/2012
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disposition était insupportable pour les Allemands, qui se sentaient condamnés au tribunal de l'Histoire par le sort des armes.
Le traité de Versailles était-il " juste ", était-il " solide ", c'est-à-dire capable d'assurer la paix pour une longue durée ? Sur la" justice " du traité, point n'est besoin de disserter longuement.
Pendant plus de quatre années, des peuples avaient lutté dans desconditions difficiles.
Les mentalités collectives en portaient une trace durable : comment faire entendre raison, c'est-à-dire magnanimité, auxFrançais qui avaient perdu 1 390 000 hommes sur les champs de bataille ? Comment leur faire admettre que les " Boches " neremboursent point, franc par franc, sou par sou, les champs dévastés du Nord et de l'Est, les mines noyées, les industriesdétruites ?
Compromis boiteux
La solidité du système versaillais offre davantage matière à discussions.
Celles-ci furent vives, violentes même, dès 1919.
Que reprochait-on par exemple à Clemenceau, négociateur quasi solitaire des traités ? Le président de la République,Raymond Poincaré, qui, dans son journal intime, le 6 avril 1919, traite Clemenceau de " fou dont la France a fait un dieu ", lemaréchal Foch, commandant en chef des armées alliées, qui déclare à Poincaré, ravi, le 15 avril 1919, que Clemenceau est" vieilli, nerveux, débile " et " qu'il cède sur tout ", considéraient que le traité de Versailles ne garantissait pas la sécurité de laFrance face à une Allemagne déjà soupçonnée de vouloir sa revanche, comme la France après 1871.
Pour eux, il aurait fallu uneoccupation de la rive gauche du Rhin pendant une très longue durée car " la ligne du Rhin " est la seule défense réaliste de laFrance selon eux, le système de garantie par des alliances avec les puissances anglo-saxonnes était aléatoire.
La Ligue des nations, bientôt Société des nations, inventée par Wilson et à laquelle Clemenceau lui-même ne croyait guère,serait sans pouvoir réel de coercition, donc dépourvue d'efficacité.
Si l'on en juge par les événements survenus ensuite, on devraitlogiquement leur donner raison.
Dès mars 1920, le Sénat américain a refusé la ratification du traité, et donc les Etats-Unis nesiègent pas à la Société des nations en 1933, lorsque Hitler fait sortir l'Allemagne de la SDN, et en 1936, avec la remilitarisationde la rive gauche du Rhin, le traité de Versailles est devenu caduc.
Clemenceau avait-il péché par optimisme ou par une tropgrande confiance à l'égard des alliés anglo-américains ?
En vérité, le compromis de Versailles entre les Alliés peut apparaître comme boiteux avec le recul du temps parce qu'il mêlaitune grande rigueur dans certaines clauses territoriales ou économiques et une grande faiblesse dans les garanties d'exécution :" Les quatre ont agit comme s'ils ne comprenaient pas la nécessité de mettre en harmonie les clauses de contrainte et les moyensd'exécution ".
En outre, une importante contradiction existait entre les principes et les réalités du traité les vainqueurs prétendaient fonder leuraction sur des bases universelles (droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, respect des nationalités, diplomatie ouverte, menéedevant et pour les peuples) or que de clauses ignorant les plébiscites (cas de l'Alsace-Lorraine), les exactes lignes de partageentre nationalités! Une Société des nations sans l'Allemagne, les Etats-Unis ni l'URSS avait-elle quelque chance de s'imposer ?
Alors, les auteurs de ce traité, des idéalistes ? Wilson, grand inspirateur de la SDN, un esprit fumeux, loin des réalités de la vieinternationale ?
En fait, les hommes d'Etat qui ont préparé la paix de Versailles étaient prisonniers de leur environnement, du temps court, alorsqu'ils avaient à oeuvrer pour le temps long.
Le puissant mouvement des nationalités en Europe, faisant éclater les grands empires,avait abouti à un morcellement de plus en plus marqué de l'Europe, avant que cette " véritable guerre civile européenne "accouche de nouveaux Etats.
Un deuxième mouvement de longue durée était également enclenché : les grandes puissances économiques en Europes'affrontaient de plus en plus pour la conquête des marchés, en Europe et hors d'Europe les impérialismes, sur lesquels sepenchaient alors les théoriciens marxistes ou non, débouchaient sur des conflits, telle la course commerciale entre Allemagne etGrande-Bretagne ou les rivalités financières franco-allemandes dans les Balkans.
Et que fallait-il penser alors de cette révolution totale, survenue en Russie, au nom d'une idéologie communiste : était-ce unmouvement universel, novateur, capable de transformer la société pour la rendre plus juste, ou un mouvement de révolte propreaux pays sous-développés pour vaincre la misère au prix de la dictature, donc solution inadaptée aux Etats européens déjàdéveloppés ? A court terme, la révolution bolchevique faisait peur : elle agitait les esprits partout en Europe, donnait un modèle àceux, très nombreux, qui, au sortir de la guerre, voulaient vivre mieux grâce à une action révolutionnaire.
Si le traité de Versailles.
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