Toute vérité est-elle démontrable ?
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
«
- On peut établir la vérité des postulats et des axiomes en mathématiques, non pas en démontrant directement leurvérité, puisque c'est impossible, mais en démontrant que toute autre proposition serait nécessairement fausse.
C'estce que l'on appelle « la démonstration par l'absurde », ou « un raisonnement par l'absurde ».
Cette méthode estaussi souvent utilisé en philosophie pour faire accepter une hypothèse par ailleurs invérifiable directement : si on nele faisait pas, on serait amené à soutenir le contraire et alors à accepter des conséquences absurdes.- Exemple : le cinquième postulat d'Euclide dit que, par un point, on ne peut faire passer qu'une parallèle à unedroite donnée.
Ce postulat est indémontrable, mais on peut démontrer que toute autre proposition (on ne peut fairepasser aucune parallèle à cette droite, ou plusieurs parallèles) est absurde.- Cependant, les géométries non euclidiennes ont prouvé qu'on pouvait partir d'autres postulats, pourvu qu'on sepasse du recours à l'intuition d'un espace plan.
Ainsi, Riemann a essayé de construire une géométrie sphérique où lanation de droite n'a plus de sens (il n'y a que des lignes courbes).
Sa géométrie est cohérente et parfaitementdémontrée sur la base de ses axiomes.- La démonstration par l'absurde n'est donc pas efficace, car il suffit que les conséquences soient logiques avec leshypothèses choisies au départ.
Alors, faut-il dire que les axiomes ne sont pas des vérités, puisqu'ils sontindémontrables ? Faut-il, comme Poincaré dans La Science et l'Hypothèse, que les hypothèses mathématiques sontdes pures conventions et qu' « géométrie ne peut pas être plus vraie qu'une autre ; elle peut seulement être pluscommode » ?
2.
L'évidence cartésienne
- D'après Descartes, il existe un autre mode d'accès au vrai que la démonstration : c'est l'évidence.
Il oppose ainsil'intuitif au discursif : notre intuition saisit d'un seul coup et comme instantanément la vérité, alors que ladémonstration fait appel au temps et à la mémoire.- Pour Descartes, les principes indémontrables sont donc bien vrais, comme le montre le principe de métaphysiquedu cogito.
Je ne peux pas démontrer que je pense autrement que par l'absurde (si je ne pensais pas, je ne pourraismême pas penser que je ne pense pas).
Le cogito est la seule vérité indubitable, bien qu'indémontrable, car c'est laseule que je ne peux absolument pas rejeter (alors que je peux rester tous les axiomes d'Euclide si je le souhaite).- De ce fait et paradoxalement, c'est justement parce qu'un principe est indémontrable qu'il a valeur de véritépremière.
Si une proposition est démontrable, c'est parce qu'il y a des choses établies avant elles et sur lesquelleselle repose.
La démonstration n'a donc qu'une valeur secondaire par rapport à l'intuition évidente, qui la précède etla conditionne.- Voir Spinoza, qui définit ainsi très largement l'évidence : « La vrai est la marque de lui-même ainsi que du faux ».La vérité n'a pas du tout à être démontrée, elle se dévoile d'elle-même.3.
La démonstration et l'intuition comme deux façons d'accéder la vérité.
- On peut dire alors avec Spinoza que la démonstration est un mode de connaissance (qu'il appelle « du deuxièmegenre »), alors que l'intuition (« du premier genre ») lui est supérieure et peut porter sur les mêmes vérités.
Ainsi, jepeux raisonner pour démontrer que ce que trois est à six, deux l'est à quatre : mais qui ne le voit de façon évidente,sans avoir à lé démontrer ? Ainsi, une longue démonstration finit par nous fatiguer l'esprit, car nous ne parvenonsplus à voir tous les tenants et les aboutissants, nous ne pouvons plus saisir intuitivement l'ensemble de ladémonstration.- L'intuition n'est donc pas seulement nécessaire pour expliquer que les principes sont vrais, elle peut aussis'appliquer aux conséquences et désigne très largement une façon de voir le vrai sans avoir à le démontrer.
En un sens, aucune vérité n'est nécessairement démontrable, puisque toute vérité de raison peut être saisie parintuition.
Surtout, les vérités premières sont indémontrables et pourtant les pus fondamentales.
Alors, ne peut-onrelativiser le rôle de la démonstration par rapport à la vérité ? Ne doit-elle pas céder le pas devant l'évidence ou lefait ?
III.
Toute démonstration n'est pas une vérité
1.
L'abus possible de la rationalité démonstrative
- Comme elle ne révèle que de la raison et ne fait jamais appel à l'expérience, la démonstration peut chercher àétablir des pseudo vérités par la seule force de la rationalité, alors que le recours à l'expérience est, dans ce casindispensable.- Exemple : la « preuve » (ou plutôt la démonstration) ontologique de l'existence de Dieu procède par un syllogisme(Dieu est parfait, or ‘sil n'existait pas Il y aurait un être plus parfait que lui et il ne serait pas Dieu, donc Dieuexiste), qui commet une erreur en voulant passer de l'essence ou du concept de Dieu (Sa perfection) à sonExistence.
Or, c'est impossible : on ne peut établir l'existence d'une chose que par expérience, et non la déduire parla seule raison.- Il est donc capital de rappeler que non seulement toute vérité n'est pas démontrable et qu'il faut aussi et d'abordfaire appel à l'expérience pour les vérités de fait, mais aussi que tout ce qui est démontré n'est pas vrai pourautant, même si cela semble logiquement valide.
Il faut alors établir les limites de la raison (et de la démonstration)dans la connaissance de la vérité.
2.
Penser et connaître
- Pour Kant, il ne peut y avoir de connaissance sans expérience.
Il appelle les informations reçues par les sens des «.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Toute vérité est elle démontrable?
- Toute vérité est-elle démontrable
- Toute vérité est-elle démontrable ?
- Toute vérité est-elle démontrable ?
- La vérité relève-t-elle de ce qui est démontrable ?