Syngman Rhee le vieillard terrible
Publié le 17/01/2022
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Trente années d'antichambre en Amérique
Il va maintenant vivre en exil jusqu'à plus de soixante-dix ans.
Il en a pour le moment plus de trente, et se fait...
étudiant : ilconquiert les diplômes des universités de Harvard et de Princeton.
Il est aidé par des missions, et quand, à la fin de 1911, ilretourne en Corée, c'est en pasteur protestant et membre de la direction des Unions chrétiennes de jeunes gens (YMCA).
Denouveau, il fait de la politique tout en prêchant.
C'est contre le Japon que s'est tourné son combat.
La police nippone est bientôt alertée.
Il doit fuir de nouveau sa patrie.
C'esten 1912 : il n'y reviendra pas pendant trente-trois ans.
Il s'installe à Hawaii.
Quarante ans passés, peu d'argent, trop de loisirs : c'est la vie d'exilé.
Rhee fonde une Eglise coréenneméthodiste, joue au tennis, écrit des poèmes chinois.
Pourtant, ce tranquille pasteur coréen cache des activités de conspirateur.C'est la première guerre mondiale et l'ère wilsonienne.
Les Coréens croient pouvoir présenter leur dossier à Versailles.
Hélas! Ala conférence de la paix, le Japon réussit à leur faire fermer la porte au nez.
A Séoul, la résistance coréenne organise des démonstrations qui éclatent à la fois dans tout le pays.
Un groupe de patriotesantijaponais signe une déclaration d'indépendance, fonde un gouvernement provisoire et proclame Rhee président in absentia.Puis, se sachant traqués, les conspirateurs se livrent eux-mêmes à la police.
Rhee ne peut se rendre en Corée : sa tête y est mise à prix pour 300 000 dollars américains, et le Japon a partout des espions.Il se rend, en revanche, à Shanghai en 1920, mais ce n'est pas sans risque non plus : il lui faut, pour arriver inaperçu, se fairedébarquer dans un cercueil, supposé contenir les restes d'un Chinois d'Amérique qui veut se faire enterrer en Chine.
A Shanghai,il préside la première réunion du gouvernement provisoire coréen.
Mais des rivalités éclatent dans l'organisation.
Les Coréens de Chine ne s'entendent pas avec ceux d'Amérique et de Hawaii.Rhee vieillit.
Le conspirateur n'est plus qu'un exilé qui vit d'un mirage.
Intéresser les gens à la Corée est une tâche à peu près impossible.
Laseule réussite de Rhee pendant cette période est de se marier, en 1932, avec une Viennoise rencontrée à Genève pendant unesession de la Société des nations.
Il a près de soixante ans, elle en a trente-quatre.
Même après Pearl-Harbor, quand l'espoir flambe de nouveau dans le coeur de Rhee, c'est en vain que le vieux patriote essayed'obtenir des Etats-Unis un soutien actif.
Il a établi à Washington un bureau de propagande qu'il appelle la " Commissioncoréenne " et cherche à négocier la création d'un " gouvernement en exil " coréen, auquel serait accordée la reconnaissancediplomatique.
Mais c'est en vain qu'il continue à faire antichambre.
Faire antichambre: à cela s'est résumée jusqu'ici sa carrière.N'est-ce pas pour avoir sa revanche après avoir été si longtemps éconduit et humilié que Syngman Rhee traitera si durement, à lafin de sa vie, ses alliés américains ?
L'heure même de son triomphe est d'ailleurs marquée par la plus cruelle frustration.
Le Japon est vaincu, la Corée va être libre,mais quand, par les soins de MacArthur, Syngman Rhee arrive à Séoul par avion, venant d'Amérique, c'est pour trouver uneCorée coupée en deux, et doublement occupée, par les Russes au nord et les Américains au sud.
La plus grande confusion règne par surcroît dans le pays où les nouveaux partis démocratiques se comptent à la douzaine.Syngman Rhee va faire entrer tout cela dans l'ordre.
Mais son pouvoir personnel s'établira peu à peu sur deux forces : la police etses espions, la jeunesse militarisée et ses matraques.
En lui se réveille l'atavisme asiatique des Ri qui régnèrent sur l'ancienneCorée, bien plus que les idées neuves du jeune Syngman, qui, à vingt ans, prêchait la démocratie.
Plusieurs de ses concurrents ou de ses adversaires politiques périssent assassinés ou disparaissent: nous sommes bien en Asie.
D'autres fuient en zone communiste.
En 1948 ont lieu des élections générales dans le Sud.
Ce n'est que par une extrêmeindulgence et pour des raisons d'opportunité politique qu'une commission de l'ONU qui les surveille les déclare libres etrégulières.
De grands abus ont été commis en fait par les matraqueurs de Rhee.
Celui-ci est nommé premier président del'Assemblée nationale, qui proclame, le 15 août, la République de Corée.
Rhee se considère le président de toute la Corée.
Et quand le Nord communiste se renforce de façon menaçante, Rhee, avecun bluff asiatique typique, crie qu'il va partir lui-même à la conquête vers le Yalou.
C'est le Nord qui attaque, le 25 juin 1950.L'armée du Sud vole en morceaux.
Les Américains viennent à son secours, mais la tragique destruction de la Corée estcommencée.
Le beau rêve de Rhee, celui d'une Corée libérée et une, tourne au plus affreux cauchemar..
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