Tite-Live, Histoire romaine (extrait 1)
Publié le 13/04/2013
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Dans son Histoire romaine, Tite-Live retrace l'histoire de Rome depuis la fondation mythique de la cité vers 753 av. J.-C. L’auteur fait revivre les grands personnages, intégrant le lecteur dans le déroulement des événements, inventant des dialogues pour renforcer l'intensité de son récit. Tiré de son étude de la période royale (VIIIe-VIe siècle av. J.-C.), cet extrait présente le sixième roi de Rome, Servius Tullius, alors qu’il s’empare du pouvoir.
Histoire romaine, Tite-Live (livre premier, chapitre 41)
Ceux qui sont autour de lui reçoivent dans leurs bras Tarquin moribond ; les licteurs s’emparent des meurtriers qui cherchent à fuir. La clameur qui s’élève suscite un rassemblement du peuple ; les gens s’étonnent ; que se passe-t-il ? Au milieu de la confusion, Tanaquil donne l’ordre de fermer le palais royal ; on chasse les témoins. D’un côté, comme s’il subsistait un espoir, elle s’empresse de réunir tout ce qui est nécessaire pour soigner la blessure ; d’un autre, comme si l’espoir était trompeur, elle prend des dispositions appropriées. Elle appelle en toute hâte Servius, elle lui montre son mari à peu près exangue, lui prend la main droite et le supplie de ne pas laisser sans vengeance la mort de son beau-père, de ne pas permettre que sa belle-mère devienne le jouet de ses ennemis. « Si tu es un homme, Servius, le pouvoir est à toi et non à ceux qui ont commis le pire des crimes par la main d’autrui. Lève-toi ; suis les dieux qui te guident, qui ont annoncé par le prodige du feu divin entourant jadis ta tête quelle serait ta gloire. Que cette flamme céleste t’anime ! En vérité, réveille-toi maintenant ! Quoique étrangers, nous avons régné ! Songe qui tu es et non d’où tu es né ! Si, par ce coup subit, tes desseins sont paralysés, suis donc les miens ! « Les cris et la poussée du peuple sont à peine supportables ; du haut du palais, d’une fenêtre qui donnait sur la rue Neuve — le roi logeait en effet près du temple de Jupiter Stator, Tanaquil s’adresse au peuple, l’exhorte à avoir bon courage : « Le roi s’est évanoui sous la soudaineté du coup ; le fer n’a pas profondément pénétré ; il est déjà revenu à lui ; la blessure a été examinée, le sang étanché ; tout est sain ; elle a confiance que dans peu de temps ils pourront le voir ; en attendant, le peuple est invité à écouter Servius Tullius ; il rendra la justice, il s’acquittera des autres fonctions du roi. « Servius s’avance, revêtu de la trabée et précédé des licteurs, ils s’assied sur le trône royal, tranche certaines affaires, feint pour d’autres de devoir consulter le roi. Ainsi, pendant quelques jours, alors que Tarquin avait déjà rendu l’âme, mais que sa mort restait cachée, il affermit son pouvoir en feignant d’exercer la fonction à la place d’un autre. Finalement, les lamentations qui s’élevaient dans le palais royal firent connaître la vérité. Servius, appuyé d’une garde solide, fut le premier qui régna, sans consultation du peuple, par la volonté des sénateurs.
Source : Rougé (Jean), les Institutions romaines, Paris, Armand Colin, coll. « U 2 «, 1969.
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