TEXTE: LA DIOPTRIQUE, DISCOURS NEUVIEME, LA DESCRIPTION DES LUNETTES. DESCARTES
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
Il est besoin premièrement de choisir une matière transparente, qui étant assez aisée à tailler, et néanmoins assez dure pour retenir la forme qu'on lui donnera, soit en outre la moins colorée, et qui cause le moins de réflexion qu'il est possible.
Or afin que vous sachiez la cause de cette réflexion, et pourquoi elle se fait plutôt sur les superficies tant du verre que du cristal, que non pas en l'épaisseur de leurs corps, et pourquoi elle s'y fait plus grande dans le cristal que dans le verre, il faut que vous vous souveniez de la façon dont je vous ai ci-dessus fait concevoir la nature de la lumière, lorsque j'ai dit qu'elle n'était autre chose dans les corps transparents que l'action ou l'inclination à se mouvoir d'une certaine matière très subtile qui remplit leurs pores :
et que vous pensiez que les pores de chacun de ces corps transparents sont si unis et si droits que la matière subtile qui peut y entrer coule facilement tout du long, sans y rien trouver qui l'arrête.
Mais que ceux de deux corps transparents de diverse nature, comme ceux de l'air et ceux du verre ou du cristal, ne se rapportent jamais si justement les uns aux autres, qu'il n'y ait toujours plusieurs des parties de la matière subtile, qui, par exemple, venant de l'air vers le verre, s'y réfléchissent, à cause qu'elles rencontrent les parties solides de sa superficie :
car il y en a aussi beaucoup en l'air qui peuvent être nommées solides à comparaison de cette matière subtile.
Et que la matière en quoi il sera enchâssé soit toute noire du côté qui doit être tourné vers l'oeil, ou même aussi il ne sera pas inutile qu'elle soit garnie tout autour d'un bord de panne ou velours noir, afin qu'on la puisse commodément appuyer tout contre l'oeil, et ainsi empêcher qu'il n'aille vers lui aucune lumière, que par l'ouverture du verre.
Comme si A est le verre, C la partie intérieure de la matière en laquelle il est enchâssé, D l'extérieure, E l'objet, G le petit bras qui le soutient, II l'oeil et I le soleil, dont les rayons ne vont point en l'oeil directement, à cause de l'interposition tant de la lunette que de l'objet, mais donnant contre le corps blanc, ou le miroir D, ils se réfléchissent premièrement de là vers E, puis d'E ils se réfléchissent vers l'oeil.
C'est pourquoi lorsqu'ils le sont trop, on doit avoir divers cercles de carton noir, ou autre telle matière, comme 123, pour couvrir ses bords, et le rendre par ce moyen le plus petit que la force de la lumière qui vient des objets pourra permettre.
Pour le tuyau KLM, il doit être de quelque matière assez ferme et solide, afin que les deux verres enchâssés en ses deux bouts y retiennent toujours exactement leur même situation.
car de là entrant dans le tuyau, quelques-uns d'eux se pourraient réfléchir vers l'oeil et affaiblir d'autant la vision, parce qu'encore que ce tuyau doive être tout noir par le dedans, il ne le peut être toutefois si parfaitement que sa matière ne cause toujours quelque peu de réflexion, lorsque la lumière est fort vive, ainsi qu'est celle du soleil.
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