Silvio Berlusconi, mégalomane ressuscité
Publié le 17/01/2022
Extrait du document
«
Le parti du leader socialiste et la Démocratie chrétienne sont pratiquement anéantis par le scandale « Mani pulite » (Mainspropres).
Il y a un énorme vide politique à combler.
En homme astucieux qu'il est, Silvio Berlusconi saisit l'opportunité.
Enquelques jours, Forza Italia, sa formation, est lancée à partir de rien.
Une construction artificielle, sans racines, sans identité, unparti-plastique pour mettre en mouvement ce qu'il appelle le « nouveau miracle italien », dont le premier objectif est la créationd'un million d'emplois.
Le slogan fera par la suite l'objet de maints sarcasmes.
LA belle aventure s'achève piteusement.
Le 22 novembre, alors qu'il préside le sommet de l'ONU sur le crime organisé, àNaples, la presse annonce que le parquet de Milan a ouvert une information pour corruption à son encontre.
Un fait sansprécédent pour un chef de gouvernement en exercice.
Ce sera le début d'un long calvaire judiciaire, qui est loin d'être terminé.
Enpremière instance, Silvio Berlusconi a été condamné, au total, à six ans et cinq mois d'emprisonnement pour trois dossiers.Depuis, il a bénéficié en appel soit de relaxes, soit de mesures de prescription en raison de la lenteur du processus judiciairesavamment entretenue par des artifices de procédure.
Restent malgré tout encore trois gros boulets attachés aux basques duprochain président du conseil : un dossier sur la falsification de bilan du groupe Fininvest, une affaire de corruption de magistratspour l'achat de la société SME et un procès pour falsification de bilan dans le cadre de l'acquisition d'un joueur de football.
Restent aussi une procédure d'appel à propos du rachat des éditions Mondadori favorisé, là encore, selon l'accusation, par lacorruption de magistrats et l'enquête pour fraude fiscale du juge espagnol Baltasar Garzon à propos de Telecinco.
La Fininvestest soupçonnée d'avoir mis sur pied une double comptabilité grâce à la création de soixante- quatre sociétés offshore permettantde créer une caisse noire de 1 500 milliards de lires (plus de 774 millions d'euros) et de contourner la réglementationcommerciale, fiscale et anti-trust pour Telecinco.
Corruption de magistrats, de policiers, fraude fiscale, financement illicite de partis politiques, abus de biens sociaux et faux enécriture : tout n'est, aux dires de Silvio Berlusconi, que le fruit d'un complot ourdi par les juges rouges à la solde d'un pouvoirmanipulé par les communistes.
Il se pose en victime et en persécuté affirmant qu'il a reçu quatre cent cinquante visites de laguardia di finanza (police économique) et que ses incriminations totalisent presque mille audiences.
« Je fêterai le chiffre pourprouver que j'ai survécu » , fanfaronne-t-il en assurant que cet acharnement judiciaire n'a contribué qu'à lui apporter de lasympathie et des votes.
Ce qui n'a pas empêché celui qui se définit comme « un croisé de la liberté » de critiquer violemment lamagistrature comme aucun homme politique en Europe ne se serait permis de le faire.
Cette attitude frondeuse et offensante a étédénoncée, d'autant qu'il a promis, de retour au pouvoir, de donner la faculté au Parlement d'établir chaque année la priorité desdélits à réprimer.
Ce qui subordonnerait le pouvoir judiciaire au pouvoir politique.
Toujours sûr de son bon droit, torturant au gré de ses intérêts la vérité, fidèle au principe « avec moi ou contre moi », habilemanipulateur, ce padrone s'est vu prêter bien des péchés qu'il n'avait sans doute pas commis.
Il n'empêche que les origines de safortune restent mystérieuses.
L'histoire de l'irrésistible ascension de ce fils d'employé de banque aurait pu être édifiante s'il n'yavait quelques gros points d'interrogation.
A priori, il s'agit presque d'un conte de fées.
Né à Milan, le 29 septembre 1936, cetenfant ambitieux et audacieux surnommé Mandrake aidait ses camarades de classe à faire leurs devoirs en échange de bonbonsou de pièces de monnaie, de préférence.
Représentant d'aspirateurs, photographe de mariages et d'enterrements ou animateursur des croisières au cours desquelles il pousse la chansonnette pour se faire son argent de poche à l'université, il deviendra,comme son père, employé de banque après sa licence de droit obtenue en 1961.
Son sens aigu des affaires se développe rapidement.
Les montages financiers et l'entrelacs des sociétés deviennent vite uneroutine.
Il a choisi son terrain de prédilection en cette période de miracle économique : l'immobilier, et notamment Milan 2, unnouveau quartier, véritable rampe de lancement de ce bateleur qui n'a pas son pareil pour vendre des appartements.
Puis levendeur se fait entrepreneur et développe ses activités tous azimuts sans que l'on sache d'où provient l'argent qui lui permet cettecourse effrénée vers la fortune, sinon de Suisse et sans doute de fonds recyclés de la mafia, bien que ce n'ait jamais été établiformellement.
Dans un rapport rédigé par les experts de la banque d'Italie pour le parquet de Palerme, il est précisé qu'entre1977 et 1985, au moins 200 milliards de lires (103 millions d'euros) ont transité sur les comptes des vingt-deux sociétés de laholding Italiana (propriété de Berlusconi), selon des parcours tortueux à tel point qu'il n'a pas été possible de déterminer laprovenance de 114 milliards de lires (60 millions d'euros).
POUR construire un empire audiovisuel, il faut beaucoup d'argent et de solides appuis politiques.
« Des miracles sans trimer, iln'y a que l'Eglise qui en fasse », souligne ironiquement Gianni Agnelli.
« Sua Emittenza » a en effet le bras de plus en plus long.Inscrit à la loge maçonnique P.2, il trouve l'argent au moyen de montages financiers dont la banque d'Italie n'a toujours pas pudémontrer les tenants et les aboutissants, et grâce à l'appui de Bettino Craxi, qui lui donne les autorisations nécessaires.
Silvio Berlusconi saura le remercier en versant 23 milliards de lires (11,5 millions d'euros) sur des comptes offshore.
« IlCavaliere » a toujours vu les choses en grand et contourne allégrement la loi par des prête-noms et la répartition de ses sociétés.
»
↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓
Liens utiles
- Berlusconi, Silvio - biographie.
- Berlusconi Silvio
- 1994: Le magnat des médias Silvio Berlusconi arrive au pouvoir en Italie
- Berlusconi, Silvio
- 1994 Silvio Berlusconi fête son élection le 29 mars 1994 (Photographie)