Théophile Gautier écrivait, pour définir le programme do la nouvelle école de poètes qui succéda aux romantiques : « L'art pour l'art signifie un travail dégagé de toute préoccupation autre que celle du beau en lui-même. » Expliquer et discuter cette doctrine.
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
Ici la comparaison est tout à fait nécessaire pour définir cette doctrine de l'art pour l'art. On ne la définit clairement que si on la compare avec d'autres doctrines : la doctrine du lyrisme romantique qui cherche surtout l'inspiration poétique dans les émotions de l'auteur dans la confidence de ces émotions; on cherche à en donner une expression intense, pathétique plutôt que plastiquement belle — la doctrine de la poésie sociale (romantique ou non) : le poète a une mission à remplir, celle de travailler à rendre les hommes plus heureux ; il doit être un conducteur d'âmes. Ainsi la doctrine de l'art pour l'art se définit surtout par ce qu'elle exclut. La comparaison nous permet en même temps de montrer que la doctrine est en grande partie neuve. Il y a des poèmes où l'art est pour l'art chez les romantiques; mais ces poèmes ne sont pas fréquents. Ceux qu'on rencontre continuent une tradition presque aussi ancienne que la poésie et l'art littéraire; ils sont des tableaux visuels et plastiques tels qu'on en trouve chez Ronsard, Théophile, Saint-Amant, Chénier. Mais l'auteur n'en dégage jamais la doctrine exclusive de l'art pour l'art. Nous arrivons ainsi à une dernière remarque : c'est que les oeuvres des poètes de l'art pour l'art n'ont rien de neuf dans leur conception, dans leur structure générale. Il n'y a de neuf que la doctrine systématique, la négation de la poésie-confidence, de la poésie moralisante et sociale.
Liens utiles
- Théophile Gautier et Théodore de Banville : La littérature plastique et la doctrine de l'art pour l'art
- Théophile Gautier écrit dans son « Histoire du romantisme » : « Il s'opérait un mouvement pareil à celui de la Renaissance. Une sève de vie nouvelle circulait impétueusement. Tout germait, tout bourgeonnait, tout éclatait à la fois. Des parfums vertigineux se dégageaient des fleurs; l'air grisait; on était fou de lyrisme et d'art. Il semblait qu'on vînt de retrouver le grand secret perdu; et cela était vrai, on avait retrouvé la poésie. » D'après ces lignes enthousiastes, vous vous eff
- Dans la préface de Pierre et Jean, Maupassant discute le programme des romanciers réalistes et naturalistes qui se résumerait ainsi : « Toute la vérité. Rien que la vérité. » Il essaie de montrer que ce programme est irréalisable et qu'il est d'ailleurs contraire à ce qu'exige une œuvre d'art. Expliquer et discuter cette opinion.
- Les romantiques voyaient dans l'affectivité le facteur essentiel du travail créateur. Pourtant, Diderot nous dit : « Les grands poètes, les grands acteurs, et peut-être en général tous les grands imitateurs de la nature sont les êtres les moins sensibles. » Que pensez-vous de cette opposition ?
- Expliquer et discuter ce jugement de Barbey d'Aurevilly sur La Fontaine : « Il y a eu des conteurs et des poètes avant et depuis La Fontaine. Mais il n'y en a jamais eu ayant joint, dans une fusion de cette harmonie, à la poésie la plus divine une bonhomie plus divine encore. » ?