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Sieyès, Emmanuel Joseph

Publié le 18/02/2013

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1   PRÉSENTATION

Sieyès, Emmanuel Joseph (1748-1836), homme politique et révolutionnaire, théoricien de la Révolution française.

2   UN THÉORICIEN DE LA RÉVOLUTION

Né à Fréjus, Emmanuel Joseph Sieyès rejoint les ordres malgré une vocation peu prononcée. Aussi le vicaire général de Chartres (1787) se lance-t-il en politique en publiant Essai sur les privilèges (1788) et surtout Qu’est-ce que le tiers état ? (1789), un des textes fondateurs de la Révolution. Cet opus le rend populaire et en fait un des premiers théoriciens de la Révolution. Il y met en avant le principe de la justice sociale pour le peuple ; critiquant la hiérarchie sociale traditionnelle, il veut trouver un « ordre réel « susceptible d’unifier les volontés de la nation autour d’un projet commun de gouvernement et de régime.

Après avoir été élu député de Paris pour le tiers état aux États généraux — dont il propose de changer le nom en Assemblée nationale —, il rédige le serment du Jeu de paume (20 juin 1789), jette les bases de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, et est à l’origine de la création des départements français.

3   UNE PRÉOCCUPATION : PRÉSERVER L’ACQUIS RÉVOLUTIONNAIRE

Sieyès est un stratège, préoccupé avant tout de préserver l’acquis révolutionnaire et se méfiant d’appartenir indéfectiblement à une faction. Ainsi, en tant que membre fondateur du club des Jacobins, il se déclare pour la Constitution civile du clergé, mais il refuse sa nomination comme évêque constitutionnel. De même, bien qu’il vote la mort de Louis XVI après son élection à la Convention (septembre 1792), il reste partisan d’une monarchie constitutionnelle, s’opposant donc à la république ; c’est sans doute la raison pour laquelle Robespierre l’accuse d’être « la Taupe de la Révolution «.

Du reste, après la mort de Robespierre et la fin de la Terreur, Sieyès siège au Conseil des Cinq-Cents et y défend à son tour une politique de répression contre les émeutiers opposés au régime, tout en réalisant la paix avec la Hollande. Envoyé comme ambassadeur à Berlin (1798), il revient en France et entre au Directoire en mai 1799.

4   LA MISE À L’ÉCART DU POUVOIR

Puis, dans l’espoir de conserver les acquis de la Révolution, Sieyès appelle à un net renforcement de l’exécutif et s’allie à Bonaparte, devenant ainsi l’un des instigateurs du coup d’État du 18 Brumaire. Par une singulière ironie de l’histoire, l’homme dont les écrits ont participé à la naissance de la Révolution joue donc un rôle clé dans son agonie ; or celle-ci marque également la fin de sa carrière.

Quoique nommé consul provisoire avec la charge d’élaborer la Constitution de l’an VIII — que Bonaparte remanie en sa faveur — et comblé d’honneurs (grand officier de la Légion d’honneur en 1804 et comte d’Empire en 1808), il est rapidement mis à l’écart du pouvoir et ne siège plus qu’épisodiquement à la Chambre : durant les Cent-Jours à la fin de l’Empire.

Après la Restauration, Sieyès est proscrit pour avoir voté la mort de Louis XVI. Le régicide s’exile alors à Bruxelles. Il rentre en France en 1830 et meurt six ans plus tard à Paris.

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