Théophile Gautier écrit dans son « Histoire du romantisme » : « Il s'opérait un mouvement pareil à celui de la Renaissance. Une sève de vie nouvelle circulait impétueusement. Tout germait, tout bourgeonnait, tout éclatait à la fois. Des parfums vertigineux se dégageaient des fleurs; l'air grisait; on était fou de lyrisme et d'art. Il semblait qu'on vînt de retrouver le grand secret perdu; et cela était vrai, on avait retrouvé la poésie. » D'après ces lignes enthousiastes, vous vous eff
Publié le 22/02/2012
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Pour reconstituer et décrire cet état d'âme, il faudra évidemment commencer par une analyse : en quoi consistait vers 1830 un état d'âme romantique. Il était fait évidemment surtout d'aspirations artistiques et littéraires. On admirait Goethe, Byron, Hoffmann, Hernani et Notre-Dame de Paris, la peinture de Delacroix et les dessins de Célestin Nanteuil, les ruines des châteaux forts et les cathédrales gothiques. Mais cet état d'âme n'était pas uniquement littéraire et ne s'explique pas seulement par l'influence des grands écrivains romantiques. Il s'explique aussi par des aspirations qui tendent à transformer la vie, toute la vie. On déte.ste la vie bourgeoise, le mariage bourgeois, l'esprit bourgeois de lucre et d'économie, la prétendue sagesse bourgeoise. On s'habille de costumes singuliers ; on laisse pousser sa barbe et ses cheveux ; on boit du punch; on mène grand tapage ; on rêve de passions ardentes et fatales. On a donc voulu mener des vies romantiques comme lire et écrire des oeuvres romantiques. L'étude générale des moeurs doit compléter l'étude de la littérature proprement dite.
Dans la plupart des sujets qui vous sont donnés, cette étude n'est qu'un complément, puisque presque tous ces sujets concernent l'histoire de la littérature et non pas l'histoire même des moeurs. Mais cette histoire des moeurs aide très souvent à mieux comprendre l'histoire littéraire, soit qu'elle la contredise, soit qu'elle la confirme. Il y a un esprit général, des moeurs de l'époque classique comme une littérature classique; les « âmes sensibles » du XVIIIe siècle mettent leur sensibilité dans leur vie comme dans le choix de leurs lectures, etc.
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- A la fin de l'âge romantique, le grand critique russe Biélinski a affirmé que l'idéal, la beauté, la poésie n'avaient aucune place dans l'oeuvre d'art : seul importait qu'elle fût un fidèle miroir de la réalité. Cinquante ans plus tard, Anatole France écrit : « L'artiste doit aimer la vie et nous la montrer belle. Sinon nous en douterions. » A l'aide d'exemples empruntés à vos lectures, vous direz si, à votre avis, l'artiste, et spécialement l'écrivain doit nous présenter une image idé
- Vous commenterez ces réflexions d'André Malraux (Les voix du silence). « Ce que voient en l'art ceux qui lui sont étrangers, c'est un moyen de fixer les instants émouvants de la vie ou de les imaginer. Ils sont ainsi conduits à confondre fiction et roman, représentation et peinture... Et il est vrai que les plus grands arts font naître une émotion très haute: ce qui n'est pas vrai, c'est qu'ils le fassent nécessairement en représentant ce qui le suscite dans la vie. L'émotion éprouvée
- Paul Valéry écrit dans le Préambule pour le Catalogue
- Diderot, réfléchissant sur les conditions de la grande poésie, écrit : « Plus un peuple est civilisé, poli, moins ses moeurs sont poétiques... La poésie veut quelque chose d'énorme, de barbare et de sauvage... Quand verra-t-on naître des poètes? Ce sera après les temps de désastres et de grands malheurs, lorsque les peuples harassés commenceront à respirer. Alors les imaginations, ébranlées par des spectacles terribles, peindront des choses inconnues à ceux qui n'en ont pas été les tém
- Racine, au dire de son fils, avait soumis sa tragédie d'Alexandre au jugement de Corneille : celui-ci dit à l'auteur qu'il avait un grand talent pour la poésie, mais qu'il n'en avait pas pour le théâtre. Sainte-Beuve, dans son zèle romantique, formule un jugement semblable : « Si Racine fut dramatique de son temps, c'est que son temps n'était qu'à cette mesure du dramatique. Est-ce vouloir le renverser que de déclarer qu'on préfère chez lui la poésie pure au drame et qu'on est tenté de