TRAITÉ DE L’ORIGINE, NATURE, DROITS ET MUTATIONS DES MONNAIES, Nicole (ou Nicolas) Oresme

Nicole (ou Nicolas) Oresme, vers 1325-1382.

Oresme traduira lui-même l’ouvrage en ancien français et le fera paraître, quelques années après l’édition latine, sous le titre de Traictié de la première invention des monnaies .

Tout au long des vingt-trois chapitres qui composent ce traité, l’auteur élabore une théorie de la monnaie. Pur produit de la civilisation, l’argent est un moyen d’échange et un signe de richesse. Pour éviter tout abus, le devoir de faire frapper la monnaie revient au Prince. Mais celui-ci ne doit en aucun cas user de ce privilège pour léser le peuple dans l’intérêt duquel on a frappé la monnaie. Aussi toute modification, ou «mutation» des monnaies, doit-elle faire

l’objet d’une concertation et n’avoir lieu qu’en cas d’extrême nécessité.

Vivant dans un pays ruiné par les guerres et les dépenses de la cour, Oresme donne à son élève Charles V le Sage une leçon d’économie politique d’un modernisme étonnant. Son œuvre, capitale pour l’histoire économique française, aura des répercussions dans toute l’Europe ; le célèbre économiste Adam Smith rejoindra, sur de nombreux points, la théorie de ce normand de génie.

Édition: Traité de la première invention des monnaies (texte latin et trad. française N. Oresme), Slatkine, Genève, 1976.

Étude: Ch. Perez, Monnaie du pouvoir, pouvoir de la monnaie; une pratique discursive originale, le discours figuratif monétaire, Les Belles Lettres, 1986.