Devoir de Philosophie

Silva, Luis Inacio Lula da

Publié le 07/04/2013

Extrait du document

1 PRÉSENTATION

Silva, Luis Inacio Lula da (1945- ), dit « Lula «, ancien dirigeant syndical, chef historique du Parti des travailleurs (PT), élu président du Brésil en 2002 et réélu en 2006.

2 UN ENFANT PAUVRE DU NORDESTE

Né à Garanhuns (État du Pernambouc), Luis Inacio da Silva est issu d’une famille nombreuse de petits agriculteurs. Il a 7 ans quand sa famille quitte la sécheresse et la misère du Nordeste pour émigrer dans la ville portuaire de Santos, dans la région de São Paulo. Il contribue au maigre revenu familial en travaillant comme cireur de chaussures ou vendeur ambulant. À l’âge de 10 ans, il commence à fréquenter l’école primaire puis, à partir de 1958, il travaille dans une fabrique de boulons tout en suivant un apprentissage de tourneur mécanique.

3 ASCENSION D’UN LEADER SYNDICAL CHARISMATIQUE

Sensibilisé à la question de l’augmentation des salaires, Luis Inacio da Silva s’implique dans l’action syndicale à partir de 1967. Il s’y distingue rapidement par sa verve et ses talents de négociateur. En 1975, il est élu président du syndicat des métallurgistes de São Bernardo, l’une des trois villes qui, avec Santo André et São Caetano, forme la grande banlieue industrielle de la capitale (le triangle « ABC «). Leader charismatique, il acquiert une renommée nationale en menant entre 1978 et 1980 plusieurs grèves historiques, qui paralysent l’industrie automobile brésilienne. Emprisonné à plusieurs reprises, il devient une figure du combat syndical et démocratique.

Ces mouvements de grève permettent d’éveiller la conscience syndicale des ouvriers et de révéler le pouvoir des grandes mobilisations de masse, même s’ils se heurtent à la répression du régime militaire en place.

4 DIFFICILE PERCÉE DANS LE CHAMP POLITIQUE
4.1 Fondation du Parti des travailleurs (PT)

Convaincu de la nécessité de porter la défense de la classe ouvrière dans le champ politique, Luis Inacio da Silva participe en 1980 à la fondation du Parti des travailleurs (Partido dos trabalhores, PT). En quelques années, la nouvelle formation, dont il est le président de 1980 à 1987, puis le président d’honneur, devient le premier parti de la gauche brésilienne. Élargissant sa base politique grâce à l’adhésion de nombreux artistes et intellectuels, le PT rassemble aussi nombre de militants de l’aile progressiste de l’Église catholique, des milliers de paysans de la région du Nordeste, de chômeurs des villes et de seringueiros, ces cueilleurs de latex de la forêt amazonienne, dont le leader, Chico Mendes, assassiné en 1988, était un député du Parti des travailleurs.

4.2 Trois tentatives électorales infructueuses

En 1982, le PT désigne Luis Inacio da Silva comme candidat au poste de gouverneur de São Paulo — pour des raisons électorales, le surnom « Lula « est alors officiellement accolé à son patronyme, pratique courante au Brésil, notamment chez les hommes politiques. Battu, il bénéficie toutefois d’un score honorable et, en 1986, après la chute de la dictature militaire (1965-1984) et le retour au pouvoir civil, il accède au poste de député fédéral de l’Assemblée nationale constituante. En 1989, il se présente à la première élection présidentielle au suffrage universel depuis 1960. Alors qu’une vingtaine de candidats sont en lice, il parvient au deuxième tour avec un programme socialiste, et n’est battu que sur le fil par le candidat de la droite Fernando Collor de Mello, promoteur d’un plan de réformes radical destiné à réduire l’inflation.

En 1994, alors que le président Fernando Collor de Mello a été destitué pour corruption dès 1992, Lula domine la campagne présidentielle contre Fernando Henrique Cardoso, ministre des Finances de 1993 à 1994. En dépit des efforts entrepris pour modérer son discours anticapitaliste et conquérir les voix des milieux économiques, le leader du PT se laisse progressivement distancer par le candidat du Parti social-démocrate brésilien (PSDB), pour être finalement largement battu. De nouveau candidat à l’élection présidentielle de 1998, il obtient moins de 32 p. 100 des suffrages au deuxième tour, contre près de 54 p. 100 pour le président sortant.

5 LE PRÉSIDENT DU BRÉSIL
5.1 Un recentrage préalable

La crise induite au sein du PT par cette dernière défaite entraîne un recentrage du parti. La tendance modérée, menée par Lula et par José Dirceu, son successeur à la direction du PT, prend progressivement le pas sur les courants radicaux. C’est avec un programme de gouvernement dénué de toute référence au socialisme que le candidat Lula se présente au suffrage des électeurs pour le scrutin présidentiel d’octobre 2002. Afin de recueillir les voix des nouvelles classes moyennes, l’ancien syndicaliste s’allie à José Alencar, gros industriel du textile, membre d’un petit parti de droite, le Parti libéral. Si ce recentrage et ces alliances ne sont pas sans créer des dissensions au sein du PT, Lula parvient à fédérer autour de sa personne les différents courants du parti et à sauvegarder son unité. Elles lui permettent aussi de rallier à son programme la majorité des Brésiliens.

5.2 Premier mandat (2002-2006)

Le 27 octobre 2002, Lula est élu président du Brésil avec 61,3 p. 100 des suffrages contre 38,7 p. 100 pour le sénateur José Serra, candidat du PSDB, dauphin du président sortant Fernando Henrique Cardoso.

Cette victoire, celle d’un premier président de gauche au Brésil, suscite un grand espoir de changement au sein de la population. La tâche du nouveau président est cependant immense, compte tenu de la situation économique, sociale et financière dans laquelle se trouve le pays (hausse du chômage liée au ralentissement de l’économie, pauvreté endémique, dette publique galopante). Pour tenir ses promesses électorales, il lui faut à la fois mener une politique de stabilité économique (austérité budgétaire, maîtrise de l’inflation, respect des engagements internationaux) afin de satisfaire les milieux financiers, et répondre aux attentes sociales de la population.

Pour réaliser cet équilibre, Lula propose un « pacte social « visant à réunir tous les acteurs de la société et à aboutir à un consensus sur les réformes à mener. Au premier rang de ces réformes, il place la réforme fiscale, cruciale pour parvenir à une meilleure redistribution des richesses dans le pays le plus inégalitaire du monde, et la réforme agraire, qui doit mettre fin au conflit entre paysans et grands propriétaires terriens. Le combat contre la faim constitue la priorité de sa première année de mandat. Le 1er janvier 2002, jour de son investiture, il déclare : « Si à la fin de mon mandat, tous les Brésiliens ont la possibilité de manger le matin, le midi et le soir, j’aurais accompli la mission de ma vie «.

La première année du mandat de Lula suscite le scepticisme alors que l’économie brésilienne est affectée par la récession. Mais, après avoir gagné la confiance des milieux financiers en adoptant une gestion rigoureuse et en privilégiant la réduction de la dette, et une fois les objectifs fixés par le FMI atteints, le nouveau président bénéficie d’une marge de manœuvre plus grande pour appliquer son programme, alors que le Brésil connaît en 2004 sa plus forte croissance depuis dix ans (5,4 p. 100). Parallèlement au programme « Faim zéro « est mise en place avec succès la « bourse famille «, distribuée à 11 millions de foyers, pour aider les parents à scolariser leurs enfants. Le salaire minimum est augmenté de 25 p. 100 en quatre ans, la réforme agraire est lancée (260 000 paysans en bénéficient sur les 400 000 attendus). Grâce à ses mesures, Lula réussit à faire reculer la pauvreté et sa popularité reste en grande partie intacte. Sur le plan international, il mène une politique extérieure en rupture avec celle de ses prédécesseurs, privilégiant notamment le Mercosur et les alliances Sud-Sud à la Zone de libre échange des Amériques (ZLEA) et aux relations avec les États-Unis. Il apparaît ainsi comme le chef de file des pays du Sud, réunis au sein du G20 lors des négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et parvient à imposer le Brésil comme un acteur global, candidat à un siège permanent au sein du Conseil de sécurité de l’ONU.

5.3 Second mandat (2006- )

Contre toute attente, Luis Inacio Lula da Silva n’est pas réélu dès le premier tour de scrutin, le 1er octobre 2006, où il obtient 48,61 p. 100 des voix, face à l’ancien gouverneur de São Paulo, Geraldo Alckmin, qui obtient 41,64 p. 100 des voix. Affecté au premier tour par un certain nombre de scandales de corruption ayant touché le PT, il défend son bilan de manière convaincante entre les deux tours et il est finalement réélu le 29 octobre 2006 avec 60,83 p. 100 de suffrages. Gagnant 12 millions de voix supplémentaires au second tour, il est réélu avec 58,23 millions de votes contre 52,8 millions en 2002. Il s’engage à donner « la préférence aux pauvres «, tout en maintenant la rigueur fiscale, et souhaite réformer le système politique afin d’éviter de nouveaux scandales de corruption.

Microsoft ® Encarta ® 2009. © 1993-2008 Microsoft Corporation. Tous droits réservés.

Liens utiles