TEXTE: LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE X, Des planètes en général, et en particulier de la terre et de la lune. DESCARTES
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
Mais, afin que je vous fasse entendre distinctement en quels endroits elles doivent s'arrêter, voyez, par exemple, celle qui est marquée h , que je suppose suivre le cours de la matière du ciel qui est vers le cercle K, et considérez que si cette planète avait tant soit peu plus de force à continuer son mouvement en ligne droite que n'ont les parties du second élément qui l'environnent, au lieu de suivre toujours ce cercle K, elle irait vers Y, et ainsi elle s'éloignerait plus qu'elle n'est du centre S.
Mais si cette planète étant vers x a encore moins de force à continuer son mouvement en ligne droite que la matière du ciel qu'elle y trouvera, elle sera poussée par elle encore plus bas vers la planète marquée ó , et ainsi de suite, jusques à ce qu'enfin elle se trouve environnée d'une matière qui n'ait ni plus ni moins de force qu'elle.
Que si je ne vous ai pas encore assez fait entendre la cause qui peut faire que les parties du ciel qui sont au-delà du cercle K, étant incomparablement plus petites que les planètes, ne laissent pas d'avoir plus de force qu'elles à continuer leur mouvement en ligne droite, considérez que cette force ne dépend pas seulement de la quantité de la matière qui est en chaque corps, mais aussi de l'étendue de sa superficie.
Car encore que, lorsque deux corps se meuvent également vite, il soit vrai de dire que si l'un contient deux fois autant de matière que l'autre, il a aussi deux fois autant d'agitation, ce n'est pas à dire pour cela qu'il ait deux fois autant de force à continuer de se mouvoir en ligne droite ;
Or vous savez que les parties du ciel sont à peu près toutes rondes, et ainsi qu'elles ont celle de toutes les figures qui comprend le plus de matière sous une moindre superficie ;
et qu'au contraire les planètes étant composées de petites parties qui ont des figures fort irrégulières et étendues, ont beaucoup de superficie à raison de la quantité de leur matière, en sorte qu'elles peuvent en avoir plus que la plupart de ces parties du ciel, et toutefois aussi en avoir moins que quelques unes des plus petites, et qui sont les plus proches des centres :
Car, poussant une grosse boule composée de plusieurs branches d'arbres confusément jointes et entassées l'une sur l'autre, ainsi qu'il faut imaginer que sont les parties de la matière dont les planètes sont composées, il est certain qu'elle ne pourra pas continuer si loin son mouvement, quand bien même elle serait poussée par une force entièrement proportionnée à sa grosseur, comme ferait une autre boule beaucoup plus petite et composée du même bois, mais qui serait toute massive ;
ainsi, encore que les planètes suivent le cours de la matière du ciel sans résistance, et se meuvent de même branle avec elle, ce n'est pas à dire pour cela qu'elles se meuvent jamais du tout si vite ;
La première est que la matière du ciel ne doit pas seulement faire tourner les planètes autour du Soleil, mais aussi autour de leur propre centre (excepté lorsqu'il y a quelque cause particulière qui les en empêche) et ensuite qu'elle doit composer de petits cieux autour d'elles, qui se meuvent en même sens que le plus grand.
Car, puisque nous supposons qu'elle aurait justement autant de force que la matière de ce ciel à tourner suivant le cercle NACZ, si l'autre planète n'y était point, il faut penser qu'elle en a quelque peu plus à tourner suivant le cercle ABCD, à cause qu'il est plus petit, et par conséquent qu'elle s'éloigne toujours le plus qu'il est possible du centre T ;
Et toutefois cette planète étant vers A, n'ira pas pour cela s'écarter vers L, d'autant qu'elle entrerait en un endroit du ciel dont la matière aurait la force de la repousser vers le centre NACZ ;
et tout de même étant vers C, elle n'ira pas descendre vers K, d'autant qu'elle s'y trouverait environnée d'une matière qui lui donnerait la force de remonter vers ce même cercle NACZ ;
Liens utiles
- TEXTE: LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE IX, De l'origine et du cours des planètes et des comètes en général, et en particulier des comètes. DESCARTES
- TEXTE: LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE PREMIER, De la différence qui est entre nos sentiments et les choses qui les produisent. DESCARTES
- TEXTE: LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIV, Des propriétés de la Lumière. DESCARTES
- TEXTE: LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XIII, De la lumière. DESCARTES
- TEXTE: LE MONDE OU TRAITÉ DE LA LUMIERE, CHAPITRE XII, Du flux et du reflux de la mer. DESCARTES