TENCIN, Claudine-Alexandrine Guérin de, dite madame de (1681-1749)

Mme de Tencin ne fut pas seulement célèbre pour son salon, mais aussi pour sa vie libertine. Destinée au cloître où elle reste cinq ans et fait scandale, elle est relevée de ses vœux, grâce peut-être à son frère qui devient le cardinal de Tencin, bien qu’il ait aussi peu d’esprit religieux. Dévorée d’ambition mais jamais de remords, avec une intelligence virile, le don de l’intrigue, le goût de la domination et le savoir d’une libertine, elle fait rapidement fortune en utilisant ses amants : le chevalier Destouches qui lui donne, en 1717, un fils qu’elle abandonne (le futur d’Alembert), le Régent, le cardinal Dubois, Law, puis le conseiller de La Fresnay, qu’elle ruine et qui se suicide chez elle. Scandale. On l’enferme trois mois à la Bastille. Assagie, elle ferme sa chambre et ouvre son salon, dont elle inaugure la mode : Fontenelle, Montesquieu, d’Argenson, Marivaux, Helvétius, Voltaire, de Bernis sont ses familiers. Ses Lettres à Richelieu et à son frère Pierre, le cardinal, sont remarquables. Une douce fin de vie lui permet d’écrire des romans sensibles : Les Mémoires du Comte de Comminges (1735), Le Siège de Calais (1739) et une sorte d’autobiographie très arrangée, Les Malheurs de l’Amour (1747).