TEXTE: LA DIOPTRIQUE, DISCOURS SEPTIEME, DES MOYENS DE PERFECTIONNER LA VISION. DESCARTES
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
Maintenant que nous avons assez examiné comment se fait la vision, recueillons en peu de mots et nous remettons devant les yeux toutes les conditions qui sont requises à sa perfection, afin que, considérant en quelle sorte il a déjà été pourvu à chacune par la nature, nous puissions faire un dénombrement exact de tout ce qui reste encore à l'art à y ajouter.
Or la nature a employé plusieurs moyens à pourvoir à la première de ces choses.
Car nous devons supposer que la nature a fait en ceci tout ce qui est possible, d'autant que l'expérience ne nous y fait rien apercevoir au contraire.
De plus, nous aurons toujours à prendre garde, lorsque nous appliquerons ainsi quelque corps au-devant de nos yeux, que nous imitions autant qu'il sera possible la nature en toutes les choses que nous voyons qu'elle a observées en les construisant, et que nous ne perdions aucun des avantages qu'elle nous a donnés, si ce n'est pour en gagner quelque autre plus important.
Aussi voyons-nous que la nature l'a négligée ;
mais lorsqu'ils le sont, il est évident que d'autant que nous les regardons de plus près, d'autant leurs images se forment plus grandes au fond de nos yeux, si bien que la nature ne nous a pas donné le moyen de les regarder de plus prés qu'environ à un pied ou demi-pied de distance ;
Et ainsi l'eau EF faisant l'office de l'humeur K, le verre GHI celui de la peau BCD, et l'entrée du tuyau GI celui de la prunelle, la vision se fera en même façon que si la nature avait fait l'oeil plus long qu'il n'est de toute la longueur de ce tuyau.
Pour la troisième condition qui est requise à la perfection de la vue de la part des organes extérieurs, à savoir que les actions qui meuvent chaque filet du nerf optique ne soient ni trop fortes ni trop faibles, la nature y a fort bien pourvu en nous donnant le pouvoir d'étrécir et d'élargir les prunelles de nos yeux ;
Et c'est à quoi la nature a tellement pourvu qu'il est impossible à l'art d'y ajouter aucune chose ;
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