TEXTE: Règles pour la direction de l'esprit, Règle treizième. DESCARTES

 Ainsi quand on demande quelle est la nature de l'aimant, ce qu'on entend par ces deux mots aimant et nature est connu, c'est ce qui nous détermine à chercher cela plutôt qu'autre chose.  par exemple, si l'on me demande ce qu'il faut inférer sur la nature de l'aimant, précisément des expériences que Gilbert dit avoir faites, qu'elles soient vraies ou fausses ;  ou encore, si on me demande ce que je pense sur la nature du son, précisément de ce que les trois cordes a, b, c rendent un son égal ;  ils n'ont pas là une idée fausse, mais seulement ils abusent du mot lieu, qui, dans l'usage commun, signifie cette nature simple et connue par elle-même, à raison de laquelle on dit que quelque chose est ici ou là, et qui consiste tout entière dans une certaine relation de la chose qu'on dit être en un lieu, avec les parties de l'espace étendu, et que quelques uns, voyant le nom de lieu appliqué à une surface ambiante, ont dit improprement être la localité en soi ;  Ainsi font ceux qui cherchent le mouvement perpétuel, non celui de la nature, des astres ou des sources, par exemple, mais un mouvement créé par l'art humain, découverte que plusieurs ont crue possible.  Ils n'auraient fait que se servir de celui que leur donne la nature, tout de même que s'ils disposaient une roue au courant d'un fleuve pour qu'elle tournât toujours.