Texte: Correspondance, année 1645, A Monsieur CLERSELIER, 17 février 1645. DESCARTES
Publié le 22/02/2012
Extrait du document
La raison qui me fait dire qu'un corps, qui est sans mouvement, ne saurait jamais être mû par un autre plus petit que lui, de quelque vitesse que ce plus petit se puisse mouvoir, est que c'est une loi de la nature, qu'il faut que le corps, qui en meut un autre, ait plus de force à le mouvoir, que l'autre n'en a pour résister.
car celui qui est sans mouvement a autant de degrés de résistance que l'autre, qui se meut, en a de vitesse.
l'un est la motion seule ou la vitesse, et l'autre est la détermination de cette motion vers certain côté, lesquels deux modes se changent aussi difficilement l'un que l'autre.
Car lorsque C est le plus grand, B ne peut le pousser devant soi, si ce n'est qu'il lui transfère plus de la moitié de sa vitesse, et ensemble plus de la moitié de sa détermination à aller de la main droite vers la gauche, d'autant que cette détermination est jointe à sa vitesse ;
au lieu que, se réfléchissant sans mouvoir le corps C, il change seulement toute sa détermination, ce qui est un moindre changement que celui qui se ferait de plus de la moitié de cette même détermination, et de plus de la moitié de la vitesse.
car alors B lui donne moins que la moitié de sa vitesse, et moins que la moitié de la détermination qui lui est jointe, ce qui fait moins que toute cette détermination, laquelle il devrait changer, s'il réfléchissait.
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